Des ailes dans le dos - Mort

Chapitre 9

« THANAAAAAAA !! Réveille-toi ! »

Le hurlement de Mélio me réveille en sursaut, et je me redresse. Je suis assise par terre, dans les bois, et je me réveille. Mais je ne dormais certainement pas, à en croire le hurlement terrifié de mon compagnon. Donc je me suis évanouie. Et là, tout me revient en mémoire.

« Ça va, Mélio, t'inquiète. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à supporter leur présence dans ma tête ? Je dois pourtant me connecter à eux, non ? Et je n'arrive même pas à communiquer avec eux, parce que je m'évanouie... Pourquoi ? »

Au lieu de répondre à ma question, mon lion fourre son museau dans mon cou pour me témoigner son amour et son soulagement, et j'entoure son cou de mes bras. Il recule la tête et sourit. Il s'assoit à mon côté, ma main droite toujours sur son échine. Je me laisse tomber sur lui.

« Je crois que vous avez voulus, l'eau, le vent et toi, aller trop vite, et que tu n'as pas supporté cette imposante présence d'un coup. Mais si vous allez plus doucement, tu devrais pouvoir entrer en connexion avec eux. Mais avant, tu vas manger et boire un peu. Et je vais en profiter pour vérifier l'état de ton dos. »

Je l'avais presque oublié, celui-là. Mon dos. Je me déshabille de nouveau pendant que Mélio va me chercher des baies, et je crée une boule d'eau que je sirote. Très étrange sensation, vraiment. Il revient, je dévore mon maigre repas pendant qu'il prépare de nouveau ce fameux onguent qu'il m'applique ensuite sur le dos, tout en m'envoyant une image mentale du résultat. Impressionnant, la vitesse de guérison. Je remets mon t-shirt, bouge les bras, puis les épaules, puis les omoplates, et enfin la colonne vertébrale, mais la douleur est faible et aucune croûte, prémices de la cicatrisation, n'éclate, signe que la guérison en est à un stade assez avancé pour que je puisse me permettre d'entretenir de nouveau ma forme physique à mon plus haut niveau. Un immense soulagement s'empare de moi, et je souris de toutes mes dents. Je me lève d'un bond, ragaillardie par l'état de santé de mon dos, et, sans plus attendre, connecte mon esprit à ceux des éléments. L'eau et le vent pénètrent en moi, et je vacille, mais tient le coup, malgré le glapissement étonné et immédiatement inquiet de mon compagnon. Les esprits se bousculent en moi, semant une pagaille de tous les diables, mais je tiens le choc, et enfin, après qu'elles se soient accommodées, les consciences des éléments se calment et je respire de nouveau après m'être aperçue que j'étais en apnée.

« Tu es malade ? Tu m'as fait une de ces frayeurs !! » s'exclame Mélio.

« Pardonne-moi, j'ai l'habitude de prendre des initiatives rapidement. Il va falloir que tu t'y habitue, je fais ça tout le temps ! »

Il soupire, mais je sais qu'il est loin d'être aussi exaspéré qu'il voudrait que je le croie. Comme j'ai l'intention d'essayer aussitôt avec la terre et le feu, je l'en préviens, et je sens sa gratitude à mon égard. Je crée une boule de feu, et je l'écoute. J'entends un homme sage, puissant, type irlandais, roux, barbe rousse broussailleuse et bien fournie, costaud et bien bâtie, qui parle fort et avec assurance, convaincue de sa puissance. J'écoute alors la terre sous mes pieds, et j'entends une femme bonne, aimante, sage et douce, un peu enveloppée, brune, peau noire, qui parle avec une voix chantante. Je les connecte à mon esprit, et un calme incroyable m'envahit, tout le contraire de l'eau et du vent. Ici, c'est la puissance calme qui domine, alors qu'avec les deux autres éléments, c'était le bruyant tapage qui régnait. La connexion se fait toute en douceur, chacun fait désormais partie de moi, et un accord tacite se passe entre nous. Je les respecte et je respecte leur liberté, et ils m'accordent leur aide quand j'en aurais besoin. J'appelle alors l'eau et le vent, et une lance de glace jaillit de ma main, la pointe acérée et le bâton rigide. Je me tourne vers Mélio, avec un immense sourire, et je le vois totalement bouleversé.