Chapitre 17

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​Nous passons par les champs plutôt que par la ville, et malgré les ravages que font les pattes de Mélio dans les plantations, le coup de feu, mon père blessé et le criminel, je profite de la promenade champêtre en chassant de mon esprit toutes les pensées désagréables qui pourraient venir s'y implanter. Le soleil, haut dans le ciel, réchauffe mon corps dénudé, comme tout à l'heure, comme à cet instant de paix violemment brisé. Le vent me fouette violemment le visage, les épaules et les bras pendant ma course avec Mélio, dont je sens les muscles jouer sous mes jambes. Ça faisait vraiment trop longtemps que nous avions cessés les courses, il était temps de s'y remettre. Les champs de blé, de colza, de maïs, et de fleur se succèdent sous mes yeux qui dévorent ces paysages. Tout est uni, uniforme. Il court vite, et nous sommes au château en peu de temps. Je descends de son dos, il rétrécit, et je passe par les grandes portes du palais. Les gardes me saluent d'une révérence, je traverse le jardin pour filer à l'infirmerie.
​J'y retrouve mon père étendu sur un lit blanc, le bras entouré de bandages blancs. Je m'avance vers lui en essayant de mettre un peu d'ordre dans ma tenue.
- Thana ! s'écrie-t-il en me voyant. Comment vas-tu ?
- Bien et toi ? Pas trop amoché ?
- Non, le médecin a enlevé la balle, et me voici au repos avec interdiction de quitter l'infirmerie du week-end. D'ailleurs, enchaîne-t-il en souriant de toutes ses dents, je suis très fier de toi.
​Je hoche la tête en souriant, bien que tout le mérite revienne à Mélio, mais je ne veux pas l'évoquer dans un lieu où on pourrait m'entendre. Le médecin fait irruption dans la pièce, me salue en s'inclinant et m'invite à quitter la pièce pour laisser mon père récupérer des évènements récents. Une fois dans ma suite, Lachlyn prend de mes nouvelles, je file sous la douche me débarrasser du sang et de la sueur, ma femme de chambre s'occupe de Mélio, j'enfile un jogging et un sweat, et je me glisse dans mon lit. Lachlyn m'y rejoint, me natte les cheveux, et j'entends alors quelqu'un toquer à la porte.
- Oui ?
Emilie entre, rouge et essoufflée, suivie de Maxime, Iz, Martha et enfin Norbert.
- C'est vrai ce qu'on dit ?
Je lève le menton en une question muette.
- Que ton père et toi vous êtes fait attaquer sur la place de la Liberté !
​Je hoche la tête et leur déballe l'histoire. Lachlyn disparait dans sa chambre annexe, et mes amis colonisent le lit. Apaisés suite à mon récit, nous discutons de la motivation du criminel, lorsque Norbert soupire.
- En tout cas, on peut dire adieu à notre super week-end.
- Oui, c'est sûr... soupiré-j' à mon tour.
​Habituée désormais à une activité incessante, mes membres fourmillent et la chaleur m'étouffe alors que je suis inactive sur ce grand lit. J'ai besoin de bouger. Je me lève, cours me changer, et nous sortons tous. Nous traversons le jardin et nous gagnons le portail lorsque les gardes m'identifient et nous arrêtent.
- Votre Altesse, pardonnez-moi mais nous avons interdiction stricte de vous laisser sortir du château, bredouille un garde.
- A cause de l'incident de cet après-midi, continue l'autre.
​Enervée, je tourne les talons, suivie de mes amis, nous contournons le château et accédons à l'autre jardin. Immense et verdoyant, il semble m'appeler à grands cris. Nous le traversons en courant pour nous défouler, et une course s'instaure rapidement. Iz est le premier à se faire distancer, suivi, à ma grande surprise, par Norbert, puis par Martha, enfin par Emilie, et il ne reste plus que Maxime et moi. Mes jambes avancent l'une après l'autre, toujours plus vite, inspirer, expirer, inspirer, expirer, j'alimente mes poumons, j'ignore l'alarme dans mon cerveau qui clignote violemment et m'envoie des signaux de détresse du style : PLUS D'AIR ou encore : MAL AUX JAMBES, et cours pour distancer le garçon. Je le vois qui recule petit à petit, je jette un coup d'œil en arrière, je me retourne devant et j'évite de justesse un tronc d'arbre qui m'aurait écrasé le nez version Voldemort. Cela réduit considérablement ma vitesse, et j'essaie d'accélérer, mais il a pris de l'avance. Soudainement, tout l'entraînement que j'ai fait avec Mentor résonne dans ma tête, j'appuie alors sur mes pointes de pied plutôt que sur mes talons pour courir, je tends les bras, je respire à un rythme régulier, je regarde droit devant moi et surtout, surtout, je m'imagine avoir la vitesse de Mélio. Cela augmente incroyablement ma vitesse, et je fonce, je dépasse Maxime, et je gagne la course. Je pousse un cri de joie avant de m'écrouler par terre, rouge et essoufflée, les cheveux en bataille et les pieds en feu. Et je comprends alors pourquoi j'ai besoin d'un tel entraînement, aussi intensif et fatiguant, aussi disparate et complet. Parce que sans ça, je ne serais pas à même de battre ma prof d'option au lycée ; je ne serais pas capable de battre Maxime à la course ; je serais impuissante face à la force déchaînée des Chutes ; je serais faible, totalement faible, et incapable de survivre dans ce monde où le plus fort gagne. Allongée dans l'herbe haute, je regarde le ciel bleu empli de nuages blancs et cotonneux. Maxime rampe vers moi, et les autres nous rejoignent en marchant. Nous nous allongeons tous dans l'herbe, et discutons jusqu'à ce que le ciel se teinte d'une couleur rose pastel qui éclaire joliment les nuages.
Nous retournons à l'intérieur, toujours en se taquinant, lorsqu'Iz murmure :
- Oh oh... Thana...
- Quoi ? dis-je en me tournant vers lui.
Je découvre alors Mentor, adossé à une poutre en marbre. Je l'ignore superbement et passe mon chemin mais il m'appelle.
- Thana.
- Je suis en week-end de perme, répliqué-je juste assez fort pour qu'il entende.
- Va te changer, je te retrouve dans dix minutes aux cachots, déclare-t-il d'un ton sans appel.
Au risque de paraître puéril, je lui fais un geste obscène dans son dos, et monte me changer en grommelant dans ma barbe. Mélio me retrouve furieuse dans la chambre.
« Wow, qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Mon prétendu week-end de perme est foutu, Mentor veut me voir dans dix minutes dans les cachots. »
​Enervée, je me change en grognant, je cherche les cachots sur les fides, et je me mets en route. Les couloirs et les escaliers sont sans fin, mais j'arrive enfin dans les cachots. Ils se révèlent clairs et lumineux, alors que je les imaginais petits, sombres, puants et infestés de vermine. Ce sont de grandes pièces vides circulaires dont les murs sont des vitres sans teint, éclairées avec des spots blancs. J'avance entre les salles, toutes vides, jusqu'à trouver Mentor qui m'attend devant la seule qui renferme quelqu'un. Le criminel. Prostré au fond de la pièce, il ne peut nous voir mais nous devine certainement. Habillé d'un pantalon en toile et d'une chemise en coton, gris tous les deux, il fixe ses pieds nus. Mentor l'observe en silence.
- Quelle chance tu as, Thana, déclare-t-il de son habituelle voix posée. Le dernier ennemi que nous avons tenu en captivité est mort que je n'étais pas né. Tu as de la chance.
​Oui, tu l'as déjà dit, que j'ai de la chance. Bien que je ne sache pas en quoi regarder un homme assis dans un coin de pièce immaculée va m'aider dans mon instruction. Mais je ne dis rien de tout ça, évidemment.
- Suis-moi, dit-il alors.
Il pose la main sur la poignée et une alarme épouvantablement forte et aiguë retentit dans le sous-sol. Un garde arrive à fond de train et s'arrête devant nous.
- Avez-vous une autorisation pour entrer dans cette pièce ? demande-t-il d'un air pompeux, comme s'il connaissait déjà la réponse.
- Il se trouve que... commence Mentor.
Mais le garde sourit d'un air victorieux.
- Dans ce c...
- ... Oui, termine Mentor.
​Le garde se dégonfle comme un pneu tandis que mon maître lui tend un papier rédigé par mon père dont le cachet de cire atteste l'authenticité. Je retiens un sourire moqueur et suis Mentor qui entre dans la pièce. Le sous-sol disparaît alors pour ne laisser qu'une pièce blanche et miroitante, violemment éclairée, dans laquelle se trouve un homme. Il relève la tête en entendant nos pas, et son visage se durcit en nous voyant. Il se relève et prend un air bravache pour cacher sa peur. D'un regard, Mentor m'ordonne de rester contre la vitre, et lui s'approche du criminel.
- Bonjour, dit-il d'une voix froide. Comment vas-tu ?
Le criminel lui crache aux pieds.
- Je t'ai connu plus poli, continue Mentor.
Je suis stupéfaite. Les deux hommes se connaissent​ ?
- Que fais-tu ici ? dit alors l'homme d'une voix éraillée où suinte la moquerie. Tu es rentré dans les bonnes grâces du roi ?
- Le roi et moi sommes amis, réplique Mentor d'une voix virulente.
- Et la gosse, c'est qui ? Ta gosse ? Il ricane.
- Voici Thana, mon élève. Thana, dit-il en se tournant vers moi, voici Locas. Un... ancien ami, termine-t-il en se raclant la gorge sous la gêne.
- Un ancien ami ? crie soudainement Locas, nous faisant tous deux sursauter, avant de ricaner amèrement. Cela dit, je devrais peut-être m'estimer heureux que tu te souviennes de mon nom... ?
Mentor crie de rage, perdant son sang-froid.
- Comment oses-tu...
- Regarde-moi donc cette petiote, ne devrais-tu pas lui expliquer ? coupe-t-il en me regardant. Vois comme elle est perdue ! A moins que tu ne préfères que je lui dise ?
Mentor avale difficilement sa salive, et décide d'ignorer la question.
- C'est à moi de poser les questions, pas à toi. Tu es prisonnier ici, tu ne parleras donc que lorsque je t'y autoriserais.
Il sourit, narquois.
- Très bien, pose donc tes questions...
- Qui t'a envoyé ici, et dans quel but ?
Locas éclate de rire.
- Crois-tu donc que je vais répondre à cette question ? Quelle blague ! Je ne risque pas de te livrer ce genre d'informations !
Mentor sourit à son tour.
- Oh si, tu vas répondre...
​Et soudain, le visage de Locas se crispe en une grimace. Ses mains attrapent sa tête en un sifflement de douleur, qui devient un hurlement lorsqu'il ne peut plus le retenir. Il hurle à s'en arracher les poumons, la tête prise en étau entre ses mains. Et c'est terminé. Aussi rapidement que ça. Les hurlements stoppent, Locas lâche sa tête (à défaut d'une autre expression, « lâcher sa tête » est ce qui me semble le plus approprié), et se relève, aussi en forme que quelques secondes auparavant.
- Tu auras beau me torturer aussi longtemps que tu voudras, Aurélien, je ne dirai rien.
​Et sur ce, il se jette sur Mentor. Il bondit sur lui à une vitesse telle que j'ai juste le temps de cligner des yeux, et il est presque sur Mentor qui n'a pas réagi. Don de vitesse, ce qui explique le manque de réaction de Mentor. Il n'a rien vu. Je me jette sur Locas une fraction de seconde avant qu'il ne percute Mentor, et je le maintiens difficilement au sol. Je serre les dents, Mentor et les caméras réagissent, l'alarme hurle, une main dure attrape le col de mon t-shirt et me tire violemment en arrière, et nous voilà hors de la pièce, Mentor et moi. Je respire en me massant la gorge, avant d'arrêter subitement lorsque le regard sévère de Mentor se pose sur moi. J'oubli la douleur pour la cacher, et fait face à mon maître. Nous remontons au rez-de-chaussée, et nous installons dans le bureau de mon père.
- J'aurai dû me douter que Locas userait de sa vitesse pour attenter à ma vie, mais je voulais profiter du fait que nous ayons un prisonnier pour parfaire ton entraînement. Ce que je voulais également te dire, c'est que la première étape de ton entraînement n'est pas terminée, mais nous pouvons entamer la deuxième étape. Nous continuerons à travailler comme ce que nous avons fait, mais nous allons ajouter à ces exercices d'autre qui constitueront la deuxième étape de ton entraînement. Nous allons approfondir les combats en corps-à-corps en puissance, travailler ta force physique, ta vitesse, et développer tes pouvoirs.
Je tique.
- Mes pouvoirs ? Je n'en ai qu'un, comme tous les anges.
Il secoue la tête en fronçant les sourcils.
- Non, Thana, tu en as plusieurs. Tu peux contrôler les éléments, mais également sentir le mensonge, tu es une Invisible et tu as en plus des sens surdéveloppés.
Je hoche la tête, pensive.
- Pour le moment, profite de ton week-end, repose-toi bien, nous nous revoyons lundi soir.
- Mentor ?
- Oui ?
- Pourquoi être allé voir Locas dès maintenant ? Pourquoi ne pas avoir attendu lundi ?
- Je voulais le voir alors qu'il était encore déstabilisé par sa capture, et avant qu'il ne puisse monter à scénario, un mensonge à servir à tout le monde.
​Sur ce, il tourne les talons et me laisse seule dans le grand bureau, seule avec mes questions et mes... peurs. Car jusqu'ici, je trouvais l'entraînement épuisant. Mais s'il rajoute des exercices, qui me permettent de développer ma force physique, en plus... un frisson me parcourt, je secoue la tête pour chasser ces pensées, et cours rejoindre mes amis. Comme promis à Mentor, je ne leur raconte rien de ce qu'il s'est passé, malgré leurs nombreuses questions, car je considère cette visite aux cachots comme faisant partie de l'entraînement, que je ne dois raconter à personne. Le soleil se couche déjà, et je suis impressionnée de la vitesse à laquelle la soirée a passé. Cela dit, au début du mois d'octobre, l'hiver ne tardera pas à s'installer plus rapidement que nous ne le pensons, et il ne doit guère être plus de sept heures. Mes amis et moi décidons de retourner voir mon père, à ma demande, et nous remontons au cinquième étage, jusqu'à l'infirmerie. Nous y découvrons mon père qui dort tranquillement. Je m'approche d'une infirmière, et lui demande de m'appeler dès le réveil de mon père. Elle déclare d'un ton pincé que mon père a besoin de repos, et je m'apprête à lui répliquer vertement que j'ai un besoin urgent de lui parler, lorsque l'infirmière du lycée pénètre dans la pièce, toute de blanche vêtue, et me sourit en me voyant.
- Thana ! Quelle surprise ! Enfin, je veux dire... Votre Altesse... murmure-t-elle, rouge tomate.
​Je la regarde, ébahie, avant d'éclater de rire. Emilie rie aussi fort que moi, comprenant ce que je ressens. Je m'approche de l'infirmière et lui dit en riant qu'elle continue à m'appeler Thana. Elle sourit, gênée, et me dit alors qu'elle m'enverra un message dès le réveil d'Aymeric. Je lui donne mon numéro de fide, et nous quittons à regret l'infirmerie. Ne sachant que faire face à si peu d'obligations, je regarde mes amis, perdue.
- Qu'est-ce qu'on peut faire ? demandé-je.
- On a qu'à faire un tour aux cuisines ! C'est ce qui était prévu pour ce soir, répond Maxime.
​Je hoche la tête, surprise par ce choix, et les suit. Nous passons par la porte extérieure, qui donne sur les poubelles, et nous pénétrons furtivement dans les cuisines. Les odeurs se mélangent, puissantes, et je fronce le nez. Iz prend la tête de notre troupe, et nous nous faufilons entre les plans de travail pour nous diriger vers la table qui recueille les viennoiseries du petit déjeuner de demain matin. Mais un hurlement furieux nous fait tous sursauter, nous nous arrêtons, et nous tombons nez-à-nez avec le gros visage rouge et furax du cuisiner, qui nous cours après pour récupérer ses croissants, pains au chocolats, pains aux raisins et chaussons aux pommes. Nous courons dans les cuisines, lorsqu'Iz percute de plein fouet une marmite pleine d'une sauce rouge. Le contenu de la marmite s'étale par terre, et un deuxième cuisinier vocifère alors en voyant le carnage. J'éclate de rire lorsque Norbert glisse sur la sauce et s'étale par terre, je l'aide rapidement à se relever pour éviter de se faire choper, nous courons à perdre haleine en percutant tout sur notre passage, aux sons des hurlements furieux des cuisiniers qui tentent de nous rattraper. Norbert fait voler les corbeilles de pain, Emilie tombe et tente de se rattraper au plan de travail mais attrape la poignée d'une poêle qui fait cuire du poisson, et les filets volent dans la pièce, Martha glisse sur le carrelage mouillé et s'étale dans les légumes, et lorsque c'est à mon tour de glisser au même endroit que Martha, je tombe sur elle, qui fait tomber Norbert, qui écrase Maxime, qui s'étale sur Emilie, qui percute Iz, qui attrape le pot au feu et le ruine en le répandant par terre. Nous nous relevons le plus vite possible et fuyons, sales et puants, les viennoiseries toujours avec nous. Nous montons les escaliers pour mettre le plus de distance possible entre la cuisine et nous, et nous nous écroulons dans ma chambre, riants à s'en tenir les côtes. Nous filons chacun notre tour à la douche et je demande à Lachlyn d'aller récupérer des vêtements pour chacun. Une fois propres, la chambre aérée et Lachlyn revenue définitivement, nous nous installons sur la moquette crème de ma chambre, le panier de viennoiseries au centre de notre cercle. Mélio pénètre alors par la fenêtre, faisant sursauter mes amis, et vient s'installer sur mes genoux. Je le caresse sur le haut de la tête et il grogne de plaisir. J'attrape un pain au chocolat que je mange par petits morceaux, lentement, tandis que les autres se goinfrent. Je suis à la moitié de mon pain qu'il m'écœure déjà. Mélio se tend sur mes genoux dans un effort pour cacher son mécontentement, son inquiétude et sa peur grandissante. Je me force à avaler encore deux bouchées, mais je suis déjà rassasiée, et je mets le reste du pain dans ma poche, pour cacher aux autres que je ne mange presque plus rien.
« Plus rien. » rectifie mentalement Mélio en retenant un grognement de colère.
Je soupire intérieurement, n'ayant pas envie d'aborder ce sujet pour le moment, et je me joins à la conversation. Lachlyn me tapote alors l'épaule et me demande la permission d'​aller faire quelques courses. Je souris et hoche la tête. Elle disparaît.
- ... je stresse trop... dis Martha.
- Pourquoi ? demandé-je, n'ayant rien suivi.
- Je passe mon exam de soldat lundi.
- C'est-à-dire ? C'est pour passer au niveau suivant ?
- Non, c'est le dernier exam. Après ça, je suis soldat, plus apprenti.
Je suis scotchée que ça arrive si vite. J'attrape sa main que je serre brièvement.
- T'inquiète, tu vas gérer ma belle, dis-j' en souriant.
Elle me retourne un sourire timide, et Iz et Norbert discutent avec elle des épreuves qu'elle risque d'avoir. Elle est la première des trois à passer son exam, les deux autres le passent dans le courant de la semaine prochaine.
- Dis-moi, Emilie, tu fais quelles études toi ? Vu que tu étais sur Terre avec moi...
- Je fais des études de vétérinaires, que je suis le week-end et pendant les vacances, le temps que je finisse mon lycée sur Terre.
- Et tu arrives à soutenir le niveau ?
Elle baisse les yeux, et je sens que j'ai touché une corde sensible.
- Pas vraiment, j'ai beaucoup de retard et je ne peux pas beaucoup m'entraîner.
Je me rapproche d'elle, prend sur moi en soupirant en mon for intérieur, et la prend dans mes bras. Elle me regarde et sourit.
- Ce n'est pas de ta faute, t'inquiète. C'est entièrement de ma faute.
Je me détache d'elle, surprise.
- J'ai choisie de veiller sur toi, Thana. Je savais que je passerais toute ma vie sur Terre, c'est déjà une énorme chance que je puisse suivre des études ici, et plus encore que tu ais découvert tes pouvoirs ! Ça prendra le temps que ça prendra, mais je serais vétérinaire, et dans mon pays natal en plus ! Franchement, Thana, tu ne sais pas à quel point tu as changé ma vie en découvrant tes pouvoirs.

Des ailes dans le dos - MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant