TW : pensées intrusives / mentions de sang / mentions d'agressions physiques au couteau imaginaires
Une mèche tombe de derrière l'oreille d'Amande, se suspend dans le vide, et il lui souffle dessus. Il est accoudé à son bureau, pianotant d'une main au dessus du clavier de son ordinateur, à côté d'un verre effervescent d'aspirine.
La pluie fait vibrer les fenêtres de la chambre, battante, et seule la lumière des aurores tape les meubles de la pièce.
Je me roule en boule dans la couette. Je dors vraiment trop souvent chez Amande. Ça commence à devenir un problème. Je n'ai pas de vêtements propres pour aujourd'hui.
Mais j'ai le luxe de pouvoir l'observer travailler, et ça vaut tous les cardigans du monde. Amande est très travailleur. Il souhaite plus que tout obtenir son doctorat, et il s'en donne les moyens. Il ne baisse jamais les bras. Même le matin d'une gueule de bois, il est toujours là à rédiger le plan de son projet, qu'il peaufine depuis quelques jours déjà.
Je tends ma main pour attraper la boîte de Léo et Renard, mais bute contre la bague en fils de muselet d'hier. Masoso-tay...
Alors je m'en pare. De mes appareils comme de l'anneau. Et je me lève. Avec la couverture, il ne faut pas non plus pousser le bouchon de mes efforts.
Je me poste derrière Amande, même si je sais qu'il travaille, et je passe mes bras autour de lui, avec mon menton sur son épaule.
« Oh, petit prince... Je t'ai réveillé ?
Je signe devant son visage. « Pas toi. La lumière ».
— Tu veux que je ferme les volets ? Comme ça tu retournes dormir ?
— Non, non... Tu me manques...
— Je te manque ?
Je hoche la tête, bien docile.
Amande sauvegarde son projet, et se lève. Il me prend les mains, face à moi.
Sa chemise de soie rose nacrée s'ouvre sur quelques lignes de son torse, souligné d'un collier d'argent. Ses clavicules ressortent. Les miennes ne font pas ça.
Et de ses manches retroussées aux coudes, sortent ses longs bras, fins, parsemés d'un duvet dorés. Avec au bout ses poignets osseux, balayés de cicatrices blanches, et qu'on pourrait entourer d'une seule main.Et moi, je ne suis pas mince comme ça.
— Je voulais t'emmener à la roseraie aujourd'hui, celle du parc de Bagatelle. Mais le sort est contre nous, et la pluie nous barre la route...
— Ce n'est pas grave, Amande... On n'est pas obligé de faire notre date aujourd'hui...
— Oh, mais mon cher Sira, il n'est pas question d'annuler... Je prendrai soin de toi dans la pluie comme dans le beau temps... Que te sens-tu de faire aujourd'hui, mon amour ? Plutôt sortir ou flâner chez nous ?
"Mon amour"...
"Chez nous"...
J'aime beaucoup ça...
— Plutôt chez nous...
— Très bien ! Alors allons chez toi, et préparons-nous le plus romantique des dîners aux chandelles ! Je cuisine le repas, et tu nous crées une de tes œuvres de pâtisserie comme tu aimes (...) le faire ! Qu'est-ce que tu en dis ?
Devant son air enjoué, je reste dubitatif.
— J'en dis qu'un dîner aux chandelles à dix heures du matin, c'est un peu prématuré.
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Cyanide
Teen FictionLes médias dépeignent les relations toxiques comme l'histoire d'un bel amant violent et manipulateur abusant de son partenaire sans remord aucun. Sira aime Amande. Et bon sang, ce qu'Amande aime Sira. Pourtant, un an tout pile après le début de sa m...