Des ailes dans le dos - Mort

Chapitre 29

Je le prends dans mon bras valide, et le silence emplie nos esprits en même temps que la pièce. Une fois le bureau parfaitement rangé, je me penche sur les comptes, lorsque Lachlyn m'apporte le dîner.
- Au menu ce soir, nouilles chinoises et nems végétariens ! Faits avec tout l'amour du chef, ajoute-t-elle avec un clin d'œil amusé.
- Merci beaucoup ! J'irai le remercier après, si j'ai le temps.
Je m'empare du petit bol, attrape les baguettes, et commence à manger. Très vite, mon estomac me fait sentir qu'il va arriver à saturation, mais je me force encore un peu, jusqu'à ce que je n'en puisse vraiment plus. J'ai mangé les trois quarts du bol. Je regarde ce qu'il reste, et soupire.
- Thana, je pensais à quelque chose aujourd'hui... commence Lachlyn avec sa voix douce de lorsqu'elle s'engage sur une voix glissante.
- Oui ?
- Je me disais que si tu mangeais un peu toute la journée, peut-être que ça irait mieux. Des toutes petites quantités, évidemment, mais ce serait quelque chose en plus...
- Bonne idée. J'espère que ça va marcher... Je vais demander à Mentor de placer une table avec de la bouffe dans le gymnase, pour manger pendant les entraînements.
- Je vais m'en occuper, si tu veux, propose Lachlyn. Pendant ce temps, tu n'as qu'à aller remercier le chef.
- OK, on fait comme ça. Je te prends quelque chose au passage ?
- Inutile, j'ai déjà mangé, merci.
Mélio rétrécit, je le place sur ma nuque, bien caché par mes cheveux attachés en un chignon qui cache ma marque noire en attachant bien mes cheveux, et je descends aux cuisines, Malcom me tenant la main.
- Pouvez-vous me dire qui est le chef ? demandé-j' à un commis, une fois dans la cuisine principale.
- Bi... bien sûr, Votre Altesse. Permettez-moi de vous guider.
Je le suis, et arrive devant un homme bien évidemment très corpulent, rouge, penché sur un plat en sauce.
- Votre Altesse ? s'étrangle-t-il en retirant sa toque et en l'écrasant dans sa main.
- Je voulais vous remercier pour l'excellent dîner qui m'a été servi. On m'a dit qu'il avait été réalisé par vous, alors je tenais à vous remercier chaleureusement pour ce délice.
- Oh, merci à vous Votre Altesse, je suis très touché que vous ayez trouvé ça bon !
- Merci à vous. Je vous laisse travailler, dis-j' en souriant.
​Je sors de la cuisine enfumée, et monte me changer pour ne pas être en retard. Je retourne au gymnase, dépose Malcom, et découvre une table sur laquelle reposent des barres énergisantes en tout genre, ainsi que trois fioles. La première contient l'antidouleur violet, la deuxième la potion antifatigue bleue, et enfin la troisième retient le liquide tonus orange. J'avale les trois à la suite, sans y penser, et c'est reparti. Mélio s'assoit dans son coin habituel, et nous attaquons la nuit par contrôle des éléments. Toutes les heures, je mange une barre énergisante, et Mélio et moi sommes contents de voir que je les mange sans effort. Ensuite, nous retrouvons Merxil pour nous rendre aux Chutes et travailler ma nage, plus que médiocre, tandis que Mélio retient son déjeuner dans son estomac, rendu malade par le voyage. Nous nous rendons ensuite en forêt, que je dois traverser en ne laissant aucune trace de mon passage, puis nous retournons au gymnase où je reprends pompes, tractions, squats et gainage, puis endurance, un peu de corps-à-corps, de l'escalade, et nous retournons enfin voir Locas.
- Thana, fouille son esprit, vas-y très lentement en te récitant qui tu es pour le garder à l'esprit, et cherche toute information qui pourrait nous être utile.
​Je ferme les yeux, prends une grande inspiration, et regarde Locas dans les yeux. Je m'appelle Thana, j'ai seize ans, je suis la fille d'Aymeric, je m'appelle Thana, j'ai seize ans, je suis la fille d'Aymeric... elle a beau se répéter son identité, elle finira par être obnubilé par mes foutues pensées, voilà qu'il s'énerve, Thana seize ans, il lutte bon sang, elle passe mes barrières, ça y est, elle est dans mon esprit, j'ai accès à tout, c'est tellement grisant, il ne faut pas qu'elle fouille, elle trouvera tout ce qu'elle cherche, j'en ai bien l'intention, ses souvenirs, il faut que je trouve ses souvenirs, pourquoi sais-je autant de choses, je n'ai aucun moy... oh si ! Non il va m'attaquer, bien sûr que je vais l'attaquer, don de vitesse, alerte, alerte, quelque chose me percute, ça y est je l'ai, je l'ai touchée la garce, elle ne se défend pas, je ne ressens aucune douleur crétin, mais ça tu ne le sais pas, comment ça se fait, il faut qu'il va recommencer non, il ne doit pas, bien sûr que je le dois, si ça la tient éloignée de mes souvenirs, ses souvenirs, concentre-toi sur ses souvenirs, cherche ce qui peut être utile, zut je la sens qui cherche, comment empêcher ça, les plans du château, le Passage que j'ai emprunté, pousses-toi Aurélien, je sais tout j'ai accès à tout, cherche, non, cherche, NON !
- J'ai, murmuré-j' en revenant totalement à moi.
A terre, violemment bousculée par ce que j'ai perçue en lui, je vois Mentor sur Locas, et tous deux me dévisagent.
- On remonte immédiatement, ordonne Mentor en lâchant le prisonnier et en me tirant hors de la cellule par le bras.
Locas se jette sur la porte au moment où elle se referme, et un GONG sonore se fait entendre, suivit d'un grognement de douleur.
- Je t'avais dit de garder ton identité en tête ! J'ai bien cru que tu ne reviendrais pas, tu n'étais plus toi ! crie Mentor en fronçant les sourcils, furieux.
Je baisse la tête. J'ai fait ce que j'ai pu, vous pouvez me croire. Mais je ne dis rien, et baisse la tête sur le chemin du retour au gymnase.
- Bon, raconte-moi ce que tu sais, dit plus calmement Mentor, une fois assis dans le gymnase.
- J'ai vu les plans du château, ainsi que le Passage qu'il a emprunté pour venir jusqu'à nous. Mais je n'ai pas le Passage qui mène aux démons. Par contre, je sais qu'ils préparent activement la guerre, la population est entraînée aux combats, ils sont en situation de guerre prochaine, ils forgent des armes et des armures. Mais Locas n'a pas accès aux plans car il n'est qu'espion, il n'organise pas la guerre.
- Bon. Il faut que j'aille parler immédiatement à Aymeric de ce que tu as récolté comme infos, il doit être levé maintenant. Reste là, je reviens.
Je prends une barre de céréales, et attends qu'il revienne en discutant avec Mélio. Malcom nous rejoint.
- Salut Malcom ! Comment tu vas ?
Il hausse les épaules, et désigne une marque rouge sur son épaule. Je devine immédiatement ce que c'est, et frémis de colère.
- Ça brûle toujours ?
Il hoche la tête, les yeux baissés sur le sol. Je tends la main sur sa blessure, et une fine couche de glace apparaît dessus. Il lève les yeux sur moi, reconnaissant, et me prend dans ses bras. Je le serre fort pour lui témoigner mon amour. Mélio pose son museau sur le haut de la tête, et Malcom rit. Nous discutons ensemble, puis Mentor revient, et notre ami nous laisse, de la tristesse dans ses grands yeux. J'ai de la peine à le voir partir, mais Mélio me laisse à son tour pour aller chasser, et je me sens alors vraiment seule.
- Aymeric veut te voir.