69 - And he was a Beach apple seed

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TW : automutilation, mentions de suicide, mentions de TCA, abus relationnels

Deux semaines après le saut dans la Seine du pauvre Sira, pendant que Thio l'embrassait par erreur à son match de basket, Amande frappait à la porte d'un petit appartement bien trop familier à son goût.

Il était surprenant qu'il soit encore vivant.

Deux semaines sans nouvelles de son amant.

Alors qu'il se sentait mourir au bout de la troisième heure loin de lui.

« Tu fais peine à voir, medvídek.

— Ta gueule, Jed.

Amande avait troqué ses habituelles chemises pour un long débardeur en dentelle noire, et ses pantalons de ville pour son pyjama à carreaux rouges fétiche. Il empestait l'alcool et la clope, avec quelques cendres toujours coincées aux commissures de sa bouche, ses cheveux étaient sales, son vernis écaillé, ses poignets entourés de bandages blancs, ses lèvres gercées et ses yeux gris de fatigue.

Le Amande au cœur brisé, que Jed avait tant l'habitude de croiser.

— C'était quoi la goutte de trop, cette fois ?

— J'ai cisaillé ses appareils auditifs.

Jed éclata de rire, fasciné.

— Tu es complètement névrosé, mon pauvre De Prusse !!

— À qui la faute, Jed ?

— Moi qui croyais que Sira n'arriverait jamais à te quitter...

— Il ne m'a pas quitté. Akée dit qu'il s'est suicidé.

Un grand sourire satisfait montra combien il était soulagé d'en être débarrassé.

— Et tu n'as pas suivi ? Ton fiancé s'est suicidé, et tu n'as pas décidé d'aller le retrouver ?

— S'il est mort à cause de moi, je n'ai pas le droit d'échapper à ma peine. Je dois la purger.

Agacé, Amande toussota :

— Bon, tu me laisses rentrer ?

— Tu ne t'es toujours pas excusé, De Prusse.

— Excusé de quoi, Jed ? De t'avoir laissé me ruiner ?

— Tu m'as insulté, et tu as coupé tous ponts avec moi dès que tu t'es fiancé. Je ne suis pas assez masochiste pour te laisser me malmener et t'accueillir à bras ouverts lorsque tu es désespéré.

— Tu m'aimes, Jed. Tu es ravi que je sois revenu vers toi. Tu te délectes de toujours me ramasser à la petite cuillère après m'avoir brisé une énième fois.

— Tu crois que c'est de ma faute ? Tu crois que le suicide de Sira est ma responsabilité ? Aux dernières nouvelles, c'est toi qui l'as malmené. Ne remets pas tous les torts sur mon dos simplement parce que tu as trop d'honneur pour aller te faire interner.

Amande en avait déjà assez. Il poussa Jed et entra chez lui. Il s'assît sur son canapé, après avoir dégagé les revues douteuses qui traînaient çà et là, et s'alluma une Davidoff.

Exténué.

Amande était exténué.

— Je suis entièrement capable de te baiser sur le parquet ciré, medvídek, mais tu ne préfères pas aller dans la chambre ?

— Tu ne me toucheras pas, Jed.

— Dans ce cas, que me vaut le déshonneur de ta présence, De Prusse ?

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant