3 - Drinking Amatoxin juice

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          Ma tête est posée sur les genoux d'Amande, et il passe ses doigts entre les mèches de mes cheveux noirs, aussi doux que calme. Nous sommes en train de regarder un film à la télévision avec les sous-titres pour Sourds et Malentendants activés. Dans son autre main, Amande tient une canette de Coca, qu'il passe quelquefois devant mes lèvres pour m'en offrir une gorgée.

Délicatement, Amande se penche vers moi, puisqu'il sait bien que je lui fais dos et que je ne peux donc pas lire sur ses lèvres, et dit près de Léo :

« Tu sais que tu es très beau, Sira ?

— Moi ? Beau ? Tu es stupide, Amande...

— Non, c'est vrai. Ton visage, ton corps, tes cheveux, tes expressions faciales... Tout en toi est beau, c'est impressionnant.

Je crois qu'il ne chuchote pas, mais ses paroles me semblent feutrées, même s'il parle juste à côté de mon appareil auditif.

— Merci, j'imagine...

— Je te jure, Sira. Tu es magnifique et je me demande comment il est possible qu'un garçon comme toi n'avait pas de mec avant moi.

— Tu oublies que je suis sourd., ris-je.

— Tu crois que je l'oublie ?... (...) possible... Mais je pense que ton handicap n'est pas un problème.

— Apprendre la LSF-... C'est un problème. Pour beaucoup de gens.

— Les gens sont stupides.

Je ris, — il est vrai que les gens sont stupides —, et Amande continue de caresser mon cuir chevelu sans porter grande attention au film qui passe.

Ses caresses ressemblent à des nuages.

— Tu ne-... Tu ne regardes-... Pas ?, le questionne-je.

Il s'approche une seconde fois de Léo pour m'interroger :

— Pourquoi regarder un film alors que le chef-d'œuvre est sur mes genoux ?

Un grand sourire non contrôlé sur mon visage, je monte ma main vers son visage et lui donne une pichenette sous son nez.

— Aïe !! Ça (...) m-(...) !!

Oui, tomber amoureux d'Amande De Prusse n'était vraiment pas compliqué.

Passer un après-midi dans son salon, la tête sur ses cuisses, à se faire comparer à une belle peinture, en buvant du Coca-Cola sous le clair soleil de printemps qui filtrait par la fenêtre entrouverte, c'était largement assez pour s'attacher.

Sentir ses cheveux blonds chatouiller mon cou quand il se penchait à mon oreille, sa main effleurer mon crâne de ses douces caresses affectueuses, la chaleur de ses genoux se diffuser jusque dans mes joues rougies par l'amour, la texture à la fois rugueuse et tendre de ses lèvres pêche frôler mon oreille lorsqu'il m'enjôlait de ses paroles flatteuses, c'était la meilleure sensation que l'on puisse espérer.

Alors plus les minutes passaient, plus ses doigts se mêlaient à ma chevelure, plus le film en face de nous défilait devant nos yeux inattentifs, plus j'avais l'impression d'aimer Amande. Comment tout cela pouvait-il être même réel ? Cette ambiance de conte de fées moderne où un garçon sourd s'éprenait d'un garçon apprenant la langue des signes ?

J'ai l'impression d'être dans un rêve.

D'enfin toucher du bout des doigts la belle histoire d'amour que j'ai toujours espéré. Celle qui aboutirait à un mariage divin où mon sourire serait impossible à retenir.

— C'est bien, d'être avec toi, Sira. Même si tu me fais des pichenettes. »

« Hé, Sira... Tu ne devineras jamais ce que j'ai appris aujourd'hui..., m'interpelle Amande.

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant