Chapitre 16

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- Debout Thana ! crie une voix forte.
Je me redresse immédiatement, alarmée par la voix.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Iz éclate de rire.
- On t'emmène aux Chutes ! s'écrie-t-il. Prends ton maillot de bain !
Et il sort de la chambre. Je grommelle, tellement fatiguée que je peine à garder les yeux ouverts et, de mauvaise grâce, je me lève pour m'habiller, et Mélio me suit. Ils m'attendent tous dehors, et je soupire lorsque je ne vois ni les dragons, ni les pégases. Par contre, Forte est avec eux. Je m'approche, j'attrape son bras, Mélio dans ma poche, d'autres sa main, et nous voici, les pieds dans l'herbe, surplombant des chutes comme jamais je n'en ai vu. Il doit y avoir trois cent mètres d'eau en dessous de nous, qui tombent sur plusieurs niveaux. Impressionnant.
- YEEEEEEEEEEEHAAAAAAAAA ! hurle alors Iz.
Et il se jette dans le vide après un saut prodigieux. Sans avoir déployé ses ailes.
- Iiiiiiiiiiiiz ! crié-je à mon tour.
Mais c'est alors que le grand noir enlève son t-shirt en plein vol, tombe, tombe, se rapproche de plus en plus de la première plateforme d'eau, et déploie ses ailes au dernier moment. Il hurle de joie et nous le rejoignons.
- Il est le plus fort pour ça, me raconte Martha. C'est parce qu'il a plus d'expérience que nous.
Je suis scotchée. Ils se mettent alors tous en maillot de bain et s'envolent. Je reste seule sur la berge, à observer cette éblouissante scène où mes amis deviennent les oiseaux des chutes.
- Saute, Thana ! crie Emilie.
- Vas-y ! hurle à son tour Norbert.
Jusqu'à quel point leur fais-je confiance ? J'enlève mes vêtements, recule de quelques pas pour prendre de l'élan, cours, cours, vite, plus vite et... je m'envole. Je saute et quitte le sol pour fondre vers les chutes à une vitesse hallucinante. Mais je n'ai pas peur car je sais qu'ils vont me rattraper, je profite donc de la sensation de vitesse et d'excitation qui me secoue le ventre comme un cocotier. Je vois l'eau translucide se rapprocher de mon visage à une vitesse inimaginable, et soudain un éclair blanc passe juste sous mon visage, attrape mes mains et remonte en chandelle. Mélio rugit de joie, ressentant les émotions à travers moi.
- Norbert ! gémit Emilie sous mon poids. Aide-moi !
Il vient à sa rescousse et attrape ma main gauche, et tous deux s'envolent en me portant au-dessus des cascades bruyantes et violentes. Je ris aux éclats face à cette magistrale démonstration de force, lorsque ma main gauche glisse et Norbert me lâche. Emilie crie, j'essaie de rattraper la main de Norbert, mais je suis trop lourde pour ce qu'est capable de supporter mon amie, et nous tombons de conserve vers les eaux déchaînées des Chutes. Mon autre main glisse, et je tombe seule, tandis qu'Emilie se précipite sur moi aussi vite qu'elle le peut. Mais je percute de plein fouet l'eau glaciale et je tourbillonne sous sa violence inouïe. Je sens la colère et la peur se bousculer en Mélio. L'air me manque, je n'ai aucune emprise sur cette force trop puissante pour moi. Soudain, la voix de Mentor résonne dans ma tête. Fais de ta faiblesse une force. Je me concentre, et j'active mon pouvoir qui se plie à ma volonté tandis que je soupire intérieurement. L'eau se calme autour de moi et me porte à la surface, j'avale une grande et merveilleuse goulée d'air et reprends mes esprits. Je nage vers la berge, l'eau m'aide, et me voici affalée sur l'herbe verte et sèche qui accueille mon corps fatigué. J'entends le rugissement à la fois énervé et soulagé de mon lion, qui se précipite sur moi. Je l'entends et la seconde d'après son museau chaud et humide vient se poser dans mon cou. Je respire, l'air qui traverse mon corps me fait un bien fou. J'entends le soulagement de Mélio. Mes amis me rejoignent sur la rive, et Mélio grogne contre Norbert.
« Mélio, tu sais aussi bien que moi qu'il ne l'a pas fait exprès. »
« N'empêche que c'était sa faute ! »
« On ne doit pas lui en tenir rigueur. S'il te plaît, arrête, tu ne te rends pas compte combien tu es terrifiant quand tu grognes ! »
J'aimerais qu'il sourit, mais il réplique :
« Tant mieux. »
Je soupire.
- Je suis tellement désolé ! s'écrie Nobert pendant ma conversation silencieuse avec Mélio.
- T'inquiète, pas de soucis. En tout cas, je peux vous dire qu'elle est fraîche !
Mais il ne sourit pas et garde sa mine inquiète. Décidément, mes minces efforts pour détendre l'atmosphère échouent aussi bien l'un que l'autre. Je me relève, trempée, et nous oublions ma chute. Mélio s'éloigne, encore énervé, et je plonge sous les exclamations inquiètes de mes amis. Mais les courants ne m'emportent pas parce que ce n'est pas ce que je veux. Les éléments se plient à ma volonté. Finalement, je les convaincs de me rejoindre, et Emilie et Iz se joignent à moi, mais Norbert, Maxime et Martha préfèrent s'envoler. L'eau délicieusement fraîche nous entoure de ses bras protecteurs, je plonge, nage jusqu'à Emilie, attrape ses jambes et tire violemment en riant. Des bulles s'échappent de ma bouche ouverte, je la ferme prestement, mais Emilie plonge, attrape ma tête, et appuie, appuie, jusqu'à ce que l'air commence à me manquer. Je repousse sa main et resurgit à la surface en riant.

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant