Le blond arriva devant la porte, essoufflé. Il frappa et entra.
- Deidara, lança le professeur en le regardant par dessus ses lunettes. Encore en retard.
- Désolé, m'sieur, j'étais....
- Pas besoin, je me fiche de ton énième excuse. Tu es passé à la vie scolaire ?
- Oui...
- Alors assis toi et tais toi.
Deidara avança jusqu'au fond de la salle, où il s'assit près de Sasori, qui était en train de dessiner sur son cahier, le menton maintenu dans sa paume et le coude sur la table. Il fit la moue, si lui faisait cela en classe, il serait renvoyé. Mais pas Sasori, il semblait invisible aux yeux des enseignants. Éternellement silencieux, avec de bons résultats. La seule chose qui lui était reprochée par le personnel éducatif était son manque de participation, mais le lycéen n'en avait rien à faire. Le cours s'enchaîna, et le blond soupira, mourant d'ennui. Quand il ne resta que trente minutes avant la fin de la séance, l'enseignant posa son regard sur le fond de la salle, en particulier sur un élève.
- Sasori, dit-il, tu as préparé ton exposé ? C'est à ton tour de passer aujourd'hui.
Le garçon aux cheveux rouges hocha la tête, avant de saisir une feuille et une clé USB sur son bureau. Il se leva, traversa la salle pour venir au tableau. La contrariété se lisait sur son visage, mais il restait calme et neutre. Le professeur s'installa dans un coin, avec un carnet et un stylo, lui laissant la place. Sasori se pencha sur l'ordinateur pour mettre sa clé, puis il afficha l'écran sur le tableau pour y dévoiler son diaporama. Prenant place près du tableau, il commença à parler. Deidara se sentit aussitôt concentré. Son ami n'était pas très loquace, mais quand il parlait, il captivait l'attention. Sa voix, déjà si grave pour son âge, posée et froide, expliquait les choses avec clarté. Il se tenait avec nonchalance, pas gêné par la situation ni par les gens, rien dans son langage corporel n'exprimait la moindre émotion ou la moindre faille. Il ne bégayait pas, n'avait pas besoin de se reprendre, et balayait la salle du regard avec ennui tout en parlant. Sa fiche de notes, qu'il tenait dans sa main, était parfaitement inutile. Il ne bougeait que lorsqu'il fallait changer de diaporama. Quand il se tut, le silence reprit place dans la salle ce classe. L'enseignant approuva l'exposé d'un hochement de tête.
- C'était vraiment très intéressant. C'est de l'excellent travail.
Puis il se leva pour faire face au lycéen qui dut lever la tête puisqu'il était vraiment petit contrairement aux adolescents de son âge.
- Sasori, c'est vraiment dommage que tu ne participes pas davantage en cours. Tu es un bon élève, tes réflexions sont pertinentes et tu t'exprimes avec une grande aisance en plus d'avoir une bonne prestance devant un public. Je pensais que ton silence venait de ta timidité, mais tu ne sembles pas l'être. J'aimerais te voir participer plus souvent, et pas uniquement sur les exercices obligatoires.
Le garçon vrilla ses iris ambrés dans ceux, verts, de l'adulte. Celui ci se sentit happé par son regard intense si particulier. Jamais il n'avait eu d'interlocuteur aussi charismatique, et pourtant, il avait des années d'enseignement derrière lui.
- Tout le monde n'aime pas être au centre de l'attention ou s'exprimer publiquement. Je vous serai reconnaissant de ne pas me forcer plus que nécessaire à faire ce que je n'aime pas. Je travaille pour moi, cela me suffit amplement.
Sans accorder une seconde de plus au professeur qui était bouche bée de sa tirade glaciale, il retourna à sa place.
**********
Deidara sourit. La réaction de l'enseignant ce jour là l'avait beaucoup amusé. Cela datait pourtant déjà depuis plusieurs années, mais c'était toujours un bon souvenir dans son esprit. Il ouvrit la porte de l'appartement sans faire de bruits, au cas où son colocataire serait en train de dormir. Mais quand il arriva dans le salon, l'étudiant aux cheveux rouges était installé à son bureau, en train de travailler de nouvelles pièces en bois.
- Mais qu'est ce que tu piges pas dans « convalescence et repos » espèce d'abruti ! hurla le blond avec colère.
Sasori se retourna, le regard impassible.
- Je m'ennuyais.
- Et ben regarde une série. Viens là que je vérifie que t'as pas ouvert tes points de suture.
- Non mais c'est bon, pas besoin de jouer l'infirmier non plus.
- Ta gueule et viens.
Il soupira avant d'obtempérer. Deidara le fit asseoir sur le canapé avant de soulever son t-shirt pour le lui enlever. Il approcha ensuite son visage de chaque plaie pour consulter l'état de ses blessures, passant légèrement ses doigts dessus pour être sûr que les fils tenaient correctement. Ses gestes firent frissonner le blessé, qui ne prononça pas un mot.
- T'as de la chance que le travail ait été fait par Kakuzu, quelque chose de moins solide aurait cédé avec tes conneries.
- N'abuse pas non plus.
Sasori fixait le mur en grommelant. Agacé, le blond lui saisit le visage d'une main pour le forcer à le regarder.
- Ta tendance à l'autodestruction commence à me taper sérieusement sur le système. T'as vraiment aucun instinct de survie putain. T'as été torturé pendant des semaines, et t'étais à deux doigts de nous claquer entre les pattes je te rappelle. Alors tu obéis quand je te dis de te reposer, sinon je t'attache à ton lit dès que je sors. C'est bien clair ?
Surprendre le jeune homme était rare, pour ne pas dire impossible, tellement il contrôlait ses expressions. Mais là, il écarquilla les yeux, ne s'attendant pas à une telle assurance de la part de l'artiste aux cheveux longs. Ni à une telle menace. Le blond n'était pas particulièrement autoritaire en général, il s'occupait de lui et se fichait des autres. Mais quand il s'agissait de Sasori, et plus encore depuis qu'il était revenu de l'autre côté dans un état grave, il avait pris beaucoup de confiance, et si le marionnettiste ne s'était jamais soumis à qui que ce soit, il était étrangement docile quand son acolyte explosait et lui imposait quelque chose. Il soupira.
- Je vais faire attention.
Deidara relâcha son visage, l'air toujours sévère.
- Tu dis toujours ça, mais tu recommences dès que j'ai le dos tourné. Enfin bref, j'ai acheté une crème à la pharmacie qui aide à la cicatrisation. Va t'allonger sur ton lit, je vais essayer sur les plaies de ton dos. Et sur le reste aussi, alors désape toi.
- Je vais commencer à croire que tu profites de mon état pour me voir à poil, glissa l'autre pour le taquiner en allant dans sa chambre.
- Arrête de dire des conneries, répliqua aussitôt le blond, les joues rouges.
Quand il le rejoignit dans la pièce, Sasori était allongé sur le ventre, en caleçon, et il put voir les nombreuses blessures sur son corps. Un nouveau sentiment de culpabilité l'envahit. Il s'assit près de lui sur le lit et posa sa main sur la ligne rouge, vestige de la lame qui l'avait traversé de part en part. Le seul point positif était que grâce aux soins des shinobis, les plaies étaient plus belles que s'il était allé à l'hôpital, le chakra étant plus efficace. Il appliqua le produit sur sa peau et commença à le masser pour l'étaler sur toutes les blessures. Ses paumes glissaient lentement sur ses épaules, sa nuque, puis le long de sa colonne avant de dériver sur ses hanches. Il posa ensuite ses mains sur ses jambes et fit les mêmes mouvements. Le soupir d'apaisement de Sasori fut presque imperceptible, et Deidara comprit qu'il muselait encore ce qu'il ressentait, tout comme la douleur qu'il devait ressentir à chaque instant depuis son retour. Quelques minutes après, il le fit se retourner sur le dos et mit de la crème sur son torse, où les attaques avaient été bien plus violentes. Le blond fut preuve de précaution en passant le produit sur ses pectoraux, puis ses abdominaux, évitant le regard de Sasori, embarrassé tout de même par ces contacts, bien que médicaux. Lorsqu'il appliqua le gel sur les cuisses de son acolyte, ce dernier ne put s'empêcher de frémir, et l'artiste se figea soudainement.
- Pardon, je t'ai fait mal ?
- Non... souffla Sasori de façon presque inaudible. Au contraire... C'est étrangement agréable...
Étonné, il tourna la tête pour le regarder, mais cette fois, c'est l'étudiant taciturne qui détournait le regard, fixant le mur. Deidara ne sut comment réagir, voilà qui était bien différent de son comportement habituel.
VOUS LISEZ
Fanfiction Naruto - Akatsuki
FanfictionDe simples étudiants. Vraiment ? Réunis dans la vie réelle par leurs études et leurs vies sociales. Réunis ailleurs par leur désir d'amener la paix par la domination totale. Et si le monde faisait face à de jeunes adultes emplis de rêves et d'ambiti...