Cyanide

65 - All Thioctic no acid

               Je sens les tremblements de la cage d'escaliers à la cadence des pas de Thio.

Oh, merde, il est déjà rentré-...

« Ne rentre pas !! Je suis tout nu !!

C'est tout à fait faux, je ne suis aucunement nu, l'idée-même de voir mon propre corps est déjà assez effrayante comme ça.

Mais, ça me laisse de temps de finir d'attacher le raphia, et de tout balancer sous le lit avant de l'autoriser :

— Okay, c'est bon, tu peux rentrer !

Thio passe la tête par la porte, et sourit, sa mouette sur l'épaule.

— Salut, Sugar ! Ça va ?

Il se penche vers moi, dépose un baiser sur ma joue, rigole, et continue :

— J'ai un cadeau pour toi !

— Ah oui ? Moi aussi j'en ai un pour toi.

— Quoi ?! Vraiment ?!

— Oui, Thio. Vraiment.

— C'est formidable !! Laisse-moi te donner le mien en premier s'il te plaît Sugar !

— D'accord, comme tu veux.

Il sort un sachet de kraft de son sac de sport, et s'assoit sur le lit.

Il me regarde, puis approche sa main de son poignet, et dénoue avec beaucoup de difficulté mon bracelet.

— Ne t'en fais pas, je vais le garder., indique-t-il.

Puis il ouvre son sachet et en fait tomber le contenu sur le drap fleuri du lit.

— J'ai acheté des perles, Sugar ! Et nous allons nous faire de nouveaux bracelets !

Sur le lit, je vois le brillant des perles pastels bon marché, et les teintes métalliques d'anneaux et de fermoirs en faux acier.
Je vois mon meilleur ami, tout sourire, celui qui ne m'en a pas voulu une seule fois d'avoir rompu notre promesse et d'avoir perdu son plus précieux cadeau. Celui qui m'a juré que si la perte de son bracelet faisait partie des raisons pour lesquelles je voulais mourir, il m'en referait un autre.

Celui qui m'a sauvé quand je m'étais empoisonné.

Alors je fonds en larmes, et je me précipite dans ses bras.

Je ne sais pas s'il parle, je ne sais pas si mes pleurs font un bruit gênant, mais je sais que Thio m'enveloppe tout entier dans ses bras, qu'il tapote mon dos de haut en bas, et que son aura seule suffit à adoucir les couleurs de ma vie.
Tsara...
L'existence est tellement moins pénible quand Thio Nitrimes est là...

Quand je juge que cela fait trop longtemps, je me ressaisis et cesse de pleurer. Je le remercie de son cadeau, et il me dit que je l'ai mérité.

Alors on s'assoit au pied du lit, sur le sol, ma tête contre son épaule et mes jambes en diagonale sur les siennes, et nous passons quelques minutes à trier les perles par couleur, dans l'ordre de l'arc-en-ciel.

— Qu'est-ce que tu veux comme couleurs, Sugar ?

— Choisis, Thio. Les couleurs m'importent peu tant que c'est ton bracelet à toi.