Chapitre 7 : L'encre noire

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Sasori revint à la réalité lorsqu'il sentit Deidara s'agiter contre lui, grognant de douleur. Il baissa ses iris sur le blond pour le voir froncer les sourcils et ouvrir doucement les yeux.

- Sasooo, j'ai maaaal... souffla-t-il en faisant la moue.

- Tu n'aurais jamais du boire autant abruti, répondit son acolyte d'un ton cassant.

L'autre gémit doucement avant de replonger son visage dans le cou de son ami. Sasori soupira.

- Lâche moi Dei, je vais aller te chercher quelque chose pour ton mal de tête.

Le blond râla mais il libéra son colocataire pour replonger sous les draps. Le garçon aux cheveux écarlates se leva, il traversa la chambre et se dirigea dans la cuisine pour préparer un grand verre d'eau fraîche coupée avec du jus de citron avant de prendre un comprimé pour la migraine. Il revint dans la pièce et s'assit au bord du lit.

- Dei.

- Mmmhh...

Sasori releva la couette, provoquant une protestation sonore de la part de Deidara, puis il présenta sa paume, dans laquelle se tenait le médicament tout en tendant le verre de l'autre main. Le blond se redressa en grimaçant et il avala le comprimé avec une gorgée avant de boire l'eau citronnée d'une traite. Le marionnettiste reposa le gobelet tandis que son ami se rallongeait dans son lit, puis il se redressa et baissa les stores de la fenêtre pour assombrir la pièce. Il quitta ensuite la chambre et se tourna vers son acolyte.

- Repose toi. Et quand tu auras le temps, il faudrait songer à ranger ce foutoir, on ne peut pas circuler là dedans.

Une respiration profonde lui répondit et, comprenant que le blond s'était endormi, il ferma la porte sans insister.


**********


Sasori griffonnait sur son carnet de croquis, assis au sol, contre le mur, et le regard concentré. Autour de lui, les gens commençaient à quitter l'édifice pour aller manger afin de ne pas attendre dans les cafétérias lorsque l'heure de pause arriverait. L'étudiant reforma les traits principaux de son travail, puis il regarda le résultat. Son dessin, un dos voûté depuis lequel sortaient deux ailes abîmées et ensanglantées, ne le satisfaisait pas. Il trouvait le tracé trop brouillon, les marques sur le dos imprécises et les plumes trop fines. Il soupira avant de ranger ses affaires dans son sac à dos et se leva pour sortir du bâtiment.

- Sasori !

Il se retourna pour voir Lucie approcher, suivie de Jean.

- On va rejoindre Alexa et Erwan au réfectoire devant l'école, enchaîna la jeune femme, tu veux te joindre à nous ?

- Non, je pars en ville.

- Mais... Et le cours de treize heures ?

- Je n'y vais pas.

Jean ricana légèrement.

- Un vrai rebelle, railla-t-il, tu sais mec, c'est pas parce que t'es le petit prodige de la promo que tu ne peux pas rater tes études. Tu loupes de plus en plus de cours, ça va finir par te causer des problèmes.

- Je ne vois pas en quoi ça te concerne, répliqua le marionnettiste d'une voix glaciale avant de se retourner pour partir.

Il passait la porte lorsqu'il entendit une dernière phrase prononcée par le garçon à l'intention de Lucie.

- Comment Alexa peut-elle aimer un type pareil, il est tellement désagréable, froid et, putain, j'ai jamais vu un tel manque d'humanité.

Roulant des yeux, Sasori poursuivit sa marche pour rejoindre le tram. Une fois en ville, il se dirigea vers le lieu qu'il cherchait. Il jeta un coup d'œil rapide à son téléphone qui indiquait maintenant midi et quart. Enfin arrivé devant l'édifice, il entra et se présenta au comptoir. L'homme qu'il avait rencontré quelques jours auparavant était là, et celui ci lui offrit un sourire tout en le saluant d'un signe de tête.

- Pile à l'heure, apprécia-t-il.

- Je n'aime pas faire attendre.

Il sourit face à cette réponse et indiqua ensuite à Sasori de le suivre pour le mener dans une salle minutieusement rangée.

- Je vous laisse retirer vos vêtements, je reviens avec le reste du matériel.

L'étudiant hocha la tête et l'homme partit vers le bureau où il récupérera un bac en carton qu'il avait préparé il y a peu. Il revint dans la pièce, où le jeune garçon aux cheveux rouges faisait passer son débardeur par dessus sa tête pour le poser ensuite sur la chaise qui accueillait déjà son manteau et sa veste, laissant entrevoir une musculature fine et précise qui ajoutait à son charisme une élégance manifeste. Sasori déboucla ensuite sa ceinture pour faire glisser son pantalon, qu'il entreposât avec le reste de ses affaires. Il s'assit ensuite sur la longue table prévue à cet effet et l'homme entreprit de sortir ses instruments pour lui expliquer comment il allait procéder. Il demanda ensuite à son interlocuteur de s'allonger sur son côté droit et il plaça un papier sur sa hanche afin d'apposer sur sa peau le dessin qu'il contenait. Au contact, le marionnettiste se crispa légèrement, et cela n'échappa pas au professionnel.

- Vous n'êtes pas tactile ?

- En effet, répondit-il d'une voix froide.

- J'y ferai attention.

Il retira le papier et observa minutieusement le croquis légèrement marqué sur la peau pâle et sans aucune imperfection de l'étudiant. Il sortit alors ses aiguilles, vérifia que tout était adapté et prêt, puis il commença son travail, le regard concentré et les gestes maîtrisés. L'encre noire se mêla au corps de Sasori au rythme de la pointe métallique, jouant lentement sur sa hanche et remontant doucement le long de ses côtes. Sasori ferma les yeux, surveillant chacune des sensations qui parcouraient son être, sans toutefois manifester quoi que ce soit. Son visage était aussi neutre que d'habitude, ne conservant que cet air angélique qui était sien lorsqu'il dissimulait son regard glacial. Lui qui détestait attendre, il patienta toutefois plusieurs heures, immobile, presque statufié, si bien que lorsque le tatoueur eu fini son travail, il crut un instant qu'il s'était endormi. Mais alors qu'il se penchait pour le réveiller, l'étudiant ouvrit ses yeux d'or vides de toute émotion, et le marionnettiste se redressa pour admirer l'œuvre nouvelle qui ne faisait qu'un avec son corps. La peau de sa hanche gauche était rougie, et l'ancre brillait doucement à la lumière du spot qui éclairait la pièce, mais il était satisfait. Le scorpion noir figé sur lui semblait prêt à attaquer, il était le message clair de sa propre dangerosité, une simple menace inoffensive sur un homme qui ne l'était pas. Le professionnel lui donna quelques consignes pour ce qui concernait la cicatrisation du tatouage tout en enveloppant le dessin de cellophane, mesurant ses gestes pour toucher le moins possible la taille gracile de son client, puis il le laissa se revêtir avant de retourner avec lui au comptoir pour régler la séance. Sasori quitta le bâtiment et il leva les yeux vers le ciel. La nuit tombait déjà, et les premières étoiles se dévoilaient délicatement dans la voûte céleste. Le garçon aux cheveux écarlates resta un instant interdit, les iris plongés dans sa contemplation et le vent faisant doucement remuer ses longues mèches rebelles. Il détacha enfin son regard et glissa ses mains dans les poches de son pantalon avant de prendre le chemin pour rentrer chez lui.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant