Chapitre 55 : Renvoyé

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Deidara soupira.
- Il reste combien de temps ? murmura-t-il à sa voisine, Konan.
La jeune femme prenait des notes, elle répondit sans lever les yeux de sa feuille.
- Encore une heure trente.
Le blond soupira une nouvelle fois, puis il se tourna de l'autre côté, vers Sasori, qui fixait devant lui les bras croisés.
- On se fait chier...
Le marionnettiste ne daigna pas le regarder, mais il lança à voix basse.
- C'était ton idée, tu assumes. Mais je trouve ça intéressant pour ma part. Je croyais que tu aimais l'art ?
- Mais j'aime l'art !
Dans l'amphithéâtre, plusieurs étudiants se tournèrent vers lui, et il rougit, honteux d'avoir crié. L'enseignant qui leur faisait face le regarda par dessus ses lunettes.
- C'est bien, commenta-t-il, nous sommes contents pour vous, mais si vous pouviez éviter de m'interrompre, ce serait parfait.
Humilié par la remarque comme par son cri, il se fit petit, et le cours reprit normalement. Après un instant, il posa ses yeux sur son acolyte, irrité.
- J'aime pratiquer, chuchota-t-il la théorie ne m'intéresse pas.
- Certes, mais cela ne change rien au fait que c'est toi qui as voulu venir alors qu'on aurait pu profiter de nos jours de congés.
Deidara souffla, vexé.
- Tu parles, t'aurais travaillé comme d'habitude. Tu sais pas te reposer.
Sasori ne répondit rien, et le blond souffla de nouveau, l'heure sembla durer une éternité, et Konan n'était pas plus divertissante que son acolyte puisqu'elle était concentrée sur le cours, écrivant sur sa feuille consciencieusement. Quand ce fut enfin terminé, les jeunes adultes quittèrent l'amphithéâtre, Konan posa son regard sur Deidara.
- Et bien, c'était une souffrance si terrible ?
- Oui, c'était chiant.
La jeune femme eut un sourire amusé, et elle se tourna vers Sasori qui marchait de l'autre côté, les mains dans les poches.
- Vous en êtes où de cette expérience ? Et comment ça se passe ?
- On a fait la fac de philo hier matin, répondit tranquillement le marionnettiste, avec Pain.
- C'était perché, commenta Deidara, un peu comme en sociologie l'après midi d'ailleurs. Mais je me suis un peu moins ennuyé, Hidan cherchait la merde comme toujours. Je ne sais pas comment il peut s'en sortir avec ses études en étant si déconcentré. Mais du coup c'était chiant quand même, on est vite partis après deux heures.
- Je ne suis pas d'accord, j'ai trouvé la sociologie vraiment intéressante, intervint son colocataire.
Deidara lui jeta un regard de travers.
- Sans blagues, quelle surprise que tu sois captivé par la socio toi, comme si c'était pas un de tes si nombreux domaines de prédilection avec ta manie de manipuler tout ce qui t'entoure.
- Pourquoi est ce que tu as l'air si amer dans ton sarcasme ? lui demanda Konan, intriguée.
Deidara fit la moue.
- Il m'agace, on s'incruste dans des cours, et c'est comme si il avait suivi toute l'année, il comprend, il est pas perdu. limite s'il n'était pas si sauvage, il pourrait participer. C'est frustrant de se sentir idiot quand on fréquente un génie, alors ça me fout sur les nerfs.
- Pauvre chaton, réagit Sasori d'un air mielleux avant de continuer d'avancer vers la ligne de tram.
Le blond lui, s'était arrêté, vexé par la pique. Konan l'attendit, et quand le marionnettiste fut un peu plus éloigné, il siffla.
- Si j'avais pas peur de sa réaction, je lui aurais fait payer sa provocation en l'embarrassant avec des menaces sur ce que je pourrais lui faire en représailles.
- Si tu lui parlais de tes sentiments, je suis certaine que ce genre de menaces fonctionnerait sur lui, il est tellement pudique. Et tu arrives vraiment à le troubler, il le cache, mais j'ai déjà réussi à le remarquer. Qu'est ce que tu attends pour lui parler ?
L'irritation de l'artiste aux cheveux longs redescendit aussitôt. Il regarda la jeune femme, et cette dernière vit ses iris azurs briller sous l'anxiété.
- Je ne veux pas le perdre Konan.
Sa voix avait été étouffée, comme s'il avait une boule dans la gorge. La jeune femme mit sa main sur le bras de son ami, lui signifiant qu'elle comprenait et ce dernier regarda au loin. A quelques dizaines de mètres d'eux, Sasori s'était retourné et les fixait. Deidara reporta son attention sur son interlocutrice.
- Allons y, il ne va pas attendre longtemps, tu le connais.
- Oui.
Ils marchèrent pour rejoindre le marionnettiste.

**********

Assis au fond de la classe, Deidara s'ennuyait toujours. Ils étaient à la fin de la semaine, et le dernier cours qu'ils avaient incrusté était celui de Kakuzu, en école de commerce. Il leur avait été beaucoup plus difficile d'entrer dans le bâtiment, dont l'accès n'était pas ouvert au public comme en faculté, mais ils avaient pu se glisser aux côtés de l'étudiant dans un cours d'une trentaine d'étudiants. La veille, Kisame, Obito et Itachi les avaient accueillis à la fac de Lettres pour suivre quelques heures, et personne ne leur avait rien dit, l'établissement n'étant pas surveillé et les effectifs presque jamais contrôlés. La professeure devant eux parlait depuis une heure et quelques minutes, et Deidara s'ennuyait, comme à chaque fois. Il se tourna vers Kakuzu.
- C'est toujours aussi chiant ? T'as vraiment pas de goût même pour choisir tes études c'est fou.
- C'est toi qui n'as pas de goût, maintenant laisse moi écouter.
- Mais tu parles trop mal ? La vie de ma mère je vais te frapper là.
- Putain mais tu vas pas être aussi chiant qu'Hidan merde ! J'en ai déjà assez de le supporter lui, tu vas pas t'y mettre non plus.
Une voix intervint, plus élevée.
- Monsieur Okane ?
Kakuzu, interpellé, leva la tête vers l'enseignante, qui poursuivit d'un ton hautain.
- Si mon cours et le savoir que je fais la bonne grâce de transmettre dans cette école ne vous intéresse pas, je vous prierais de bien vouloir quitter cette salle. Je ne supporte pas que l'on m'interrompe. Vous n'êtes ni au lycée, ni dans une faculté de basse filière ici.
Kakuzu s'apprêta à répondre, mais un ricanement visiblement mal contenu, retentit près de lui, et tout le monde se tourna vers son origine. Deidara n'avait pas pu s'empêcher de réagir avec hilarité en voyant son ami se faire ainsi réprimander. Il n'était pas courant de voir Kakuzu dans cette situation, pas plus que cela ne l'aurait été pour Sasori, Pain, Konan ou Itachi. Mais ce fou rire ne plut pas à la professeure qui se leva pour mieux dévisager l'insolent.
- Vous là, non seulement mes paroles vous font rire, ce qui est très irrespectueux, mais en plus je ne vous ai jamais vu. Vous n'êtes pas inscrit dans ce cours ?
- Je ne suis même pas inscrit dans cette école, répondit le blond avec impertinence.
La femme sembla choquée.
- Et vous osez l'affirmer avec affront ?! Avez vous conscience que mes cours ne sont destinés qu'à une élite d'étudiants qui font leurs preuves ? Les étrangers ne sont pas admis ici, ils n'ont payé aucun frais de scolarité, il est inacceptable de se présenter ainsi dans une formation aussi sélective, sortez immédiatement de cette salle, je ferais remonter l'accident dans les plus brefs délais, une sécurité doit être installée à l'entrée du bâtiment !
Elle était rouge de colère, complètement scandalisée, et Deidara se leva pour partir, pas le moins du monde gêné de son intrusion. Alors qu'elle allait se reprendre, et enchaîner sur la suite du cours, ayant complètement oublié Kakuzu, un mouvement attira son attention. Près de là où se situait l'impertinent qu'elle venait de renvoyer, un autre jeune homme s'était levé et traversait le fond de salle pour sortir. Elle ne le reconnaissait pas, mais l'avait remarqué plus tôt, il était attentif et silencieux depuis le début de son cours.
- Vous pouvez m'expliquer ce que vous faîtes ? demanda-t-elle, surprise et contrariée.
Les yeux ambrés si intenses de Sasori se posèrent sur elle et elle se sentit sondée, comme si en un regard il avait pu analyser toute sa personne.
- Vous avez été pourtant claire sur le fait que les personnes étrangères à l'école ne pouvaient pas suivre vos cours. Alors je m'en vais.
- Mais... Vous aussi ?
- Oui. Vous l'auriez sûrement remarqué plus tôt et pas après une heure si au lieu de vous focaliser sur votre ego, le prestige de vos paroles ainsi que leur prix, vous vous intéressiez à vos étudiants.
Il quitta la pièce, laissant le groupe dans un long silence pesant. Le marionnettiste posa ses yeux sur le blond qui l'attendait, souriant. Il avait visiblement entendu ce qu'il venait de dire, et en était satisfait. Le jeune homme aux cheveux écarlates avait été cassant, comme à son habitude, mais il était aussi particulièrement de mauvaise humeur à cause de la douleur qui résonnait dans sa tête depuis le début de la journée.
- J'adore quand tu parles comme ça, lui dit son acolyte pendant qu'ils sortaient. Toujours avec calme, classe, politesse, mais c'est tellement violent. Je trouve ça très drôle, c'était bien envoyé.
- Mmmh...
Deidara fronça les sourcils. Son ami semblait distrait, il dissimulait comme toujours ses expressions, mais il remarqua ses sourcils légèrement froncés et sa mâchoire plus serrée qu'à l'ordinaire. Son ami avait mal, mais il n'en parlait pas. Il se demanda s'il avait encore une migraine, comme cela arrivait régulièrement.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant