Chapitre 62

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- Mademoiselle Ethana Loster, fille d'Aymeric et Lily Loster, les charges pesant contre vous sont les suivantes : vous êtes accusée du meurtre volontaire et prémédité du dénommé humain Eric Mitreurer, devant témoins humains et anges.

Je décroche aussitôt. Les dizaines de bandes dans lesquelles Lachlyn m'a ficelé ce matin me démangent, ma robe est trop serrée, j'ai peur que le maquillage qui cache mes clavicules ne s'enlève, mon châle me donne beaucoup trop chaud, mes chaussures m'écrasent et me compriment les pieds de manière barbare, mes cheveux me chatouillent et l'odeur qui s'en dégage est beaucoup trop forte pour mon odorat surdéveloppé. Pour l'instant, le procureur s'adresse à mon avocat, alors ce qu'il peut dire, je m'en tamponne. Mon avocat à l'air intelligent, et il a tout compris à la situation, au vu du compte-rendu qu'il m'a fait ce matin.

- Monsieur le procureur, permettez-moi de rectifier les charges pesant contre son Altesse Royale, dit-il. Son acte n'était nullement prémédité.

Un murmure secoue la salle, mais je ne bouge pas, le regard droit sur le procureur. Je me fous de tout ça. Dans quelques heures, ce sera terminé, et c'est tout ce qui m'importe. Je sens un filet de sueur couler dans mon dos, ce qui m'agace prodigieusement. Mais ce qui m'énerve encore plus, c'est l'absence de nouvelles. Je n'ai pu voir personne, tous mes amis et Mélio sont à l'infirmerie. Ennuyée par ce discours mortel, je m'échappe mentalement de la salle d'audience et vole vers l'infirmerie. Je me connecte à l'esprit de Martha.

Pff, je tuerais volontiers cette infirmière, et ses consignes idiotes avec. Mon amie est en plein procès, et je suis cloîtrée dans cette salle livide, à attendre que le bon Dieu résonne cette idiote ! Thana, si tu m'entends, je te soutiens. Evidemment qu'elle ne m'entend pas. Déjà, elle n'oserait pas entrer dans mon esprit et en plus, elle a le sien certainement assez occupé par cette histoire ridicule de procès. Aymeric ne peut pas tout arranger ? Il est le roi, il doit bien pouvoir faire quelque chose...

Coupant court à ce flot de pensées, je fouille plutôt dans ses souvenirs pour avoir accès aux résultats d'examens. Et je trouve ce que je cherche. Une côte cassée, de gros hématomes sur le ventre, le visage et les bras, elle s'est coupée à la jambe, mais c'est tout. C'est déjà trop ! Je sors de son esprit, furieuse contre les démons. Ils portent bien leurs noms, ceux-là. Quelle bande d'ordures. Ça blablate toujours dans la salle, mais alors que je m'apprête à vérifier ce qu'il en est du reste de mes amis, je suis apostrophée. La série des questions commence.

- Mademoiselle Ethana Loster, pouvez-vous nous décrire exactement ce qu'il s'est passé ?

Je respire un grand coup, et pèse soigneusement mes mots, sentant le regard à la fois brûlant et glacial de Mentor sur mon visage.

- Nous sortions du lycée, avec Mélio et Emilie, mes deux amis, sur une civière, lorsqu'une voiture est arrivée à toute allure. Elle semblait ne pas vouloir s'arrêter, et mes deux amis étaient encore au milieu de la route. Alors j'ai déchaîné mon pouvoir pour éviter la catastrophe, je les ai poussés hors de portée de la voiture, et j'ai assassiné l'homme qui en est sorti.

- Vos deux amis étaient-ils encore en danger de mort à cause de cet homme ?

- Pas au moment où j'ai tiré.

Nouveau murmure dans la salle.

- Alors pourquoi avez-vous tiré sur lui ? C'était un humain inoffensif.

- Il n'était pas inoffensif. Il avait été près de tuer mes amis, alors je voulais le mettre hors d'état de nuire. Définitivement.

- Pourquoi une réaction aussi violente ? Vous savez que les gardes l'auraient saisi et remis aux autorités pour qu'il soit jugé ?

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant