Chapitre 8

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Il hoche la tête, et s'étale par terre. Je m'assois contre son flanc, et tout ce à quoi je refuse de penser me tombe dessus comme un coup de massue. J'ai un pouvoir. Ciel. Oh mon Dieu... dans quoi est-ce ce que je viens de mettre les pieds ? Bon, récapitulons. J'ai découvert un pouvoir dont je ne sais rien, j'ai découvert également un nouveau monde le lendemain, puis j'ai appris que j'ai été exilée pour cause de pouvoir insuffisant, adoptée, je suis la fille biologique d'un roi, et je me suis liée hier avec un lion. J'ai fuie avec lui, et me voilà, perdue au milieu des bois, à ressasser les derniers évènements. C'est fou. Comment se fait-il que ma famille adoptive ne m'ait jamais rien dit ? Mon pouvoir. En quoi consiste-t-il ? Toutes les informations et les questions qu'elles suscitent se bousculent en vrac dans ma tête. Bon, j'ai déclenché un incident et un déluge d'eau à partir de mes mains. Donc, par déduction, je dois pouvoir contrôler le feu et l'eau. Non ? Je tends la main gauche devant moi, paume vers le ciel, et essaie de déclencher de nouveau du feu. Une boule de feu se forme immédiatement dans ma paume, grosse comme un boulet de canon, et se propulse sur un arbre devant moi, qui s'enflamme. Catastrophée, je tends les deux mains, et espère de tout cœur que de l'eau éteigne le désastre, comme hier soir. Comme hier, de l'eau jaillit de mes mains et éteint l'incendie naissant. Je me lève, je tends encore les mains devant moi, et je cherche à produire du feu, mais je me tiens prête cette fois. Une petite boule de la taille d'une pomme prend forme entre mes mains, et j'étire mes mains l'une de l'autre, et la boule grossit, grossit, toujours sous mon œil attentif.

« Contrôle des éléments. »

Je sursaute, et la boule m'échappe et s'élève dans les airs en fumée. Je me tourne vers Mélio, qui me scrute fixement.

« Quoi ? » demandé-je.

« Ton pouvoir consiste en le contrôle des éléments. L'eau, le feu, la terre, et l'air. C'est extrêmement rare, comme pouvoir. Très difficile à contrôler, également. Mais ce qui est étonnant, c'est que ton pouvoir semble très puissant, tu as des capacités immenses, et pourtant tu as été exilée sur Terre parce que justement ton taux de pouvoir était insuffisant. »

Puis il sourit.

« Montre-moi un peu ce dont tu es capable. »

Je fronce les sourcils, et me concentre. De nouveau, une boule de feu se forme entre mes mains tendues devant moi, et j'écarte mes mains l'une de l'autre, de plus en plus. Finalement, une boule grosse comme Mélio tournant sur elle-même monte dans les airs, au-dessus de moi. Elle tourne de plus en plus vite, je baisse les mains, et elle s'écrase devant moi au sol. Je lève de nouveau les mains, et les langues de feu semblent prendre vie, exécutant un ballet aérien, totalement sous mes ordres. Finalement, j'éteins les flammes et je me tourne vers mon compagnon. Il me regarde, impassible, et j'ai un renvoi de ce que je montre de moi-même au monde extérieur. Puis un sourire se dessine lentement sur son visage, et s'étire, s'étire en un sourire fier et euphorique.
« Incroyable... tu as une aisance et une maîtrise de ton pouvoir qui est absolument incroyable. Essaie avec un autre élément ! »

Je m'exécute, et m'attaque à l'eau. Une grosse bulle d'eau se forme, avec laquelle je joue, avant de l'envoyer s'écraser contre un arbre. Je préfère jouer avec le feu, c'est plus sauvage. Je regarde la terre sous mes pieds, et me demande ce que je peux faire avec. Me vient alors une idée, que je tente de mettre en action. Je lève les mains, doucement, vers le ciel, semblant tirer un fil réticent. Je sens la terre meuble bouger sous mes pieds, je continue à tirer, et alors surgit une minuscule pousse, une petite plante émerge de la terre. Euphorique, je pousse un cri de joie. Et enfin, sceptique, je tente de jouer avec le vent. J'en fais retomber mes bras. Sauvage, il tente de me résister, comme s'il était pourvu d'une conscience, il tourne autour de moi comme pour me narguer. Je souris de mon sourire carnassier de prédateur, je tends les mains, et je force, force, tentant de le manipuler. Il se laisse entrainer à mon jeu, me porte, me laisse tomber, me rattrape, m'envoie balader, tandis que je l'attrape, le tords, le balance, le mords. A côté de cet élément, le feu fait bien pâle figure. Puis il me repose à terre, et je m'écroule aux pieds d'un Mélio hilare et impressionné. Le vent est mon élément. Je me relève, époussète mon t-shirt boueux, et me tourne vers Mélio, un grand sourire aux lèvres.

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant