Le jeune homme était allongé sur son lit dans une posture négligée, à plat ventre sur le matelas, une jambe à moitié en train de tomber sur le côté et un bras croisé sous sa tête, tandis que le second tenait son téléphone pour qu'il puisse scroller facilement sur son écran. Quand son colocataire entra, il tourna la tête vers lui, avant de reporter son attention sur ce qu'il faisait.
- Je peux te parler ? demanda le blond, l'air incertain.
- Mmmh.
Deidara ne sut dire s'il s'agissait d'une réponse positive ou négative. Il s'approcha du lit et s'assit sur le bord.
- Je suis désolé pour la mission.
Sasori posa son téléphone et il replia ses jambes pour laisser plus de place à son ami, se mettant sur le côté pour ne pas lui tourner le dos, appuyé sur son coude. Il ne dit rien et regardait le matelas simplement, l'artiste aux cheveux longs reprit.
- Je ne savais pas que mes mains avaient cette autonomie, et je n'aurais pas du laisser faire. Je suis responsable de mon pouvoir, j'aurais du le contrôler. Je suis désolé parce que tu en as fait les frais, et ça n'aurait pas du arriver.
- Ce n'est pas grave Dei, ne te tracasse pas autant pour un truc comme ça.
La voix de Sasori avait été calme, et lente. Comme d'habitude. Pourtant, il n'avait toujours pas pu le regarder. Deidara sentit que s'il s'arrêtait là, il ne pourrait jamais être sûr de si son ami disait la vérité.
- J'ai vu que tu réagissais pourtant. Tu étais troublé, je préfère que tu me le dises Saso, je n'ai pas envie de voir notre relation gâchée à cause de moi, tu as le droit de m'en vouloir si je fais quelque chose que tu n'aimes pas, mais il faut que tu me parles, sinon on avancera pas. Je ne veux pas te perdre !
Il y eut un silence, et enfin, le jeune homme aux yeux ambrés répondit enfin, s'asseyant en tailleur pour être à son niveau.
- J'ai été surpris, c'est tout. Tu n'as rien gâcher, vraiment, je ne suis pas en colère. C'est juste que...
Il s'arrêta, se mordant la lèvre. Il ne se sentait pas à l'aise quand il commençait à parler de ses pensées. Mais le blond l'encouragea.
- Dis moi, tu as le droit de t'exprimer Saso... Je sais que tu as du mal, mais tu peux tout me dire...
- C'est juste que je ressens tout de façon trop intense, et je n'arrive à gérer... Tu vois ton inquiétude pour mes pulsions de violence ? Et bien c'est pareil pour tout. Tout est sans cesse démultiplié en moi, les émotions, les pulsions plus ponctuelles, les contacts physique. Alors quand je ne m'y attends pas, je n'arrive pas à faire face, et tout me submerge. C'est trop facile de me faire tomber en fait, j'ai des failles bien trop faciles à exploiter. C'est pour ça que je garde tout pour moi. Et...
- Et ?
- Et c'est encore pire quand il s'agit de toi, parce que tu es la seule personne que j'ai laissée s'approcher autant de moi. Tu es le seul à qui je fais confiance, le seul à qui je peux parler, même si c'est dur.
Deidara ne répondit rien, il digéra ces informations. C'était à la fois si clair et tellement flou. Avec douceur, il saisit le menton de son partenaire pour le forcer à le regarder.
- C'est parce que tu n'assumes pas ces réactions causées par tout cela que tu es aussi embarrassé ?
- Oui... répondit Sasori dans un souffle, perturbé par son geste.
- Tu n'as pas à avoir honte. Je sais que tu n'aimes pas que les autres voient tes expressions, ton humanité, mais comme tu l'as dit, avec moi, ce n'est pas pareil. Alors je ne veux pas que tu te sentes gêné de réagir quand ça me concerne, ou juste quand je suis là, ni que tu hésites. Tu as le droit de montrer tes émotions, alors fais le, sinon ça finira par exploser en toi, comme avec la violence. Je n'ai pas envie que tu te blesses Saso, psychologiquement comme physiquement. Je suis content que tu aies pu me parler un peu.
Le marionnettiste n'avait pas bougé, comme figé, les iris brillants sous l'intensité du moment qu'ils partageaient. C'était rare pour eux d'avoir ce genre de conversations, et encore plus pour l'étudiant aux cheveux rouges. Encore une fois il semblait véritablement impacté, et paradoxalement, à cet instant, toutes ses émotions se transposaient parfaitement sur son expression. Il ressemblait vraiment à un ange, et Deidara ne put s'empêcher de l'admirer longuement, il avait envie de le serrer dans ses bras, et de l'embrasser mille fois pour lui prouver qu'il était aimé. Il lâcha finalement son visage et Sasori baissa aussitôt la tête, laissant ses mèches désordonnées cacher ses yeux, qu'il détournait de nouveau. Le blond le trouvait tellement fragile et accessible quand il se comportait ainsi, mais il avait déjà suffisamment brisé ses défenses pour le faire parler. Il se leva et offrit un sourire éblouissant à son colocataire, qui avait posé son regard sur lui en sentant qu'il s'en allait.
- J'aime vraiment quand on arrive à se parler aussi personnellement, tu peux le faire quand tu veux, vraiment. Je veux être là pour toi comme tu l'as été pour moi.
Il quitta la chambre, laissant Sasori seul pour réfléchir à tout ce qui s'était dit. Le marionnettiste était troublé, par les paroles de son ami, par ce qu'il avait ressenti plus tôt, de l'autre côté, par ce qu'il ressentait maintenant. Quand le blond l'avait forcé à le regarder, son coeur s'était emballé, et il ne comprenait pas. Depuis déjà longtemps, il s'était rendu compte que dans certaines situations, Deidara avait sur lui un effet particulier, mais il avait toujours refusé catégoriquement d'accepter cette réalité, mais plus le temps avançait, moins il pouvait rester dans le déni. Il laissa son dos tomber sur le matelas, l'esprit traversé de ce contact récent avec son acolyte, les paroles de celui ci repassant en boucle dans ses pensées, et ce sourire, si beau, si authentique, qui ne pouvait sortir de sa tête. Il jeta un regard vers la fenêtre, il était encore tôt, jamais il ne parviendrait à dormir maintenant, pourtant c'est tout ce qu'il voulait faire. Quand il sombrait dans le sommeil, il oubliait ce qui le tracassait, il s'oubliait lui, son existence même, et il appréciait ce répit. Il soupira longuement. Il reprit son téléphone, espérant que les réseaux l'aideraient à se changer les idées, mais dans son actualité, il y avait les publications de son ami, qui aimait poster des photos de lui régulièrement, tellement fier de ses cheveux, qu'il entretenait avec minutie. Sasori le trouva beau, comme d'habitude, et il replongea dans les pensées qu'il voulait pourtant fuir. Agacé, incapable de gérer, il jeta son téléphone sur le lit d'un air rageur. Il n'allait jamais s'en sortir. Il refusait fermement ce qu'il ressentait, il voulait oublier toutes ses émotions, et il n'y parvenait pas.
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Fanfiction Naruto - Akatsuki
FanfictionDe simples étudiants. Vraiment ? Réunis dans la vie réelle par leurs études et leurs vies sociales. Réunis ailleurs par leur désir d'amener la paix par la domination totale. Et si le monde faisait face à de jeunes adultes emplis de rêves et d'ambiti...