Des ailes dans le dos - Mort

Chapitre 57

J'entre dans le gymnase, séparant mes trois amis en pleine discussion. Ils cessent dès que je pénètre dans la salle.

- Parfait, sourit Iz. Bon, quelles sont tes questions ? On va commencer par ça, ça me paraît une bonne base.

- Euh... quelles sont les règles de ce combat ? Qu'est-ce que je dois faire, quelles sont les techniques à maîtriser pour ça ?

- Alors, pour faire hyper simple, c'est la technique de combat la plus vache du monde, dans le sens où tu utilises tout ce que tu sais faire, toutes tes techniques, y compris toutes les armes que tu as sous la main, ou en main en l'occurrence...

Il me fait un clin d'œil, fier de son jeu de mot. Je lève les yeux au ciel en souriant.

- ... et tu frappes l'adversaire avec. Le corps-à-corps n'est pas une technique en elle-même mais plutôt une fin en soi. Je veux dire, sur un champ de bataille, tu vas utiliser tes armes, sur un ring, tu vas respecter des règles qui te disent quel sport, quelles techniques utiliser. Ici, ce n'est pas un sport. C'est un combat. C'est de la défense, ou de l'attaque, tu vois le truc ? Genre un peu comme dans les films d'actions, à la James bond...

- Euh... je n'en ai vu aucun ?

Iz écarquille les yeux, et me secoue par les épaules comme un cocotier, me faisant rire.

- Mais t'es folle ! C'est un pan entier de ta culture que tu ignores ! Infâme impie ! Traîtresse du cinéma ! Tu n'as plus le droit de m'adresser la parole tant que tu n'en auras pas vu au moins un !

- J'ai vu Kingsman, ça compte non ?

- Rien à voir, déclare-t-il, pince-sans-rire.

Martha pouffe de rire, et Emilie soupire en souriant.

- Bon, toujours est-il que c'est un peu l'idée quand-même... tu vois les moments où ils se fight avec les poings, les pieds, et vas-y que je t'envoie bouler à terre d'un coup en pleine face ? Bah c'est ça. Et dans un combat, crois-moi, c'est ton meilleur ami, ce coup de poing !

Je hoche la tête en souriant. OK, j'ai pigé le truc.

- Tu veux essayer avec moi ? demande d'une voix douce mon ami en plissant le front, craignant une nouvelle crise de tétanie.

Mais comme l'a dit Mélio, Mentor n'est pas là pour me mettre la pression et faire régner la peur. Mais avant que nous n'ayons commencé, les filles captent mon attention. D'un geste fluide et presque trop rapide pour mes yeux, Martha charge un revolver et vise la cible. Elle n'hésite pas une seule seconde et tire entre les deux yeux de la cible en carton qui lui fait face. A côté d'elle, Emilie bande, arme et tire en une seule respiration, atteignant la cible en son cœur. Et si, après réflexion, la célérité de Martha me semble parfaitement compréhensible, au vu de ses études, c'est nettement moins vrai concernant mon amie d'enfance. Où diable a-t-elle appris à manier aussi bien l'arc ? Et pourquoi ? Elle prend une deuxième flèche, qu'elle tire avec tant de justesse qu'elle vient fendre en son centre la première. Puis, prenant les flèches les unes après les autres, elle les tire tout autour de la cible, créant ainsi une ronde autour des deux flèches au centre. Entendant le silence dans la salle, elle se tourne vers nous.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle.

- Où est-ce que tu as appris tout ça ? demandé-je, bouche bée.

- Euh... tu, tu sais que je devais être à même de te protéger... j'ai appris à me battre et à manier les armes pendant plusieurs années.

- Et tu sais vraiment te battre ?

- Euh un peu, ouais... enfin le strict minimum, quoi, c'est pas grand-chose !

Je souris en hochant la tête, et elle retourne à sa cible en rougissant. Iz capte de nouveau mon attention.