TW : mentions assez peu poussées d'automutilation, présence de cicatrices soignées
« J'ai chaud...
— À cause de moi ou à cause du soleil ?
— Probablement les deux.
Amande maintient ma tête contre son torse, et fait passer un brin d'herbe sec le long de mon nez.
— J'ai peur que des insectes viennent dans mes cheveux.
— Mais non...
— Ça me gratte... Et si quelqu'un arrivait ?...
— Personne ne va jamais dans les champs de tournesols en Essonne, Sira d'amour. Fais-moi confiance.
Ses mains glissent sur ma cuisse, avant qu'il n'embrasse ma joue. Mes chevilles me picotent, et la vue de mon caleçon suspendu à une feuille d'hélianthe ne me rassure pas.
— Tu crois vraiment que nous sommes les premiers jeunes à nous envoyer (...) l'air dans un champ désert ?
— Ce serait peut-être plaisant- de penser que c'est le cas.
Amande rigole. Et quand Amande rigole, le temps s'arrête. Alors je me blottis contre lui. Pour que son aura imprègne la mienne jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi.
— C'est vrai. Ça aurait été bien. Qu'on soit les premiers. De pouvoir nous dire que personne d'autre n'a jamais connu ça et qu'on est les seuls. On aurait eu l'exclusivité.
— Ça me va comme ça., dis-je.
— Oui. Moi aussi.
Et je passe mes doigts dans la peau de son avant-bras. Il ne bouge pas, il ne parle pas, et je me demande si ça le dérange. Je parcours les cicatrices de mon pouce, toutes blanches avec les contours rosés, des dizaines de traits dans la pulpe de sa peau, plus ou moins droits, plus ou moins longs.
Ce n'est pas la première fois que je les vois. Je veux dire... Ce n'est pas la première fois qu'Amande retire ses vêtements devant moi. Il ne les a jamais cachées, et je n'ai jamais fait de remarque là-dessus. Pas pour feindre de ne pas les avoir vues, simplement parce que ça ne m'intéresse pas. Ça ne m'intéresse pas de gâcher un bon moment pour le mettre mal à l'aise. Ou de fouiller dans son passé. Mais s'il a besoin de moi, je l'aiderai. Quoi qu'il arrive, je l'aiderai.
— Ça fait longtemps., déclare-t-il dans une quinte de toux.
Je continue de passer mes yeux sur sa peau, sans vraiment écouter ce qu'il me dit.
— Hmm ?
— Les cicatrices. Elles sont vieilles. Ne t'en fais pas pour ça.
Je pose ma tête sur son torse, et mon bras enroule sa taille. Ce n'est qu'un champ jaune, sec et chaud, et pourtant, là, j'ai l'impression que c'est notre champ. Notre endroit à nous. Où seuls le ciel bleu électrique et le regard des tournesols peuvent percevoir notre intimité. Eux, nous, et personne d'autre.
— Je sais. Je ne m'en fais pas.
J'essaye de ne pas m'imaginer dans quel état quelqu'un doit être pour s'infliger ce genre de chose. Mais je suis soulagé qu'Amande aille mieux.
— Je pensais que tu dirais quelque chose., ajoute-t-il.
— Et qu'est-ce que tu pensais que j'aurais pu dire ?
— Je ne sais pas.
Mes lèvres se pressent sur la paume d'Amande.
— Je n'ai jamais été très bien dans ma tête.
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Cyanide
Teen FictionLes médias dépeignent les relations toxiques comme l'histoire d'un bel amant violent et manipulateur abusant de son partenaire sans remord aucun. Sira aime Amande. Et bon sang, ce qu'Amande aime Sira. Pourtant, un an tout pile après le début de sa m...