Les rires de notre entraînement amical résonnent encore dans ma tête. Les yeux pétillants de malice d'Emilie, m'apprenant son entraînement. Le rire taquin d'Iz me mettant à terre pour ensuite m'expliquer comment me battre. Le sourire merveilleusement jouissif de Martha tenant un flingue et s'en servant avec une dextérité hallucinante. Comment avons-nous osé, alors que Norbert manque toujours à l'appel, et que nous n'avons aucune nouvelle de lui ? Je m'en veux tellement, je me hais d'avoir su être heureuse alors qu'il est peut-être mort. Mais surtout, je n'en reviens pas. Mais oui, vraiment, comment avons-nous pu oublier un instant, un seul, notre ami ? Je me laisse tomber sur mon oreiller, rongée par le remord. Le seul point positif dans tout ça, c'est que, allez savoir pourquoi, je n'ai pas entraînement cette nuit. Certainement une réunion important entre Mentor et mon père. Je devrais en profiter pour dormir, sachant parfaitement ce qui m'attend pour le reste de la semaine, mais impossible de trouver le sommeil. Je me tourne sur le côté, observant mon amie dormir. Combien de surprises me réserves-tu encore, Emilie ? D'abord cette surveillance constante sur moi, pendant presque une décennie. Puis ces quatre pouvoirs, révélant une puissance plus qu'incroyable. Et enfin, cette époustouflante habileté avec ton arc, et cette aptitude au combat. Mon Dieu, mais pour qui t'ai-je pris, toutes ces années, à vouloir te protéger ? Quelle prétention de ma part ! Tu es bien plus forte que moi et, parce que tu n'as pas le même tempérament violent que moi, je t'ai pris pour une fille faible. Je me cognerai la tête contre les murs de tant de bêtise. Je me lève avec un soupir, ne pouvant trouver Morphée. Je découvre Martha dans le salon, plongée dans ses pensées, recroquevillée dans mon immense canapé.
- Ça va ? demandé-je.
Elle tourne la tête vers moi, ses longs cheveux bruns lui entourant le visage. Comment peut-elle se trouver laide ? J'hallucine.
- Du mal à dormir. Et toi ?
- Pareil. Norbert ?
- Ouais.
- Comment on a osé hein ?
- Tellement...
Je m'assois à côté d'elle. Elle me regarde de ses grands yeux foncés. Je n'ai jamais vu personne avec les yeux bleu marine. Son regard est perçant, comme si elle essayait de lire en moi.
- A quoi tu penses ? demandé-je de nouveau, intriguée par ce regard fixe.
Elle met si longtemps à répondre que j'ai cru un instant qu'elle ne le ferait pas. Elle regarde la nuit par la fenêtre.
- Je suis amoureuse de Norbert. Pas comme Emilie l'est de Maxime, d'une autre manière, de sorte qu'il me suffit d'être avec lui pour être heureuse. Je n'ai pas besoin qu'il m'aime comme je l'aime, qu'il m'aime d'amour, juste qu'il m'aime bien, qu'il ait envie de moi à ses côtés, que je fasse partie de sa bande. J'aime Norbert depuis très longtemps, plusieurs années, mais je suis véritablement amoureuse de lui depuis moins longtemps. Par amoureuse, je veux dire que c'est lui que je choisis. Et même si j'éprouve un jour du désir pour quelqu'un d'autre, je ne serais jamais amoureuse de cette personne, parce que c'est Norbert que je choisis.
- Même si cette personne t'aime ?
- Même si cette personne m'aime. Je serai fidèle à Norbert, même s'il ne m'aime pas.
- Comment peux-tu être sûre à dix-sept ans ?
Elle tourne brusquement la tête vers moi, surprise.
- Tu crois qu'il y a un âge pour savoir ? Tu ne crois pas qu'on peut savoir à dix-sept ans ? Au contraire, c'est plus sûr à dix-sept ans qu'à n'importe quel âge, parce qu'alors on est jeune, on est fier, sûr de nous, et prêt à prendre des décisions parce qu'on se dit qu'on pourra pas le faire plus tard. Mais on est pas aussi bête et immature que le pensent les adultes. Au contraire, on est plus réfléchi qu'eux dans le sens où on ne s'embarrasse pas de faux-semblants, de règles à suivre. On défi toutes les règles, si on aime quelqu'un on lui dit, on prend des risques parce qu'une fois qu'on est adulte, c'est trop tard. On est vieux, on a peur de tout, les risques c'est fini. Alors oui, je suis sûre, à dix-sept ans.
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Des ailes dans le dos - Mort
FantasyJe suis différente et ce, depuis toujours. Mais rien ne me préparait à cela... Si le monde que je connais depuis ma naissance est injuste et vil, celui que je découvre est cruel et dangereux. Mais je ferai tout pour y survivre. Tout. Même si la mort...