Chapitre 62 : Les chevalières

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L'inspecteur entra dans la chambre, suivi de Deidara qui referma la porte. Il semblait avoir une cinquantaine d'années, et une carrière importante derrière lui si on se fiait à son visage sévère et assuré. Quand il avait entendu parler d'un jeune homme hospitalisé d'urgence dans un état critique, sans aucune raison apparente, il n'avait pas pu s'empêcher de vouloir trouver une explication. Plus il avait posé de questions, moins il avait eu de réponses claires. Il lui semblait évident que cette affaire cachait quelque chose de plus grand, et sa curiosité comme son instinct le poussaient à trouver ce qu'il se passait. Quand le jeune blond qui accompagnait la victime était venu lui dire que son ami était conscient et qu'il acceptait de le voir, il s'était dirigé vers la chambre avec fermeté, décidé à obtenir des éléments précis. A aucun moment, l'homme ne s'était imaginé ne pas réussir à comprendre la situation, il n'avait en face de lui que deux étudiants d'une vingtaine d'années, ils ne faisaient pas le poids face à son expérience. Il avait interrogé des profils bien plus coriaces, bien souvent des criminels endurcis, qui connaissaient suffisamment les méthodes d'interrogatoire pour essayer de les détourner à leur avantage et qui avaient un sang froid hors norme. Là, il jouait dans une cour de récréation. Il eut un premier doute quand il croisa les yeux ambrés du jeune homme installé dans le lit. Jamais il n'avait vu une telle maîtrise de soi, un tel regard glacial, et pourtant si tranquille, sans la moindre crainte, sans la moindre hésitation. Il s'installa néanmoins sur une chaise près de lui, préparé à la conversation qui allait suivre.
- Bonjour monsieur Redsands, comment vous sentez vous ?
- Bien. J'ai cru comprendre que vous souhaitiez ouvrir une enquête, mais je n'ai rien demandé, ni contacté les forces de l'ordre, alors pourquoi ?
L'homme sourit, le patient était décidément bien méfiant. Et étonnamment lucide pour quelqu'un qui sortait d'une anesthésie générale en ayant échappé de peu à la mort.
- Votre cas n'est pas anodin, répondit-il alors. Vous êtes arrivé ici avec des organes internes touchés, un tel état n'arrive pas sans évènement, je veux simplement comprendre à quoi c'est dû. Pour de telles blessures, il y a forcément quelqu'un derrière tout ça, selon les suppositions des médecins avec lesquels j'ai discuté, un véhicule aurait pu vous percuter. Sachant que la personne qui l'aurait fait ne s'est pas manifestée, elle est non seulement responsable de votre état, mais aussi coupable d'un délit de fuite, et de non assistance à personne en danger. Alors ma demande est simple, racontez moi ce qu'il s'est passé.
- Vous semblez déjà avoir beaucoup de suppositions.
- Nous n'avons fait qu'évaluer la situation vis à vis de votre état. Et éliminer les explications qui ne correspondaient pas. Nous avons besoin de la vérité, et vous seul pouvez nous la donner.
Sasori soupira, las de cette conversation. Deidara observait la scène depuis la porte, il se demandait ce que ferait son acolyte quand il serait à bout de patience, et bien que le visage de ce dernier soit resté impassible, lui percevait son agacement face à la détermination de l'inspecteur.
- Je vois, lâcha soudainement le jeune homme d'une voix traînante. Comme je vous l'ai dit, je n'ai rien demandé. Combler votre curiosité ne m'intéresse pas. Et je n'apprécie pas qu'on vienne se mêler de ma vie.
L'inspecteur ouvrit la bouche pour rétorquer mais Sasori le coupa avant même qu'il ne prononce le moindre mot.
- Mais ce n'est pas grave, bientôt, vous ne vous poserez plus de questions. Il n'est pas nécessaire que je vous donne des informations pour lesquelles vous n'aurez plus aucun intérêt d'ici quelques minutes.
Pendant qu'il parlait, toujours avec beaucoup de calme, ses mains effectuèrent des mudras, lentement, pour ne pas alerter l'inspecteur. Celui ci allait demander ce qu'il faisait, ne comprenant pas ces gestes, mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, il s'était figé sans comprendre comment. Le sceau du marionnettiste venait de s'apposer sur le représentant de l'autorité. Il avait désormais accès à sa mémoire, et plus généralement à ses capacités cérébrales. Le jeune homme se balada dans la tête de sa victime, effaçant tout souvenir de lui, ses interrogations, et le peu d'informations qu'il avait rassemblé. Il remplaça ce contenu par une nouvelle histoire, qui justifierait sa présence à l'hôpital : il était venu déposer des papiers pour un arrêt de travail destiné à un collègue. Pour éviter qu'il ne cherche à comprendre de qui il s'agissait, ou qu'il ne trouve cela louche, il fit en sorte de rendre temporaire cette excuse. Dès que l'homme serait sorti de l'établissement, il oublierait y être allé, et tout ce qu'il pensait y faire. Sasori sortit du cerveau de l'inspecteur, et ce dernier, le regard vide, se leva pour sortir, sans un regard derrière lui.
- Deidara, finalement, j'ai pu voir dans sa tête toutes les personnes à qui il a parlé ici, mais j'aimerais que tu m'accompagnes et que tu t'assures que je n'ai oublié personne.
- Bien sûr.
Il s'approcha de son acolyte pour l'aider à se redresser et ils allèrent dans les couloirs, Sasori reproduisant la même technique à chaque fois qu'ils croisaient quelqu'un du personnel qui s'était occupé de lui. Quand tout fut terminé, le marionnettiste récupéra ses affaires, rendit Azur à son ami, et ils partirent de l'hôpital. Sur le chemin, le jeune homme semblait avoir des difficultés à avancer, son utilisation excessive de chakra alors qu'il était encore convalescent avait accentué sa fatigue, alors, sans un mot, le blond vint le soutenir, et si cet état agaçait le concerné, il se permit de murmurer un remerciement à son partenaire. Quand ils arrivèrent à l'appartement, Deidara le posa sur le canapé avant de s'assoir à côté de lui. Le marionnettiste laissa son corps s'adosser et il ferma les yeux.
- Comment tu te sens ? demanda l'étudiant aux cheveux longs
- Épuisé.
Il y eut un silence. L'artiste aux iris bleus reprit alors la parole.
- J'ai une question, je n'ai pas compris quelque chose.
Sasori ne tourna pas la tête vers lui, il n'ouvrit pas non plus les yeux, mais il était attentif.
- Mmh ?
- Je croyais que nos chevalières nous donnaient nos pouvoirs, que Azur donnait la faculté d'utiliser l'argile explosive et que l'Orbe donnait les facultés de marionnettiste. Pourtant, quand tu as pris ma bague, tu as gardé tes pouvoirs de manipulation, alors je suis un peu perdu.
Sasori se redressa, pliant ses jambes en tailleur avec précaution, pour le regarder.
- Nos chevalières ne renferment pas nos techniques, ni nos pouvoirs. C'est déterminé par notre identité. Les bagues ne permettent que deux choses, nous transporter de l'autre côté, et nous permettre de manipuler le chakra. Pour ce qui est de ce que l'on en fait, je pense que c'est simplement un pouvoir qui nous correspond. Si tu portais l'Orbe, ou une autre, tu pourrais toujours sculpter ton argile.
- C'est plus clair maintenant, merci de m'avoir expliqué. Sori, tu as l'air vraiment mort, tu devrais aller dormir.
Le marionnettiste resta un instant silencieux, puis il répondit en soupirant.
- Ouais, t'as raison.
Il se leva en grimaçant légèrement et alla dans sa chambre. Il se laissa tomber sur son lit, repensant à tout ce qu'il s'était passé dernièrement. Le jeune homme se souvint alors de ce qu'il avait dit à son colocataire lorsqu'il était à l'hôpital, sur son désir, et il sentit son visage le brûler tandis qu'il rougissait fortement, regrettant ses paroles, et sa perte de contrôle. Il enfouit sa tête dans son oreiller pour s'étouffer dans sa honte.


Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant