Chapitre 32 : Une action isolée, et calculée

234 25 26
                                    

Le Kazekage troisième du nom avait senti son coeur arrêter de battre dès qu'il avait reconnu l'intrus. Comment était-ce possible ? Comment Sasori avait-il pu entrer dans le pays sans être repéré par ses nombreux avant postes ? Comment avait-il pu approcher du village, puis y entrer sans que personne ne le remarque ? Comment avait-il pu traverser la cité, puis atteindre le bâtiment central ? Et surtout, comment avait-il pu entrer par la fenêtre dans son propre bureau, et sous ses yeux ? Il était le Kazekage, le ninja le plus puissant du village de Suna, comment avait-il fait pour ne pas remarquer sa présence, alors que le shinobi n'était qu'à quelques pas de lui, dans son dos ? Comme s'il devinait toutes les pensées qui traversaient l'esprit de son interlocuteur, Sasori eut un bref rire, aussi glacial que ne l'était sa voix, et le dirigeant du village des sables, malgré son rang et sa puissance, ne put réprimer le frisson qui parcourut son corps. Il lâcha la poignée de la porte et se tint à distance, sur ses gardes.
– Sasori, dit-il en reprenant contenance malgré sa surprise.
Le jeune homme en face de lui pencha légèrement la tête en le fixant, comme intrigué par la scène qui se déroulait sous ses yeux, scène dont il était acteur principal. Il avait l'air d'un adolescent angélique et curieux, ce qui était d'autant plus troublant avec la connaissance de sa réputation de véritable monstre impitoyable. Voyant qu'il ne répliquait pas, le Kazekage essaya de gagner du temps, et d'obtenir un maximum d'informations, avant qu'un combat qu'il savait inévitable ne débute entre eux.
– Tu parlais de ma réflexion, dit-il avec prudence, tu en étais l'objet.
Le sourire du jeune homme s'agrandit.
– Je m'en doutais un peu, oui. C'est donc moi qui te torture ainsi l'esprit... C'est flatteur...
Il avait susurré ses paroles avec un plaisir manifeste. Le brun en face de lui plissa les yeux, méfiant.
– Nous n'avons rien tiré de toi quand tu étais captif, alors j'ai épluché tous les rapports qui existent à ton sujet, pour comprendre qui tu es. Selon nos dossiers, tu n'as pas l'air d'être quelqu'un qui suit les ordres, ou qu'on peut utiliser.
– Belle observation, le complimenta Sasori, toujours aussi amusé.
– Pourtant, reprit le Kazekage qui sentait qu'il avait peut être une chance d'en apprendre un peu plus au sujet du criminel, tu suis le chef de l'Akatsuki. Tu suis ses projets, tu fais ce qu'il demande. C'est étrange.
De nouveau, Sasori eut un rire.
– Oh... Tu sais, je ne suis qu'un artiste qui veut développer sa discipline. Et mon art peut aider Pain, alors qu'il en soit ainsi.
Il se pencha légèrement, comme s'il allait faire une confidence, et l'attention du Kazekage se focalisa entièrement sur lui.
– Moi... J'aime juste voir ce monde brûler.
Le dirigeant sembla alors prendre conscience d'un fait qui le dérangea.
– Tu n'as pas dit un mot pendant toute ta captivité, alors pourquoi réponds tu à mes questions ? Et pourquoi es tu venu au beau milieu du village alors que tu ne pourras pas en ressortir sans être repéré par mes forces spéciales ?
Un nouveau sourire éblouissant étira les lèvres de Sasori.
– Parce que tu ne pourras répéter ce que je dis à personne. Parce que tu ne pourras plus jamais faire quoi que ce soit de ta volonté. C'est pour toi que je suis venu, et ne crois pas que tes ninjas pourront m'intercepter quand je repartirai d'ici, même avec leur précieux Kazekage...
Un mouvement brusque attira l'attention du shinobi de Suna derrière son épaule, et il écarquilla les yeux, il venait de faire une terrible erreur. Il avait porté toute son attention sur l'intrus. Un intrus qui était le plus grand maître marionnettiste de ce monde. Il était trop tard quand il vit le pantin le frapper sur la tête. La dernière chose qu'il vit avant de tomber dans l'inconscience fut le sourire si lumineux de Sasori.


**********


Deidara soupira en se dirigeant vers la porte d'entrée, visiblement, la personne qui se tenait derrière avait la ferme intention d'entrer compte tenu de la force avec laquelle elle tambourinait contre la paroi. Il ouvrit finalement avant d'avoir un mouvement de recul en voyant l'air furieux de Pain.
– Putain, souffla le blond, tu t'es pas levé du bon pied toi ce matin. Il t'arrive quoi ?
– Où est Sasori ?
Surpris par sa brutalité, Deidara ne répondit pas tout de suite. Il se décala pour laisser son invité imprévu passer.
– Dans sa chambre, pourquoi ? dit-il enfin.
Le chef de leur groupe traversa la pièce de vie à grandes enjambées, sans prendre la peine de répondre à son hôte qui fronça les sourcils, contrarié d'être ainsi ignoré. Le leader de l'Akatsuki entra dans la chambre de Sasori sans même frapper, suivi de près par le blond qui n'avait pas abandonné l'idée de comprendre la situation. Le marionnettiste, qui était en train de ranger des outils dans son armoire, se retourna brusquement, étonné de voir qui venait d'entrer dans son espace de vie privée sans aucune forme de respect. Il n'eut pas besoin de plus d'un regard pour constater que Pain était furieux, mais à la différence de son colocataire, il ne parut pas surpris par ce fait. L'homme aux cheveux roux fut le premier à parler.
– J'ai été de l'autre côté, siffla-t-il avec fureur, pour essayer de voir comment la situation évoluait. Tu imagines bien la stupeur que j'ai eue quand j'ai compris que la grande nouvelle qui traversait les nations ninjas était la disparition du Kazekage, enlevé par un membre de l'Akatsuki !
Voyant que le marionnettiste gardait son expression stoïque, sa colère redoubla. Il avait l'habitude d'intimider les autres. Ne faire aucun effet à l'artiste l'agaçait fortement.
– Comment as tu osé faire quelque chose d'aussi dangereux sans m'en parler !? Pire, sans que je ne t'en donne l'ordre ! Dois-je te rappeler quelles conséquences peut avoir un tel acte sur nos plans !? Bordel, j'ai l'habitude de l'irresponsabilité de Hidan, ou de Deidara, mais de ta part, je n'aurais pas cru !
Derrière eux, légèrement en retrait, le blond ne releva même pas le reproche qui lui avait été fait. Il observait la scène, soucieux de ce que cela allait donner, et prêt à intervenir si la situation s'envenimait. Toutefois, il n'avait pas encore su décider de quelle façon agir si les deux étudiants en venaient aux mains. Sasori avait pour l'instant l'air neutre, il ne semblait pas vexé ou énervé des réprimandes que lui faisait Pain, mais Deidara savait mieux que personne qu'il n'avait pas besoin d'afficher une quelconque émotion avant de se montrer violent, et dangereux. Après un silence qui lui parut long, surtout en présence d'une telle tension, l'artiste aux cheveux d'or vit enfin Sasori ouvrir la bouche pour répondre, puisque, visiblement, le chef de leur groupe avait terminé de l'incendier.
– Je n'ai pas besoin de ton approbation pour faire quoi que ce soit, Nagato, articula-t-il lentement de sa voix glaciale et cassante. Je fais ce qu'il me plaît, ce qui m'intéresse, quand je le décide. Et je n'ai que faire de tes ordres.
Deidara fixa attentivement son partenaire. Rien dans son langage corporel n'indiquait quoi que ce soit quant à son ressenti suite aux paroles de Pain, mais il avait usé de son véritable nom au lieu de son surnom, que leur bande utilisait pourtant depuis de nombreuses années. Il n'avait pas levé la voix, ni changé d'intonation, on aurait même dit qu'il susurrait ses paroles, tout en fixant l'étudiant aux cheveux roux.
– Tu as un peu trop souvent tendance à oublier que si je suis tes directives, si je t'aide dans ton plan de domination du monde, c'est simplement par sympathie à ton égard. Tes projets, tes rêves démesurés, ton égocentrisme et tes ambitions nombrilistes, je n'en ai rien à faire. Alors laisse moi gérer ma vengeance contre le monde ninja comme je l'entends. Et si jamais tu te mets en travers de ma route, je t'éliminerai comme les autres.
Pain n'avait rien montré de son trouble, mais les paroles de Sasori lui firent avoir des sueurs froides. Il n'arrivait pas à déterminer si son interlocuteur était sérieux dans sa menace, mais il ne pouvait s'empêcher de croire que c'était le cas, il le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne parlait pas en vain. Le possesseur des rinnegans se sentit mal à l'aise, lui comme les autres membres de l'organisation n'avaient jamais eu de remords concernant leurs crimes de l'autre côté, c'était un autre monde, ce n'était pas la réalité pour eux, enfin, c'est ce qu'ils se répétaient pour ne pas avoir à culpabiliser, mais aucun d'eux n'avait jamais mentionné le fait de tuer ici, dans leur univers, tuer «réellement». Mais Sasori l'avait fait, sans aucune hésitation, et ce n'était pas la première fois. Machinalement, Pain recula d'un pas. Ils étaient plusieurs dans le groupe à avoir un caractère fort, et à ne pas se soucier des conséquences de leurs actes dans l'autre monde, mais le jeune homme aux iris dorés était encore bien au dessus de cela. Le silence était pesant dans la pièce, et Deidara, toujours attentif, avait bien remarqué l'incertitude de Pain. Ce dernier répondit enfin.
– Oublions ça, Sasori. J'étais simplement inquiet à l'idée que tes actions ne retombent sur l'organisation. Nous ne nous sommes encore jamais attaqués aux kages, cela risque d'entraîner de lourdes conséquences. Ils vont déployer des moyens inédits et s'allier pour nous trouver à présent.
Sasori pencha légèrement la tête sur le côté.
– Rassure toi à ce sujet, j'y ai pensé. Suna sait très bien que c'est moi, et pas l'Akatsuki, ni en son nom.
– Comment ? demanda l'étudiant aux cheveux roux.
– Quand j'ai quitté le village, je suis passé par l'entrée, pour déclencher les pièges de la falaise et faire sauter les ninjas en faction, histoire de leur signifier qu'ils ne pouvaient rien faire, ni pour leur Kazekage, ni pour leur cité. Mais j'ai laissé un message à l'un des mecs qui n'est pas mort sous l'offensive. J'ai été suffisamment clair sur le fait que c'était mon initiative, et pas celle de l'organisation qui n'était pas au courant. Il a sûrement déjà tout raconté à l'heure qu'il est.
Mais Pain sembla surpris d'un détail.
– Tu as laissé un survivant ? Toi ?
Sasori le fixa un instant en silence, avant de répondre.
– Je n'ai pas dit qu'il resterait en vie, seulement qu'il n'était pas mort quand je suis parti. Il a été touché par une de mes lames, le poison le tuera en trois jours, ce qui lui laisse le temps de dire ce qu'il sait avant de claquer.
Pain ne réagit pas. Sasori n'était vraiment pas comme tout le monde.

Fanfiction Naruto - AkatsukiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant