Prologue

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Le soleil entame sa descente vers l'ouest, sonnant la fin de mon recueil. Je me lève doucement, les genoux complètement en compote après la journée agenouillé sur la pierre dure et froide de la salle de recueil. Le prêtre entre, me salue, et m'entraîne dans la salle suivante. La nuit tombe rapidement, et nous nous retrouvons dans le noir le plus complet. Soudain, la lune apparait et illumine la sombre salle de sa lumière argentée qui pénètre la pièce par un trou dans le plafond. Je sens la peur qui me tenaille le ventre, mais je tâche de la refouler, comme je le fais à chaque fois. Je vis constamment dans la peur. Mais ce soir... je ne peux même plus compter sur mon ami le soleil, qui m'a quitté pour me laisser en proie à la froideur et à la peur qui émane de la lune argentée et distante. Froide. Je hais ce monde, ce monde de peur, de haine et de douleur. Car je souffre. Mais je sais que ce n'était rien par rapport à ce qui m'attend. Le prêtre me tire de mes sombres pensées, et me demande de le suivre. Je m'exécute, et nous prenons place juste sous le cercle qui laisse pénétrer la lueur blafarde de la lune, lueur qui m'inonde comme un poisseux et collant poison. Devant moi, un autel, et un peuple entier, les yeux braqués sur moi. Je carre les épaules, et m'avance vers l'autel de pierre, sur lequel m'attend une coupe noire. Le prêtre prend la parole.

- Voici le jour que nous attendions tous enfin arrivés !

"Parle pour toi, connard."

- Voici ici la coupe du sang de nos ennemis, qui te donnera le pouvoir de protéger notre peuple aussi longtemps que tu régneras, ajoute-t-il en se tournant vers moi.

Non ! Impossible. Ce doit être une blague. Pas eux. Pas elle... l'exécution a eu lieu aujourd'hui, je le sais. L'idée morbide qui me traverse l'esprit me retourne le cœur, mais je la chasse et tente tant bien que mal de penser à autre chose. Alors, le prêtre saisit la coupe entre ses mains, et le cauchemar prend forme lorsqu'il me tend le récipient rempli d'un liquide rouge que je n'identifie que trop bien. J'empêche mes mains de trembler, saisis la coupe, la porte à mes lèvres, et je sens alors l'infâme breuvage tâcher ma bouche d'un rouge carmin qui me rappelle par trop... tais-toi ! Ennemis. Nous sommes ennemis. Ma langue touche le liquide, et ma bouche se rempli du sang au gout métallique et salé. Je repousse immédiatement le verre, le repose sur l'autel, et lève la tête.

- Longue vie à l'empereur ! S' exclame le prêtre en m'écrasant violemment le pied.

Je m'apprête à lever la main pour saluer la foule, ce qui est exactement ce qu'il attend de moi, lorsque je réalise soudainement quelque chose, tandis que toute l'assemblée reprend en cœur la phrase de l'homme. C'est moi qui décide désormais. Et cette pensée me réchauffe le cœur. Je le toise froidement, et la peur change de frontière. Je ne suis plus le petit garçon sous ta tutelle, je suis empereur, et je vais faire en sorte que justice soit faite, par n'importe quel moyen. J'ai le pouvoir maintenant. Compte sur moi pour te rendre ce que tu m'as fait subir. Je détourne le regard sur l'assemblée, que je salue d'un sourire... vainqueur.


Hello lecteurs ! Voici un livre que J et moi (M) écrivons ensemble, merci de laisser vos avis, voter, critiquer et partager ! On m'a dit que ce prologue était plus "lourd" dans la forme des phrases que les chapitres qui suivent, qu'en pensez-vous ? Est-ce mieux ? Bisous à tous, merci de nous lire, que serions-nous sans vous ? :)

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant