67 - Antibodies made by beavers

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Quand j'ouvre les yeux, ce matin, je ne me sens pas...
Mal.

Bercé par l'éclat de la veilleuse, la brise du ventilateur contre ma joue, et les fourmis dans la main sur laquelle ma tête reposait, pour une fois, mon esprit n'est pas...
Douloureux.

Je ne pense pas que cela puisse se qualifier de « bien » pour autant. Je suis toujours fatigué, j'ai les mains moites et le cœur sautillant, et ma sensation de nausée quotidienne demeure journalière, mais je ne vais pas « mal ».

Si une voiture fonçait droit sur moi, je crois que je l'éviterais.

Je frotte mes yeux, et Thio roupille encore à côté de moi.

Enfin c'est ce que je crois, jusqu'à ce que je me tortille de son emprise pour attraper mon téléphone sur la table de chevet, et qu'il décide de m'attirer de nouveau contre lui en chuchotant des mots que je ne saisis pas.

Si Thio demeure le même, mon écran de téléphone est inhabituel, lui.

Au lieu de l'unique notification de mes leçons Duolingo oubliées, j'ai une multitude de messages.

Mon estomac se serre.

Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?...

Est-ce encore Amande ?...

Les destinataires font se détendre mes organes, bien qu'aucune de mes questions ne soient encore répondues.

Vésuve, Tony, Anthí, Keoin, et Claes.
Dans l'ordre de l'heure d'envoi.

C'est ma foi plutôt terrifiant.
Mais au moins, ce n'est pas Amande.

Je décide d'ouvrir le moins effrayant en premier. Celui de Vésuve, envers qui j'ai le moins de responsabilité.

Puis je les lis tous, un par un, et leur formulation est à peu près la même. À quelques personnalités près.

Je murmure :

« Thio ?

Je sens son corps vibrer, et ça me fait rire.

— Tu dors ?

Encore une fois, je n'entends pas sa réponse.

— Tapote deux fois si c'est oui, et trois si c'est non.

Contre mon avant-bras qu'il tient dans sa paume, son pouce dessine trois impulsions.

— On peut allumer la lumière ?

Il s'exécute, et je le vois enfin, plein de sueur, les cheveux en forme de ballon de basket, torse nu. Et il bâille.

— Quoi ?

— J'ai reçu plein de messages.

— Ah oui ? De qui ?

— De tes amis et de ta famille.

Nos amis et ma famille qui te considère comme l'un de nôtres., me corrige-t-il.

— Ils me félicitaient de... Je ne sais pas trop de quoi, en fait. Ils disaient qu'ils étaient contents pour toi, et que ce n'était pas trop tôt. Des choses comme ça.

— Waw ! Trop bien !

— Tu leur as dit quelque chose ?

— Quelque chose...

Il bâille, et essaye de réfléchir, puis confirme :

— Ah, ouais ! Je leur ai dit quelque chose !

— Quoi ?

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant