Chapitre 10

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Il baisse les yeux, en attente de mon verdict. Je n'ai jamais eu de père, et voilà qu'il m'en tombe un comme ça, un beau jour, un roi qui plus est, et qui m'as exilée sur Terre à la naissance, m'empêchant de mener une vie qui m'aurait satisfaite, qui aurait été faite pour moi. Je fulmine à cette idée, mais je suis suffisamment lucide pour me dire que je sais que ce n'est absolument pas sa faute et, pour n'avoir aucune haine envers lui, je me promets de retrouver les auteurs de cet exil et de le leur faire payer aussi chèrement que j'ai souffert pendant mon enfance. Une fois que je me dis cela, un énorme poids s'enlève de mes épaules, et je ne peux cacher l'énorme envie d'accéder à sa demande, peut-être plus pour satisfaire mes besoins que les siens, mais comme ça le marché satisfait tout le monde. Avoir un père... comme j'en ai souvent rêvée... je prends une grande inspiration.

- Euh, c'est d'accord... papa ?

Il lève la tête, et c'est comme si un soleil avait germé à l'intérieur. Il rayonne, et son sourire est si énorme que je souris à mon tour, il se lève, fais le tour de la table, semble hésiter, et me prends dans ses bras. Je me fige, mais je sens qu'il se fige à son tour, et avant qu'il n'ait le temps de retirer ses bras, je place également les miens autour de lui. Mes yeux s'agrandissent sous la surprise. Comme c'est étrange d'enlacer quelqu'un, cela faisait si longtemps ! Les larmes me viennent aux yeux, mais je les refoule, et je serre plus fort. Nous restons longtemps ainsi, puis nous nous détachons l'un de l'autre dans un bel ensemble, et ses yeux bleus plongent dans les miens.

- Je me suis toujours demandée de qui tu tenais tes yeux... souffle-t-il.

Oui, moi aussi. Et pas toujours d'une manière aussi calme. Mon œil droit est vert, d'un vert émeraude intense et profond. Et mon œil gauche est gris, d'un beau gris perle, doux et parsemé de petits galets gris foncés. Et enfin, ils sont tous les deux cerclés d'or, un or chaud, ambré, qui leur donne une touche plus chaleureuse. Voilà pourquoi personne ne me regarde dans les yeux. Parce que mes yeux si étranges, accompagnés par mon regard si pénétrant, font peur. Chouette non ?

- Personne dans... la famille n'a les yeux verts, ou gris ? Ou dorés ?

- Tous les anges ont les yeux bleus. Tous, sauf Emilie et certains de ses amis. Mais tu es, et de loin, celle qui as les plus étranges et les plus beaux yeux.

Emilie a les yeux violets. De magnifiques yeux mauves, comme de la lavande, qui lui donnent un air doux, un air de biche. D'un mouvement de tête, je chasse son image de mes yeux, et me concentre de nouveau sur mon... bref. Je hoche la tête sous le compliment. Il se racle la gorge sous la gêne, et recule de quelques pas.

- Je vais te montrer ta suite. J'imagine que tu as quelques questions, évidemment, et je serais tout disposé à y répondre. Viens, suis-moi.

Je mets mes pas dans les siens et nous sortons dans l'immense pièce pour suivre un dédale d'innombrables escaliers, et je suis vite perdue.

- OK. Où sommes-nous exactement ? J'imagine que nous ne sommes pas sur Terre, vu toutes tes remarques... dis-je.

- Exact. Nous sommes sur les nuages. Les humains croient qu'ils sont faits d'eau, alors qu'il n'en est rien. Les nuages que les humains traversent ne sont que des illusions.

Je reste scotchée sur place. Nous sommes sur les nuages ?!

- On est sur les nuages... j'y crois pas... OK. Euh... donc, les anges ont été créés dans le but de protéger les humains de l'influence néfaste des démons, c'est ça.

- Exact. Beaucoup d'anges vivent parmi les humains, mais ils sont en mission là-bas. Tu n'imagines pas le nombre d'anges dans ton entourage...

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant