Chapitre 42

2.4K 212 13
                                    

Il fait encore bien jour lorsque je me réveille, la tête comme une pastèque, les cheveux emmêlés et bouclés à cause de l'humidité. Je me frotte les yeux, geste que je regrette amèrement, et me lève enfin. Le silence qui règne dans ma suite est incroyable, presque irréel. J'ai l'impression d'évoluer comme dans un rêve, au ralenti, mes mouvements retardés par la langueur dont je suis la victime. Mes bras sont flasques, mes jambes sont molles, et ma tête est lourde, lourde, tellement lourde... je ne suis pas fatiguée, je sens même que mon corps est dans un état de forme parfaite, mais mon esprit se refuse à tout mouvement brusque, à toute forme de vitesse et de mobilité, quelle qu'elle soit. J'avance dans le salon avec l'impression d'être un éléphant en fin de vie, à mesure que mon cerveau se réveille et que les brumes qui l'entourent s'éclaircissent. Mais vue la réalité que j'essayais de fuir par le sommeil, j'aimerais mieux qu'il reste endormi, sourd, aveugle et muet, tenu à l'écart. Mais je ne peux pas, je ne peux pas me tenir à l'écart de ce dont je suis coupable. Alors je me pose sur mon canapé, les genoux remontés contre ma poitrine, les bras enroulés autour de mes jambes, et je mets mon cerveau en marche pour tenter de trouver un moyen de me dépêtrer de tout ça. J'ai la flemme, mais il faut m'y contraindre. Pour m'aider, je lance ma musique, et mets cette fois mon casque, pour créer cette bulle que ne permettent pas les écouteurs. Mon mal de crâne revient, mais je l'ignore. Je respire un grand coup, et connecte mon esprit à celui de Mélio. Je trouve un message.
« Je suis désolée, ce n'était pas juste. »
Je retiens un soupir et cherche à créer le contact avec lui. Je vois qu'il attend que je sois là, il répond aussitôt à mon appel.
« Mélio ? »
« Je suis là. »
« Je suis désolée, une fois encore, pour tout ce que j'ai dit ou fait. Je vais vraiment essayer de réfléchir avant d'agir, pour minimiser les dégâts. »
« Non, excuse-moi, j'ai été violent plus que ce que tu méritais. »
« Non, t'inquiètes, ça va. »
Aussitôt, j'oriente mes pensées vers autre chose et ferme mes souvenirs pour qu'il n'ait pas accès à la crise de larme que j'aie eue, et qu'il ne voit pas la peine qu'il a causée en une seule phrase.
« Tu es où ? » demandé-je d'un ton neutre, voulant à tout prix parler d'autre chose.
« Dans les bois, je me reposais. Et toi ? »
« Dans le salon. Tu ne chasses pas ? »
« Pas faim ».
Aussitôt, comme un éclair qu'on tente en vain de cacher, je perçois son manque d'appétit, mais surtout sa cause. Ce qu'il a dit l'a travaillé, visiblement.
« Qu'est-ce que tu veux faire pour profiter du reste de ton week-end de perm ? » demande-t-il.
C'est déjà la fin de mon week-end, c'est vrai. Je dois mettre ce temps libre à profit, voir les personnes que je n'ignore que trop. Aymeric, il faut que j'aille voir Aymeric. Et discuter peut-être un peu avec Sofia, par la même occasion ?
« Je vais descendre voir Aymeric, ça fait un paquet de temps que je ne l'ai pas vu. »
« Je te rejoins dans quelques minutes. »
Je décide de mettre une robe, car je sais qu'il aime me voir ainsi, et je me plante d'un air décidé devant ma garde-robe. Mais mon armoire s'efface sous mes yeux, car mon esprit est de nouveau occupé par cette phrase ô combien blessante. Jamais Mélio ne m'a autant blessé, et sans s'en rendre vraiment compte, surtout. Cependant, dire que je me suis blessée toute seule serait plus juste, car ce qu'il a dit n'était qu'une conséquence de mes agissements. La tristesse me noie de nouveau, comme une vague à laquelle j'essaie d'échapper alors que je suis prise dans une tempête et que, bien que je me débattre, rien ne peut me sortir de là. Il faut que la tempête se calme, et que pour cela j'agisse après un temps de réflexion. J'écarquille les yeux pour revenir au présent, et choisis une robe parmi les trop nombreuses que j'ai sous les yeux. Mais soudain, la tristesse fait place à la colère, une colère, une rage brûlante contre moi-même, qui s'accompagne d'une haine à laquelle je suis familière. Mais cette rage prend des proportions qui me dépassent, et que je ne peux plus contrôler. Je la sens qui enfle comme une ombre en moi, une ombre qui me dévore, me dépasse, me surplombe, noire et toxique. Le monde devient flou sous mes yeux, je respire vite et fort pour tenter de retrouver mon calme, illusoire mais protecteur. Mais j'échoue, car la haine que j'éprouve à mon égard est si grande que rien ne peut la contenir. Elle attise ma rage, va de pair avec elle. Je m'éloigne de l'armoire, et sors de nouveau dans le salon que j'avais quitté. Je tire tous les tiroirs avec une folie frénétique, jusqu'à trouver ce que je cherche. Je les attrape et tire violemment un trait sur mon bras droit, long et profond. La lame laisse des marques d'abord blanches sur mon avant-bras nu, avant de se parer de perles de sang qui se dévoile, tandis que ma peau gonfle et rougit. La douleur est grande sur le moment, puis redevient dérisoire. Je m'inflige de nouveau cette peine, jusqu'à ce que la brûlure de la première marque se fasse sentir. A ce moment-là, la douleur est beaucoup plus vive, et s'amplifie à mesure que toutes les marques commencent à me brûler l'avant-bras. Le sang apparaît sur mon bras rouge, mais la douleur, qui s'accentue, me permet de retrouver le contrôle de moi-même, ce qui me rassure. Je suis de nouveau moi-même, en pleine possession de mes moyens. Je souffle un bon coup, et réalise alors ce que je viens de faire.
Alors que l'information monte jusqu'à mon cerveau, je lâche les ciseaux, qui tombent avec un bruit sourd au fond du tiroir. Je le ferme violemment, d'un seul coup, pour cacher à ma vue cet objet qui me dégoûte. La brûlure dans mon bras est intense, violente, puissante et sans merci, mais elle me rassure, me prouve que je peux me contrôler. Je m'éloigne du tiroir, passe mon bras sous l'eau glacée pour nettoyer les infimes traces de sang qui sont apparues, et plaque une serviette dessus. On ne voit rien, si ce n'est des grosses traînées rouges et en relief sur mon avant-bras, et quelques points de sang. Mais la brûlure est atroce. Je repose la serviette heureusement intacte, et retourne choisir une robe. Alors que le choix se révélait immense, il est beaucoup plus restreint alors que je dois maintenant cacher mes bras. Je choisis une robe bleue nuit, aux manches longues, ce que j'ai en horreur, parsemé de paillettes argentées comme des étoiles sur le fond d'encre de ma robe. Elle couvre mon dos, mes épaules, et le décolleté carré cache mes clavicules. Ce n'est pas suffisant, malheureusement, et je me tape de devoir porter en plus de ça un gilet. Finalement, j'opte pour une étole en laine, avec laquelle je couvre mes épaules, et je file dans la salle de bain enfiler tout ça, me coiffer, tâche ardue, me maquiller, et descendre jusqu'au bureau de mon père. Une demi-heure plus tard, je suis prête, monte sur mes talons, et descends avec une aisance que je ne croyais pas posséder, mal à l'aise dans ma robe courte et juchée sur mes escarpins. Cependant, je ne trouve pas Aymeric dans son bureau, essaie dans la salle à manger, sans plus de succès, hésite à aller toquer à sa suite, décide de vérifier dans le jardin d'abord. Je l'aperçois, marchant en charmante compagnie au milieu de la pelouse impeccable, s'approchant de l'allée des abricotiers. Si je tends l'oreille, je dois pouvoir les entendre. De toute façon, je sais déjà avec qui il parle, et au vu de la posture dans laquelle ils sont, la vitesse de marche, et le chemin qu'ils suivent, je peux presque deviner de quoi ils parlent. Je suis certaine que le mariage est au cœur de leur discussion. Je développe au maximum mes sens, laissant les éléments autour de moi me frapper avec toute la force dont ils sont capables. Aussitôt, l'odeur d'herbe coupée, de pluie et de vent froid se fait plus violemment sentir, le vent est plus froid, les lumières ravivées, et tous les bruits de la terre me parviennent. Je dis tous, mais je sais combien mon ouïe est inférieure à celle de Mélio qui, pour le coup, entendrait le plus minuscule gendarme marcher sur l'herbe humide. Mais surtout, plus important, je suis à présent en mesure de les entendre parler.
- Pourquoi pas plus tôt ? Si nous faisons la réception à l'intérieur... propose Sofia.
Plus tôt qu'avril ? Déjà qu'ils se marient rapidement, s'ils avancent encore la date...
- Ce serait mieux si on la faisait à l'extérieur étant donné qu'il y a plus de place, en plus on profiterait des beaux jours, et puis tu n'as pas envie qu'on te prenne en photo sous le soleil ? demande-t-il d'une voix taquine.
- Qu'on nous prenne en photo, mon amour, répond-elle avec une voix où je devine le sourire.
J'arrête là, écœurée par leur amour, et tourne les talons, c'est le cas de le dire. Je me réfugie à l'intérieur, où le froid ne m'assaille plus, et entre dans le bureau de mon père pour me mettre un peu au courant. J'ai été assez absente, ces derniers temps, et la situation politique m'a complètement échappée. Je me penche sur la paperasse qui envahit le bureau, allume les différents ordinateurs, consulte son fide professionnel dont je connais le mot de passe, ouvre les derniers documents en date, regarde d'un rapide coup d'œil les notes qui parsèment son tableau blanc. Economie, sécurité sociale, bien-être des habitants, situation de guerre, il est question d'à peu près tout, mélangé et rassemblé en un tas compact et indissociable. Je me penche plus avant sur cette « situation de guerre » qui occupe un petit morceau du tableau blanc. Visiblement, Aymeric veut relancer la construction d'armes, l'entraînement obligatoire une heure par semaine, et instaurer la politique de guerre (l'a-t-il déjà fait ? Impossible de le dire). Cela implique donc d'informer la population, jusqu'à un certain degré, donc de parler au moins de ce que j'ai apporté à cette situation (pas en bien, malheureusement), des maigres renseignements que nous avons, du temps qu'il nous reste... seulement, le savons-nous ? Le sait-il, lui ? Qui pourrait lui dire ? A-t-il encore des espions opérationnels ? Si oui, pourquoi autant précipiter mon entraînement ? Mais s'il n'a pas toutes ces informations, que va-t-il ou qu'a-t-il déjà dit au peuple ? Les questions reviennent à vitesse grand V, et je m'aperçois du retard que j'ai pris. Je suis loin d'être assez informée. Il faut que je me remette au travail, c'est urgent. Je m'aperçois bien vite que les informations manquent concernant ce sujet. Sur quoi travaille donc Aymeric ? Le bal. Il travaille sur le bal. Je commence à fouiller, à soulever les papiers, chercher les informations, et en collecte un certain nombre. Elle aura effectivement lieu le 28 décembre au soir. Je vois « appeler imprimerie URGENT » inscrit sur le tableau Veleda, et me mets donc en tête de retracer les derniers appels depuis le fide, voir s'il l'a effectivement fait. Non, impossible de retrouver l'appel. J'aimerais le faire, mais les informations me manquent, en plus de ça nous sommes dimanche. Finalement, je trouve dans un fichier le prototype d'invitation, ainsi que le nombre à imprimer. Je reste choquée. Nous sommes donc si peu à Ariastemdal ? Qu'est-ce que ça doit être pour les autres villes, qui n'ont pas l'avantage d'être une capitale... Cela dit, ça fait quand même un paquet de personnes à accueillir au château, qui n'a certainement pas une telle capacité d'accueil. Soudain, j'entends des voix qui s'élèvent, deux, que j'identifie aussitôt, évidemment, et qui s'avancent vers le bureau. Je reste immobile un moment, ne sachant que faire. Finalement, je décide de rester dans le bureau, j'ai envie de voir mon père, de lui montrer que je m'investis dans les affaires de l'Etat. La porte s'ouvre, et je découvre mon père, emmitouflé dans un gros manteau, tenant par les épaules Sofia, aisément reconnaissable grâce à sa splendide chevelure de jais, elle aussi habillé d'un long manteau. Ils écarquillent tous deux les yeux en me voyant, et Aymeric s'écrie :
- Thana ! Comment vas-tu ? Je suis tellement content de te voir !
Il lâche Sofia et me prend dans ses bras en une étreinte forte. J'avoue que j'ai peur un instant qu'il me casse une côte, tant il me serre avec force, mais il me relâche et j'éclate de rire. Je suis folle de joie de le voir, ça fait tellement longtemps. Trop, beaucoup trop longtemps. Nous habitons sous le même toit, mais nous ne nous voyons jamais, car nos horaires sont différents. Sofia, restée un peu en retrait pour nous laisser à nos retrouvailles, s'avance alors avec un grand sourire aux lèvres, où je lis toute la sincérité de la joie qu'elle ressent en me voyant. Elle me serre aussi dans ses bras, et je sens son odeur délicate et fruitée alors qu'elle met sa tête dans mon cou. Je me contracte, mais je me souviens que mon écharpe couvre mes clavicules. Il faut que je me détende. En même temps, comment ne pas avoir peur avec une horreur pareille dans le dos ? Elle s'éloigne de moi et me regarde de ses beaux yeux bleus.
- Que nous vaut le plaisir de cette visite ? demande mon père, heureux comme un enfant.
Il est adorable, avec son sourire qui lui mange le visage. Mais alors, une brève seconde, l'histoire de Teria me revient en mémoire, et j'aperçois alors un Aymeric plus jeune, plus sombre, seul et aveugle. Celui que j'ai devant moi a changé, bien changé. Sofia lui a fait énormément de bien, c'est le moins qu'on puisse dire.
- Je suis en perm pour le week-end, et comme j'avais un temps de libre, je voulais passer vous voir. Mais comme vous étiez occupés, je me suis repenchée sur le travail, qui m'attend !
- Je suis ravi que tu sois passée Thana, ça fait vraiment plaisir ! réplique mon père d'une voix forte.
Il me dévore des yeux, et je m'efforce de ne pas rougir.
- Tu as meilleure mine que la dernière fois qu'on s'est vues, tu ne trouves pas Aymeric ? dit Sofia en se tournant vers lui pour avoir son assentiment.
- Oui, tu as l'air plus heureuse, en meilleure forme ! renchérit le roi.
HUM. HUM. Oui bien sûr. Je suis tentée une brève seconde de lui raconter que j'enchaîne les conneries, et que donc je me suis brouillée avec Mélio sans vraiment me réconcilier avec lui, j'aimerais lui dire que je m'inquiète pour Emilie, qui risque de souffrir à cause de Maxime dont je ne connais pas les véritables intentions car il s'obstine à m'éviter, ce qui me frustre énormément, je voudrais lui parler de ma sœur-fantôme qui me manque affreusement et que je ne vois plus maintenant que le matin, quelques instants, avant de partir à l'école, je souhaiterais qu'il voit l'entraînement pour comprendre que je suis à bout, que Thana est lessivée, essorée, qu'il n'y a plus rien à en tirer. Mais je ne dis rien, souris.
- Oui, le week-end de perm me fait du bien ! J'ai vu mes amis en plus, alors c'est cool, enchaîné-je en espérant en pas le lancer sur l'entraînement. D'ailleurs, je suis allée voir Jean-Baptiste, le jeune qui a été touché par l'explosion de la boulangerie il y a quelques semaines (combien de temps cela fait-il ? je dis semaines au pif, pour ne pas qu'il voit combien je suis perdue), il est toujours à l'hôpital, il sortira dans deux semaines...
- Ah, très bien, merci beaucoup Thana !
Je vois un instant dans ses yeux comme une lueur d'... espoir ? A-t-il pensé ce que tous mes amis ont pensés ? Ah, s'il savait la vérité avec Lachlyn ! J'éclate intérieurement de rire. Je ne sors certainement pas avec Lachlyn car je n'éprouve pour elle rien de plus qu'une amitié sincère, mais notre complicité a amené une complicité physique qui ne plairait à personne, j'en suis sûre, bien qu'il ne soit rien amené à se passer entre nous, autant physique qu'émotionnel. La scène de la piscine me revient en mémoire un bref instant. Le désir charnel que j'ai ressenti pour elle ne s'est plus jamais manifesté, bien que nous n'ayons pas cessé notre tactilité un peu trop fusionnelle. Lachlyn est-elle lesbienne ? Voire bi ? Impossible de le savoir. De mon côté, je ne suis rien de tout ça. Ni hétéro, ni lesbienne, ni bi, je ne suis rien. Je ne veux pas tomber amoureuse. C'est absolument hors de question. Bref, je me retiens de secouer la tête, geste qui accompagne le fait que je veuille chasser mes pensées de mon esprit, et je me concentre sur la question que Sofia me pose.
- Thana, nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord sur la date de mariage, tu pourrais nous aider ? Je voudrais que ça se fasse en février, ça nous laisse juste le temps nécessaire pour les préparatifs, mais Aymeric voudrait en avril, pour profiter des beaux jours, comme il dit.
Elle esquisse un sourire et se tourne vers lui. Je deviens alors le témoin gênant d'une scène de complicité à laquelle je ne veux pas du tout participer. Mais elle se tourne de nouveau vers moi, une supplique dans les yeux. Je réfléchis. Février me semble une bonne idée, c'est vrai, car je n'ai jamais vu Aymeric aussi heureux, et si le mariage voulait se faire tôt, ce serait certainement mieux pour eux deux.
- Février me semble bien ! Désolé Papa, dis-j avec un éclat de rire en voyant sa mine contrite.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait alors ? demande Sofia avec un sourire taquin. Nous sommes deux contre toi, cette fois !
- Je vais réfléchir, promet Aymeric en souriant à son tour.
Il nous prend dans ses grand bras, comme un père serrerait sa famille dans ses bras en rentrant du travail. Mais cette pensée me réjouit immensément. J'ai envie de considérer Sofia comme ma mère. Je décide de remonter dans ma suite, tout de même écœurée par cet amour débordant dans une pièce si petite, et les laisse à leur discussion. Ils m'embrassent, et Sofia me fait promettre de passer un moment avec elle prochainement, « pour apprendre à mieux se connaître ». Je remonte en quatrième vitesse, mes talons me démolissant les pieds, et je trouve Mélio avachi sur le canapé. Un instant de gêne s'installe entre nous, lui car il regrette ses paroles et ne sait pas quel impact elles ont vraiment eu, moi car je ne sais pas comment réagir face à lui. Je refoule mes souvenirs indésirables, et brise la glace en balançant mes chaussures sur le sol et en me blottissant contre lui. Son poitrail brûlant m'accueille avec joie, et je m'y réfugie, comme une petite fille dans un gros plaid moelleux.
« Eh, c'est moi que tu traites de gros plaid moelleux ? » s'écrie Mélio en prenant un ton faussement offensé sous lequel je devine bien aisément le rire.
« Pas-du-tout, mon cher ! »
Son énorme patte s'abat sur mon visage et ses muscles jouent sur ma tête, me faisant rire aux éclats.
« Je t'aime Mélio. »

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant