Chapitre 27

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- Papa ! crié-je presque en entrant comme une tornade dans son bureau !
- Thana ? Que se passe-t-il ?
- J'ai...
Je me pose sur mon fauteuil préféré, encore surprise par ce que j'ai appris.
- Je sais ce qui a poussé Mr.Levaque à porter plainte contre Laura.
- Quoi ?! s'écrie Aymeric.
- Je l'ai vu, alors j'ai décidé de fouiller son esprit, et j'ai trouvé la vraie raison ! Il souhaite mener le procès pour poser une condition qui est : soit Laura est emprisonnée ou je sais pas quoi, soit je suis renvoyée sur Terre pour qu'elle soit pardonnée, ce qui lui permettrait de se débarrasser de moi ! Est-ce qu'ainsi il aurait accès au trône ? Ou a-t-il d'autres motivations ?
Mon père s'assoit à son tour sur sa chaise tournante.
- Seigneur... murmure-t-il. Il faut que je lui parle, mais je ne sais pas comment aborder le sujet avec lui sans qu'il sache que tu l'espionnais...
- Je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est qu'il faut qu'on arrêtes ce procès avant qu'il ne pose son ultimatum.
Il soupire.
- Pourquoi est-ce qu'il faut qu'il y ait toutes ces maudites complications, par Satan ?!
Je souris intérieurement, découvrant des expressions sur Dieu et le Diable plus farfelues les unes que les autres.
- Bon, j'aurais un entretien avec lui ce soir. Pour l'instant, j'ai une réunion dans cinq minutes, je vais y aller. Bisous ma puce, à tout à l'heure.
Je décide d'aller voir Teria, en attendant le début de l'entraînement, pour notre rencontre quotidienne.
« Seigneur Thana ! Je comprends pourquoi je ne t'ai pas vue depuis quelques jours... Comment vas-tu ma belle ? »
« Bien, et toi ? »
« Bien aussi. Je m'ennuie ici, mais ton père est surchargé de travail, et je ne fais que ça, de voler toute seule. Je t'emmène faire un tour ? »
« Avec plaisir. »
Je monte sur la grande dragonne parme, et nous nous envolons.
« Quoi de neuf pour l'instant ? »
« Aymeric ne te tient pas au courant ? »
Elle ne répond rien, et je sens que j'ai touché une corde sensible.
« Un paquet de truc, enchaîné-je. »
Je lui parle de l'explosion de la maison de la famille Manielle, le procès de Laura, mon nouveau pouvoir, enfin bref, toutes les dernières nouvelles.
« Je suis au courant du procès, tu m'en avais déjà parlé, avant cette semaine d'absence. Que s'est-il passé ? »
Je reste silencieuse, retenant un frisson de peur, et elle enchaîne, aussi gênée que moi il y a quelques instants.
« En tout cas, je suis fière de voir que mon initiation à la politique porte ses fruits. Ton idée des caméras était très bonne, et je suis fière de toi. Tu as fait de beaux progrès. Pour cette explosion, pourquoi est-ce qu'on y retournerait pas ? »
« Excellente idée. »
« Bon, alors comme ça tu as un nouveau pouvoir ! »
Et je sens dans sa voix toute l'admiration, la surprise et la fierté qui émane d'elle lorsqu'elle évoque mon nouveau pouvoir.
« Oui. Il est très... intense. Par moments, impossible de le canaliser, et à ce moment-là j'oublie qui je suis, je devine les pensées de toutes les personnes autour et je ne peux pas m'arrêter, et à d'autres moments, je suis de nouveau normale, comme en ce moment. Et là, si tu me le demandais, je ne sais pas si j'arriverais à lire en toi. »
« Impressionnant... Qu'est-ce que ça fais exactement, de lire dans les esprits des autres ? »
« C'est comme si j'avais le monde entier devant moi, toutes les réponses aux questions, toutes les idées, tous les souvenirs, mais plutôt sous forme de tas, pas comme un bureau bien rangé. En fait, oui c'est ça, le monde est un bureau, et je me pers dedans, parce qu'il faut que je le range, mais que je ne sais pas par quel bout commencer. Regarde plutôt. »
Je me remets en mémoire les émotions qui m'ont submergé, la première fois, et les lui transmets. Elle arrête un instant de battre des ailes, et nous commençons à tomber, mais elle se reprend et, après une violente secousse, nous reprenons un vol plus calme.
« Incroyable... non, franchement, il n'y a pas d'autres mots pour décrire ça... et tu ressens ça à chaque fois ? »
« Oui. »
« Quelle chance tu as... »
« Oui, je sais. »
Et pourtant... si je pouvais être débarrassée de tout ça, donner cette « chance » à quelqu'un d'autre... je ne sais pas quelle serait ma réponse. Sincèrement.
« Oh, j'ai rencontrée Sofia, hier soir. » dis-je pour changer de sujet.
« Sofia ? »
Et là, je me rends compte de la bourde monumentale que je viens de commettre.
« Qui est Sofia ? » insiste Teria, plus suspecte en entendant mon silence.
« Peut-être devrais-tu en parler à Aymeric ? » proposé-je, horriblement gênée.
« Dis-moi qui est Sofia. » ordonne froidement la grande dragonne.
« Eh bien c'est... la femme qu'Aymeric a l'intention d'épouser dans quelques mois. » terminé-je dans un souffle, le plus rapidement possible.
« Pardon ? » rugit-elle furieusement, si fort que des anges se retournent sur notre passage, en bas.
« Je croyais que tu étais au courant, il m'a dit qu'il l'avait rencontré il y a quelques semaines, et il a décidé de me la présenter hier soir, au dîner, parce qu'ils réfléchissent à leur mariage prochain. »
Elle se mure dans son silence jusqu'à ce qu'on arrive à destination. Un homme nous aborde en disant qu'il faut un autorisation spéciale pour voir ce qu'il y a, masi il me reconnaît et nous laisse passer. Une fois la fumée partie, la maison est plus facilement visitable. Enfin... façon de parler. Ce ne sont plus que ruines complètes, et c'est risquer sa vie à chaque pas, car le plancher ne tient plus, il n'y a plus de mur, plus rien. Tout a été balayé, il ne reste rien. Je marche lentement entre... entre rien, en fait, j'évite les trous, pour essayer de trouver quoi que ce soit qui pourrait nous aider à trouver un quelconque indice, mais rien. Je retrouve le trou ou a certainement été placé la bombe. Cette fois, plus rien n'est exploitable, car des jours ont passés et il y a eu des dépôts qui brouillent ce qu'il reste. Je soupire, et Teria est consternée.
- Nous n'avançons pas. Il ne reste rien, rien à exploiter. Il n'y a rien. Ça me saoule.
« Moi aussi. » pense-t-elle.
Finalement, nous décidons de rentrer, car nous n'avons plus rien à faire ici.
« Teria, j'ai une question complètement stupide. »
« Je vais tâcher de ne pas rire, alors. »
« Je ne connais pas les limites de la capitale. On est toujours dedans ? »
« Dommage, ta question n'avait rien de drôle... en fait, chaque nuage abrite une ville. Tu l'as vu, nous n'avons survolé que des terres. Nous sommes donc toujours dans Ariastemdal. »
« OK, merci. »
Nous rentrons, et je sens qu'elle couve sa colère, qu'elle la laisse grossir en silence. Pauvre Papa, qu'est-ce qu'il va prendre. Nous rentrons au palais, et Teria pénètre dans le palais, et se déplace jusqu'au bureau de mon père.
« Aymeric ! » gronde-t-elle, folle de rage.
- Teria ? s'écrie-t-il, stupéfait.
« Quand est-ce que tu comptais me parler de Sofia ? Tout ce que je sais des dernières nouvelles, c'est ta fille qui me l'a dit ! Je trouve ça lamentable ! Tu vas te marier à une femme et je n'en ai jamais entendu parler ! Je ne suis donc plus rien pour toi ? »
- Ce n'est absolument pas la question ! Je suis juste terriblement occupé et je suis désolé si je n'ai pas eu un moment pour toi dernièrement, mais tu dois comprendre que je suis surchargé de travail, en ce moment !
« Ne vas pas me dire que tu ne peux pas travailler et parler par esprit. Toi comme moi savons que nous faisons ça depuis des années, alors ne sors pas le prétexte du travail ! Franchement je suis déçue Aymeric. »
Et elle sort du bureau, moi toujours sur son dos.
« N'oublie pas Mélio, Thana. Ne laisse pas les évènements détériorer votre relation, d'accord ? Fais en sorte de toujours trouver un moment pour lui. »
Et je comprends qu'elle souhaite être seule. Je descends de son dos, et retourne voir les caméras installées dans la ville. Mon père non plus ne veut pas de ma compagnie, je pense, car je suis en partie responsable de ce cataclysme émotionnel. Je retrouve une jeune femme devant les écrans, cette fois. Je regarde les écrans à mon tour, et demande s'il y a eu quoi que ce soit à déclarer, quoi que ce soit qui pourrait attirer l'œil.
- Rien de spécial pour le moment, Votre Altesse, répond-elle en gardant un œil sur les écrans.
- Merci, Mademoiselle.
Je quitte la salle, et remonte dans ma suite pour aller voir Mélio. Il somnole sur le canapé, et ouvre les yeux lorsque j'entre dans le salon.
« Comment vas-tu, Thana ? »
Je lui relate ce qu'il s'est passé.
« Au fait, je suis vraiment désolée de ne pas être assez présente, j'aimerais trouver plus de temps à passer avec toi... »
« Ne t'inquiètes pas, les évènements sont contre nous. Je dois être caché à la population, et tu es constamment au travail... heureusement que nous nous voyons en cours ! Enfin, maintenant que tu es en vacances, on va encore moins se voir... bah, ne t'inquiètes pas, on trouvera du temps. »
Je le serre dans mon bras droit, lorsqu'on toque à la porte.
- C'est Sofia, crie une voix derrière la porte.
Je lève les yeux au ciel. Je n'ai aucune envie de la voir, il faut que je retourne au travail.
- Oui, entre, marmonné-je.
- Bonsoir Thana ! Comment vas-tu ?
En fait, elle déborde de joie, et la voir me mets étonnement de bonne humeur. Je souris en la voyant si joyeuse.
- Bien, et toi ?
- Très bien ! Contente d'être en vacances ?
- Oui oui, répondis-j' en pensant l'exact contraire.
Vacances signifient pour moi plus d'entraînement, plus de travail, plus de politique et moins de repos, je le devine.
- Et toi, les... hum, les préparatifs de mariage avancent bien ?
- Oui ! Nous pensons le faire début avril, lorsqu'il fera plus beau ! s'enthousiasme-t-elle.
En vérité, elle a l'air adorable.
- Oh, Thana, j'espère que nous pourrons devenir de vraies amies !
- J'espère aussi, répondis-je.
Je souris à moitié, encore surprise de savoir que la belle jeune femme qui se tient devant moi va devenir ma... belle-mère, d'ici quelques mois.
- Euh... je t'en prie, assieds-toi, dis-je en désignant le canapé, que Mélio a quitté pour aller se réfugier dans la salle de bain.
- Merci, s'exclame-t-elle avec un magnifique sourire à fossettes. Tu sais, je me demandais... si tu accepterais... d'être notre demoiselle d'honneur...
Rouge pivoine, toute gênée, elle me regarde, l'espoir brûlant dans ses yeux. J'écarquille les miens, surprise et très flattée par sa demande.
- Avec plaisir, Sofia ! Merci beaucoup ! m'exclamé-je, folle de joie.
- C'est moi qui te remercie, Thana, tu n'imagines même pas combien ça me fait plaisir !
Je n'ai pas l'impression de discuter avec la future femme de mon père mais plutôt comme à une nouvelle amie. Très étrange. En même temps, elle n'a pas l'air beaucoup plus âgé que moi, avec son énorme chevelure de jais, ses beaux yeux bleus, et son visage de poupée.
- Bon, j'imagine que tu dois aller te préparer pour l'entraînement, non ?
- Oui, c'est l'heure, répondis-j' en me levant. En tout cas, merci encore d'avoir proposé d'être votre demoiselle d'honneur, ce sera avec plaisir !

Chose promie, chose due ! celine363 ;)
Sinon, comment trouvez-vous l'histoire ? Quels sont vos avis par rapport a Sofia ?
Toujours un grand merci pour toutes ces vues, tous ces votes, en voir un peu plus chaque jour nous réchauffe le coeur ! N'hésitez pas a commenter, ce sera un plaisir de vous répondre, et bisous a tous :*

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant