Sasori se tut enfin, et il observa les différents visages qui lui faisaient face, analysant leur langage corporel. Deidara et lui avaient été convoqués le même jour pour passer leurs oraux durant les quelques jours qui précédaient les vacances de Noël, auprès d'un jury constitué de professeurs en arts appliqués. Mais lui était passé un peu plus tôt que le blond. Il avait parlé pendant une vingtaine de minutes, la durée attendue pour cette épreuve, d'une voix calme et grave, comme à son habitude. Le marionnettiste n'avait jamais ressenti le moindre stress dans ses études, il savait toujours de quoi il parlait, il était non seulement intelligent, mais aussi pertinent dans ses réflexions, et très adroit. Le cursus d'étudiant en arts était pour lui une véritable plaisanterie, et c'est pourquoi toutes ses absences ne lui avaient jamais porté préjudice. Ce qu'il voyait confirmait tout cela. Les membres du jury étaient plus que satisfaits de sa prestation, ils souriaient sincèrement, se chuchotaient des éloges à l'égard du jeune homme, et leurs iris brillaient de contentement.
- Monsieur Redsands, commença alors l'homme qui présidait le groupe, merci beaucoup pour votre présentation. C'était très intéressant à suivre, et vous êtes véritablement très doué dans votre travail. C'est une chance de vous compter dans notre établissement. Passez une excellente journée.
Sasori inclina la tête pour le remercier, et il sortit simplement. Il longea le couloir, se dirigeant vers la salle dans lequel son acolyte devait encore être en train de passer. Quand il approcha de la pièce, il entendit des cris qui venaient de derrière la porte, et qui visiblement inquiétaient l'étudiante qui attendait son tour. Plusieurs voix perçaient l'isolation des murs, mais celle qui était la plus audible était facile à reconnaître, c'était celle de Deidara. Sasori eut un léger rire, son colocataire était incorrigible. Il avait réussi à s'énerver en pleine épreuve, probablement suite à un désaccord avec les membres du jury qui jugeaient sa présentation. Ce n'était pas surprenant, le blond n'était pas quelqu'un qui permettait qu'on jauge ses productions, il était fier, et personne n'avait le droit de critiquer ses œuvres, qu'il estimait irréprochables en tous points. La porte s'ouvrit brutalement, et l'étudiant aux cheveux longs sortit avant de la faire violemment claquer. Il avait l'air furieux. Toujours un sourire aux lèvres, Sasori s'avança pour se placer dans son champ de vision, et aussitôt, l'expression de son acolyte s'apaisa, bien qu'il restât contrarié.
- Et bien, je vois que tu as encore su te faire remarquer avec brio, susurra le marionnettiste d'un ton taquin.
Deidara souffla bruyamment.
- Ils sont tous complètement cons ici ! rugit-il. Une bande de vieux snobs bourgeois et élitistes qui pensent tout connaître de l'art alors que ce sont que des pignoufs !
- Je crois qu'ils peuvent t'entendre Dei, ta voix a tendance à porter au delà des murs.
- Je m'en fous ! Qu'ils se mettent leurs critiques où je pense ! J'ai pas besoin de leur aval pour être artiste !
Le sourire de Sasori s'élargit, dévoilant un peu plus sa dentition immaculée. La vision d'une telle expression était si rare, et cela illuminait tellement son visage, accentuant sa beauté angélique, que le blond s'apaisa aussitôt. Il plongea dans les iris ambrés de son ami, et il se sentit fondre sous son regard intense et si brûlant. Le marionnettiste le fixa silencieusement pendant un moment.
- Tu es calmé, c'est bon ? murmura-t-il doucereusement.
Deidara hocha la tête sans répondre. Sasori reprit.
- Tu n'as pas raté ton oral Dei. Ils ont vu que tu étais assuré, que tu savais ce que tu faisais et pourquoi tu le faisais, qu'importe leur avis personnel sur ton travail, ces points comptent pour le barème. D'autant plus que ce que tu présentes est de qualité. Tu auras la moyenne, rassure toi.
- Tu en es sûr ?
- Certain. Allez viens, rentrons.
- Merci Saso... T'es le meilleur.
**********
L'homme se passa une main dans les cheveux avant de soupirer avec lassitude. La situation était compliquée. Il avait pourtant cru que cela s'arrangerait quand ses troupes avaient ramené Sasori, l'un des membres les plus importants de l'Akatsuki. Mais le criminel avait fini par s'échapper avec l'aide des siens, causant beaucoup de dégâts dans son avant poste, et il n'avait même pas parlé avant. Il était de nouveau au point zéro. Les autres nations étaient furieuses, Suna avait voulu gérer la captivité du prisonnier sans leur intervention, et ce dernier avait pu s'enfuir, alors que tous les pays comptaient sur les informations que Sasori aurait pu délivrer. Et c'était sa faute, il était le responsable de ce désastre en tant que dirigeant du pays du vent. Son échec avait impacté le monde entier, et les autres kages ne s'étaient pas gênés pour le lui rappeler. La main du Kazekage sortit de ses cheveux noirs pour glisser sur son visage. Il se sentait acculé. L'Akatsuki causait de lourds dommages dans chacune des nations, ils détruisaient, tuaient, et menaçaient les institutions gouvernementales, et il n'avait rien, aucun moyen de les arrêter, aucun indice pour les trouver. C'est comme si l'organisation n'apparaissait que pour commettre leurs crimes, avant de s'évaporer. Mais c'était impossible. Leurs repères étaient simplement trop bien cachés. Le Kazekage soupira, en plusieurs années en tant que chef, jamais il n'avait été confronté à un tel ennemi. Habituellement, il inspirait suffisamment la peur de par sa puissance, mais ce genre de réputation n'avait aucun effet sur des individus comme les membres de l'Akatsuki. Il avait attentivement lu les rapports d'interrogatoire de Sasori, il avait été effaré des réactions du prisonnier face à la torture. Si toute l'organisation était composée de personnes similaires, les grandes nations ninjas avaient beaucoup de souci à se faire. L'homme se leva de son bureau, il n'en pouvait plus de réfléchir à une situation sans issues. Il n'avait pas assez d'informations pour prendre une quelconque décision, et rester assis pendant des heures à essayer de trouver une solution miraculeuse ne faisait que lui donner une migraine assourdissante. Il traversa la pièce, il avait besoin de se reposer un moment, d'autant plus que la journée avait été longue, et que le soleil s'était déjà couché depuis plusieurs heures. Il posa la main sur la poignée et se figea soudainement, quand une voix glaciale retentit dans son dos.
- Cette longue réflexion a l'air terriblement difficile.
Le Kazekage se retourna brusquement, et ses yeux s'écarquillèrent quand il découvrit le propriétaire de cette voix si froide et si insolente. Un jeune homme était assis avec nonchalance sur le rebord d'une fenêtre qui n'aurait pas du être ouverte. Le manteau long, noir, aux motifs de nuages rouges cernés de blanc, dont le col se balançait doucement, tout comme ses mèches de cheveux d'un rouge écarlate, au rythme du vent frais de la nuit. Derrière lui, la lune brillait, éclairant sa silhouette svelte qui paraissait pourtant si menaçante. Le jeune intrus avait un visage si doux, si fin, il aurait pu ressembler à un ange si ses yeux couleur de l'ambre n'avaient pas été si intenses, si inquiétants, et si son sourire, éblouissant et dévoilant sa dentition immaculée, n'avait pas paru si amusé au point d'en être effrayant. Le Kazekage ne mit qu'une seconde à reconnaître le portait qu'il avait vu de si nombreuses fois dans le bingo book. Sasori, membre de l'Akatsuki.
VOUS LISEZ
Fanfiction Naruto - Akatsuki
FanfictionDe simples étudiants. Vraiment ? Réunis dans la vie réelle par leurs études et leurs vies sociales. Réunis ailleurs par leur désir d'amener la paix par la domination totale. Et si le monde faisait face à de jeunes adultes emplis de rêves et d'ambiti...