76 - And the antidote was Nitrites, sodium Thiosulfate, and Cobalamin salts

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                 Je passe les doigts sous les photos du frigo, accrochées par des aimants en forme de lettres qui lisent « Ketchup » et « Sira ». Il y en a beaucoup. Des photos de Thio et moi à la plage. Des photos de Mimose et moi qui cuisinons le petit-déjeuner. Des photos d'Œuf qui dort à côté de moi. Des photos de Thio qui apprend à Mimose à dire des insultes en grec. Des photos de nous trois. Et puis de Mimose et Œuf qui lisent un bouquin de recettes malgaches.

Nous avons décidé que nous resterions vivre là pendant quelques temps. Que nous aidions Mimose à payer le loyer, ça soulage son fils qui lui versait de l'argent tous les mois malgré qu'il ait lui-même du mal avec ses fins de mois, et que nous faisions les corvées ménage son dos. Son fils économise pour pouvoir lui payer une place dans une belle maison de retraite, plus tard, et ce n'est que là que Thio et moi rentrerons en métropole. On y retournera juste en septembre, cette année, pour assister à la remise du diplôme de Thio. Moi, je redouble, mais j'ai hâte de pouvoir lui resserrer son affreuse cravate jaune, sous sa longue robe noire de bac +3, et puis je suis aussi curieux de savoir comment il fera tenir sa toque d'étudiant sur son énorme touffe de cheveux. Ce sera marrant.

Je suis terrifié de pouvoir croiser Amande dans la rue, alors je ne sortirai pas sans Thio. Il a dit qu'il le « démolirait » s'il le voyait, même si je compte bien l'en retenir. Il a dit qu'il le ferait payer pour Léo et Renard, pour Cerbère et pour le bracelet, et j'ai dit que ce contrat m'allait.

En attendant, le patron de ma pâtisserie a accepté de me former, pour que je puisse passer un CAP. Ce n'est pas vraiment comme ça que j'envisageais mon avenir, à l'origine, et je compte tout de même obtenir ma licence, mais c'est plutôt prometteur. Ce n'est pas un futur qui me déplaît.

Mon téléphone vibre dans ma poche. C'est un appel FaceTime de Masya. Au début, je pense qu'il s'agit d'une erreur, alors j'attends qu'il s'arrête, mais aussitôt s'éteint-il qu'il se rallume. Alors je décroche.

« Heyyyy salut mate !! Oh, sympa la coupe !! Comment tu vas, captain ?!, m'accueille la tête de Vésuve, beaucoup trop près de la caméra.

Ce n'était pas une erreur, alors ?

Iel s'écarte et je vois Masya à côté, avec un grand, très grand sourire qui lui va très bien, et puis un haut en dentelle pourpre, aussi.

— Salut, Sira. Ça fait plaisir de te voir. Et les twists, c'est très joli, chou.

Elle signe. Et elle interprète aussi ce que Vésuve dit. Alors je leur souris.

— Salut... Moi ça va, oui... J'espère que vous aussi... Mais, hum, Thio n'est pas là, il est au travail, alors... Je peux lui dire que vous avez appelé, si vous voulez... Il rentre bientôt...

— Quoi ? Non, Sira ! C'est toi qu'on voulait voir !

— Ah oui ? Moi ? Pourquoi ?

— « Pourquoi », mate ?! Parce que ça fait des mois qu'on n'a pas de nouvelles de notre bestie, tiens donc ! Masya est obligée de soudoyer Thio pour qu'il nous envoie de temps en temps une photo de toi, et moi je regarde juste ses stories amis proches !! Tu as disparu de la planète Terre, mate !

— Thio me poste dans ses stories ?

— Bien sûr ! Tout le temps ! Tu n'es pas dedans ?

— Oh, heu... J'ai supprimé Instagram...

— Ça explique pourquoi tu ne répondais pas aux memes sur l'URSS que je t'envoyais !

— Oui, en partie...

Je déglutis.

Donc...

Vésuve et Masya m'ont appelé, moi...

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant