Chapitre 45

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Dieu merci, le lendemain, le programme est plus léger.
- Bon, pour cette nuit, nous allons enfin attaquer les armes, car il est plus que temps que je t'initie à ça.
Reste à savoir ce qu'il entend par armes...
- Je t'en prie, entre, ordonne Mentor en me laissant pousser la porte close du gymnase.
Je m'exécute, pénétrant dans ce que je pourrais considérer comme ma chambre vu le nombre d'heures que j'y passe, et découvre une longue table couverte d'armes en tous genres. Je fais un rapide inventaire de ce qui se trouve sous mes yeux. Couteaux, arcs et flèches, grenades, sarbacanes, haches, bâtons en tous genres, marteaux, lances, glaives, cordes, revolver, fusils, filets et tridents (ceux-là me laissent perplexe, presque amusée), épées, et de toutes les tailles. Je dois avoir une bonne centaine d'armes sous les yeux, si je fais un rapide calcul.
- Qu'est-ce que tu en penses ? demande Mentor.
Et pour une fois, je sens de la joie sincère dans sa voix, et pas ce sadisme effrayant qui signifie que lui va aimer l'exercice et moi beaucoup moins. Non, il aime travailler sur les armes, mais cela n'implique pas forcément que je n'aime pas.
- Si vous me lancez dans une sorte de combat de gladiateur à la moderne, je vous balance dans l'arène à ma place.
- Allons, tu sais bien que je t'interdis de me menacer, susurre Mentor d'une voix qui lui ressemble plus. Mais non, pas de combats de gladiateur.
Et je sens le rire dans sa voix. Il est amusé. Tant mieux, ça signifie qu'il est de bonne humeur, ce dont je ne vais pas me plaindre.
- Aujourd'hui, simple découverte des armes. En pratique, évidemment, mais pas de combats pour ce soir. George n'est pas disponible.
Ce nom me laisse un goût amer dans la bouche. Il faudra que j'aille lui présenter mes excuses.
- Peut-être aussi un peu de cours magistral sur les fiches techniques de chaque arme, et puis une découverte qui me permettra de voir lesquelles te vont le mieux. Evidemment, tu devras être en mesure de toutes les utiliser, mais chaque personne a deux armes qui lui vont, une qu'on appelle arme « naturelle » et, sa deuxième, une avec laquelle il a plus de facilités qu'avec toutes les autres. Bien évidemment, il y a des exceptions, ceux qui ont des facilités avec toutes les armes, mais souvent, chaque personne a deux armes affinitaires, encore un reste de nos vieilles légendes. Dieu a créé les anges comme protecteurs des démons, mais lorsqu'ils ont dû combattre les démons, Dieu a créé ce système d'armes affinitaires, permettant à l'ange de combattre avec les deux mains, et non pas une main avec l'arme et l'autre avec le bouclier. Ce qui explique qu'il y ait non pas une mais deux armes affinitaires. Le but ici est de t'initier à toutes, de te faire un premier contact, et de trouver si possible tes deux armes affinitaires.
Est-ce qu'il est en train de sous-entendre que nous sommes nés pour porter des armes ? Ce type est fou. Cela dit, l'idée me fait bien rire, et je sens sa bonne humeur qui se propage en moi.
- Bon, euh, on va commencer par le tir à l'arc. Tu en as déjà fait ?
- Jamais.
- Eh bien on va voir ce que ça donne. Il est donné gagnant dans les stats des armes préférées des Invisibles.
Nous nous approchons des arcs en question, et alors que je tends la main vers le premier qui se trouve à ma portée, il arrête mon geste et en attrape trois d'un coup.
- Tiens, dit-il en m'en tendant un, après réflexion.
Il dépose les deux autres et me montre comment porter l'arme. Je la prends, et il me regarde. Je me sens tellement idiote, tiens. Mélio, quant à lui, commence à se marrer.
« Oh ça va hein ! Première fois que je porte cet engin... d'ailleurs, je sens qu'on va pas être pote, lui et moi. »
« Tant mieux, j'ai envie de te dire, parce que vu la dégaine que t'as avec, vaut mieux pas ! »
Et il se gausse, le con ! En attendant, Mentor me retire l'objet des mains et m'en tend un autre. Ah, si on doit essayer chaque arme, ça explique qu'il y en ait tant de la même catégorie.
- Mmh, c'est mieux, marmonne Mentor.
Il recule de quelques pas, et m'observe d'un œil critique, le sourcil soulevé.
- Bon, ça n'a pas l'air d'être ton arme, mais on va quand-même voir. J'ai toujours des surprises, avec cet exercice.
Nous nous éloignons de la table, et je fais face à une cible, située à quelques mètres de moi. Elle est plutôt proche, mais pour une première fois, ça me va. Derrière moi, Mélio continue de glousser, et Mentor me tend un carquois de flèches. Des flèches jaune fluo ?!
- Y avait plus de noires ? marmonné-je, entendant mon lion éclater de rire.
- J'aime bien le jaune. Pas toi ? C'est pourtant la couleur de tes cheveux.
Décidément, ils sont en forme tous les deux ! Qu'est-ce qu'il se passe, pour qu'ils soient dans un état pareil ? Je lève les yeux, ne soulevant pas l'insulte (Mélio s'en charge très bien lui-même), et prends une flèche, que j'essaie d'encocher dans l'arme machiavélique que je tiens entre les mains. Pourquoi cette chose refuse-t-elle de tenir ? Je vois alors avec surprise une ébauche de sourire se dessiner sur le visage de Mentor, qui tente de reprendre son sérieux. Finalement, il respire un bon coup, reprend un visage froid, et m'aide à faire tenir cette satanée flèche. Vu les résultats peu concluants que j'obtiens avec cette arme avant même de tirer la flèche, on devrait s'arrêter là.
- Bon, tu te mets de profil, les pieds bien parallèles, tourne l'avant-bras droit vers l'extérieur sinon la corde va te fouetter et dévier de trajectoire, l'index au-dessus de la flèche et le majeur en dessous.
Il se place derrière moi pour m'aider à trouver la bonne position.
- Tire sur la corde, maintenant, vas-y, n'aie pas peur, si tu la tiens, il ne va rien arriver, tu tires jusqu'à ton visage, les doigts au niveau de la tempe, voilà, à côté de l'œil, maintenant ferme l'œil droit, vise le point rouge... et lâche.
Je ferme l'œil, vise tant bien que mal, et lâche les doigts, faisant partir la flèche à toute allure. La corde vient me fouetter violemment le bras au passage, et je grimace. Mais à ma plus grande surprise, elle vient perforer l'extincteur, qui se trouve à un bon mètre à gauche de la cible. Le gaz qui s'échappe fait un bruit du tonnerre, et j'entends à peine l'exclamation de surprise pourtant sonore de Mentor. Mélio, quant à lui, fixe la bombonne de gaz, hallucinant, et hurle de rire. Mentor se retourne vers moi, les yeux écarquillés, tandis que des anges entrent dans la pièce pour réparer mes dégâts.
- Je parlais du point rouge sur la cible !
Sans blague ! Prends-moi pour une idiote tiens... Mélio pleure de rire, et le fait que j'ai mal au bras semble n'intéresser personne. Mon maître lève les yeux au ciel en marmonnant.
- Eh bah c'est pas gagné...
Je retiens un soupir. Tiens, j'avais pas remarqué figure-toi. Les anges s'affairent autour de l'extincteur, qu'ils emmènent hors de la pièce, et je réessaie. Mentor positionne correctement l'arc dans mes mains, tourne mon bras de manière à ne pas faire dévier une nouvelle fois la flèche, je ferme l'œil, vise, et la flèche part. Mais la corde touche une fois encore mon bras, et la flèche dévie dans le mur, moins loin de la cible cette fois.
- C'est mieux, non ? dis-je à Mentor en levant les sourcils, prenant un air innocent.
Il lève un sourcil, genre « ben voyons », et je me retiens d'éclater de rire. Mélio ne peut plus se calmer, pris d'un monumental fou rire, et nous continuons ainsi jusqu'à ce que je vide le carquois. Mes vingt flèches plus ou moins plantées dans la cible (j'en ai mis une dans la partie blanche de la cible ! La fois où Mélio a tenu mon bras pour éviter qu'il tourne et ne fasse dévier la flèche, c'est vrai. OK, ça va !), je dépose cette arme maudite, et nous passons au couteau. Bon, le point positif, c'est que ça ne peut pas être pire ! Non ?
- Prends les couteaux avec la main droite, tu dois toujours les avoir en main. Tu prends celui que tu as l'intention de lancer de la main gauche pour le moment, nous développerons ta main droite plus tard. Tu places les doigts autour de la lame, en escalier et pas tous au même niveau, serrés pour bien tenir ton couteau mais pas trop quand-même, le pouce sur la lame. Tu lèves le couteau au niveau de ta tête, tes doigts doivent être à la même hauteur que tes yeux, doivent frôler ton crâne. Ensuite tu fermes l'œil droit, comme pour le tir à l'arc, tu vises toujours le point rouge de la cible (je lève les yeux au ciel lorsqu'il appuie sur ces mots), et tu lances avec force le couteau.
Je suis ses indications avec application, et je suis étonnée de sentir l'excitation qui s'empare de moi lorsque je sens la lame affutée entre mes doigts. Bon, déjà, c'est mieux qu'avec l'arc non ? Le meilleur feeling, ça doit certainement compter dans l'affinité avec l'arme. Je ferme un œil, vise le centre de la cible, et lance le couteau. En voyant le résultat, encore pire qu'avec l'arc, Mélio reste comme deux ronds de flanc, avant d'éclater de rire. Au lieu d'atteindre sa cible, ce que j'espérais secrètement, le couteau file vers la botte en paille qui fait office de, mais s'arrête en chemin.
- J'ai dit « lancer le couteau avec force », souligne Mentor en voyant l'affreux résultat.
Je suis morte de honte en voyant mon couteau tomber pitoyablement par terre, trois bons mètres avant la cible. Une fois encore, il sourit imperceptiblement, les yeux pétillants comme s'il se retenait de rire, mais retrouve son impassibilité, et m'enjoint à réessayer. De nouveau, je prends le couteau, positionne lentement mes doigts autour de la lame froide, le lève au niveau de mes yeux, et le lance cette fois de toutes mes forces. L'arme vole vers la cible comme une fusée... enfin, vole comme une fusée tout court. J'ai oublié de viser, concentrée sur la force dont je devais faire preuve. Je vois avec horreur le couteau s'enfonce (avec force, il faut bien que je souligne le point positif), dans le mur, un mètre au-dessus de ce que je devais atteindre. Mentor regarde avec stupéfaction la lame s'enfoncer dans le mur comme dans du beurre (jusqu'à la garde quand-même ! Force m'est d'admettre que là-dessus, je gère pas mal), et se tourne vers moi.
- Et tu m'expliques comment on va la retirer du mur, maintenant ? Enfoncée jusqu'à la garde ! Bon, cela dit, tu as bien compris la notion de force... marmonne-t-il. Allez, on va réessayer.
Je regarde mon couteau, désespérée. Je positionne de nouveau mes doigts comme il faut, ferme un œil, vise soigneusement cette ô combien maudite cible qui me fait tourner en bourrique, et lance ce satané couteau. J'échoue, (encore une fois...) mais il s'approche de la cible. Malheureusement, il rebondit contre le mur, avec un « schlonc » qui ne me plaît guère, et échoue au pied du mur. Mentor lève un sourcil, me regarde, l'air désabusé, et d'un mouvement de tête qui fait beaucoup rire Mélio, m'ordonne de recommencer. Pas un seul couteau ne se plante dans la cible, tous jonchent le sol ou font office de décoration murale. De mon côté, à mesure que mes essais infructueux s'enchaînent, j'ai réussi à me couper, à de nombreuses reprises, et j'ai les trois doigts du milieu qui sont ouverts à plusieurs endroits. Ça me fait un mal de chien, mais personne n'en tient compte. Mélio est trop occupé à rire, et Mentor se dirige déjà vers une nouvelle arme. J'avoue que j'escomptais que ce cours serait plus amusant. A force d'échouer, je sens ma bonne humeur qui me quitte et laisse place à de la déception. Mentor prend un énorme filet, et me le jette sans prévenir. Je vois cette masse informe, tends les bras pour la réceptionner... et tombe par terre. Mais qu'est-ce que c'est lourd, cette merde ! Hallucinant ! Je me relève, le filet dans les bras, et je vois que Mentor traîne, du haut de son minuscule mètre cinquante, un mannequin d'au moins un mètre quatre-vingt. Face à cette scène hilarante, j'ai du mal à garder mon calme et mon sérieux, et je ne parle même pas de Mélio, qui n'a pas cessé de rire depuis le début de la séance. Il va avoir de ces abdos... Mentor plante avec force le mannequin, debout, face à moi, et je comprends bien vite le but de l'exercice. Lancer le filet sur le mannequin. Est-ce que cette chose est censée immobiliser l'homme en plastique ?
- Le filet, qui au premier abord parait un peu spécial, est également une arme très prisée des Invisibles, m'explique Mentor.
Sans déc ? J'aurais jamais cru ça de cette espèce de chiffon troué. Je déplie l'horreur en question, et le lance sur le mannequin. Sauf que visiblement, l'aérodynamisme n'a pas été pensé à la création de cette pièce de choix, car cette dernière échoue avec un « ploc » déplorable, ne créant aucune surprise chez Mentor, Mélio, ou moi. Après quelques lancers encore décevants, le filet touche enfin sa cible (belle victoire ! Que personne n'a souligné.), mais je ne l'ai pas lancé assez haut pour qu'il tienne sur cette monstruosité jaune qui me fait face.
- Bon, euh, laisse tomber le filet. Ceux à qui il convient le sentent rapidement et ce n'est définitivement pas ton arme. Passons au trident.
On est vraiment chez les romains ma parole ! Il s'empare de trois tridents, de différentes tailles, et me tend le plus petit. Il m'arrive à l'épaule, il est vraiment tout petit, et très léger. Après une courte réflexion, il me le reprend, me tend le moyen qui doit faire quelques centimètres de plus que moi, avant de me donner le plus grand et le plus lourd, d'un bon mètre quatre-vingt, pesant bien *** kilos.
- Au travail, ordonne Mentor en fronçant les sourcils, signe de concentration chez lui.
Je me place face à la cible, attendant qu'il m'indique comment lancer cette imposante arme, mais il me laisse faire. J'ancre mes pieds dans le sol, tends le bras droit devant moi, en guise de perche d'équilibre, et lance de toutes mes forces le trident. Et à ma plus grande surprise, déclenchant en moi une vague de réconfort et de fierté, ladite arme se plante férocement dans la cible, dans le cercle bleu, ce qui est déjà un bon début, n'ayant touché que l'extrême bord de la cible jusque-là. Je souris fièrement, et me tourne vers Mélio. Il bondit sur ses pattes, et court vers moi, fou de joie ;
« Tu as trouvé une de tes armes affinitaires Thana ! »
« Oh ! Je ne pensais pas... »
Il rugit de joie, et fourre sa truffe dans mon cou, truffe froide et humide qui me file un frisson de bien-être.
- Bon, il semblerait que le trident soit une de tes armes affinitaires, déclare Mentor. Vise le point rouge, prends ton temps, tu dois toucher le centre de la cible.
Mélio se sépare de moi, et reste à mon côté, et non pas trois mètres derrière comme c'était le cas pour les autres armes, ce qui me réconforte. Je vais chercher le trident, que je peine à retirer de la cible tant elle y est enfoncée avec force, et retourne au côté de mon lion. Je ferme l'œil droit, tends le bras droit devant moi, vise avec la plus grande précision le cercle rouge encore intact (plus pour longtemps, je l'espère), et lance avec force le trident. Il se plante dans le cercle jaune, à quelques centimètres du cercle rouge. Je retiens un hurlement de joie, ravie du résultat. Il est clair que je n'en espérais pas tant ! Mais Mentor fronce les sourcils.
- Bon, nous travaillerons ça plus tard. On va poursuivre la découverte, voir si on trouve ton arme naturelle. Car je doute que ce soit celle-ci.
Il se détourne de moi, tandis que je pose l'imposant trident à quelques pas de moi. Je peine à cacher mon immense fierté, ravie de voir que c'est cette arme que je maîtrise bien. Reste à voir laquelle sera la première, l'arme naturelle, comme dit Mentor. Il s'empare d'un revolver noir, simple, et me le tend sans un mot, l'air concentré. Je prends l'arme, la regarde, complètement ignare.
- C'est là qu'il faut appuy... commencé-je.
Je pousse un petit cri lorsqu'une déflagration retentit, et que l'arme recule toute seule dans ma main, noyant la fin de ma phrase dans un vacarme ahurissant. Mentor et Mélio sursautent violemment et le premier me fusille du regard, tandis que j'entends à côté de moi la vitre voler en éclat.
- C'était quoi ? demandé-je, surprise.
- On n'appuie jamais sur la détente sans viser, triple idiote ! hurle-t-il. C'est toi qui as fait ce boucan du tonnerre, en appuyant sur la détente !
Mélio hurle de rire, et je tombe des nues. Je viens de tirer ?! Je regarde alors l'arme d'un air apeuré. Il en faut peu pour déclencher le coup, c'est le moins qu'on puisse dire...
- Bon, passe-moi ça, ordonne Mentor froidement.
Je lui tends d'un geste rapide l'arme, et il recule face à la vélocité de mon geste, effrayé à l'idée que je fasse exploser autre chose.
- Doucement, dit lentement Mentor, comme s'il s'adressait à un bébé qui tient un flingue dans la main.
Je lève un sourcil et lui tends l'engin diabolique. Il le prend, le recharge d'un geste vif et fluide qui me laisse très surprise, et me retend le revolver.
- Bon, écoutes-moi très attentivement. Même s'il s'avère que ce n'est pas ton arme naturelle, ou plutôt bien que ce ne le soit pas, parce qu'il s'emblerait que ce ne soit vraiment pas le cas, tu vas apprendre à manier cette arme à la perfection, car elle compte parmi les plus pratiques, compris ?
Je hoche la tête sans un mot, en prenant bien soin de ne pas toucher à la détente.
- Donc tu vas mémoriser tout ce que je te dis. Ici, tu as le canon, le chien, la détente, la recharge...
J'écoute avec attention tout ce qu'il me dit, tachant de tout garder en tête.
- Prends-le bien en main, fermement, on va d'abord tirer à l'œil. Si tu débrouilles bien, ce dont je doute (ben merci ! Cela dit, j'émets la même réserve...), tu vas tirer à la hanche. Mais d'abord, essaie donc de garder l'arme en main, et on en reparle. Vise le cœur.
Je ferme l'œil droit, vise, tiens l'arme fermement, ayant bien compris la puissance de l'engin, mais surtout ce recul que je vais sentir dans ma main, et j'appuie sur la gachette. Bien évidemment, la balle ne touche pas l'endroit espéré, mais vient tout de même se loger dans le mannequin, ce qui me soulage un minimum. Tout n'est pas perdu.
Cependant, on ne peut pas en dire autant des armes qui se succèdent. Je manque de perdre trois orteils en laissant la hache me tomber sur le pied, c'est avec mille précautions que je manie la sarbacane, pour éviter d'aspirer la fléchette, et je n'ai pas plus de succès avec le marteau et la corde. Je me débrouille pas mal avec le glaive, mais je vois bien que Mentor est déçu.
- Bon, visiblement, ton arme naturelle n'est pas une petite. Dommage.
Il poursuit en sentant ma question muette.
- Généralement, les deux armes se complètent. Une grosse et une petite, mais visiblement, ce n'est pas le cas pour toi, ce qui est embêtant. Mais tu n'es ni la première, ni la dernière, alors on fera avec.
Il me jauge du regard, en me scannant de haut en bas.
- De toute évidence, tu aimes les armes anciennes. Essayons l'épée.
Il se dirige vers la table qui supporte de moins en moins d'armes, et balaie les différentes épées du regard. Il en attrape deux. La première est assez petite, large comme mon avant-bras, et longue comme mon bras. La lame argentée est effilée, et reflète la lumière. C'est une très belle arme, qui émet aussitôt une attraction forte sur moi. Plus fine à la garde et à la pointe, elle est assez féminine, presque délicate. Dans la mesure où c'est une épée, quand-même. La deuxième est plus masculine. La lame est plus foncée, plus épaisse, et l'épée en elle-même est moins légère que la première. Mentor me tend la première. Ma main trouve naturellement sa place sur la garde, et mon bras soupèse inconsciemment l'arme.
- Ton arme naturelle, déclare Mentor.
Et je comprends ce qu'il veut dire par là. L'épée est comme l'extension de mon bras, elle me convient, semble taillée pour moi. Mentor repose l'autre épée, et m'observe en silence.

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant