34 - Gasping for Sulfane

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« Dis-moi, mon adoré Roi de Cœur... Quelles sont les différences entre le retard scolaire, l'échec scolaire, et le décrochage scolaire ?...

— Les trois appellations désignent le même fait. Elles datent simplement d'époques différentes. On disait « retard scolaire » au début du vingtième siècle, « échec scolaire » vers le milieu du vingtième, et de nos jours le nom approprié est « décrochage scolaire ».

— Parfait, comme d'habitude... Quel est (...) problème que Buisson a soulevé ?

— Frédéric Buisson a remarqué que les enfants d'ouvriers travaillaient plutôt bien à l'école primaire puis échouaient au secondaire. Il en conclue que ce n'est pas dû- aux moyens mais à des problèmes d'accès, et que les inégalités sociales se reproduisent.

Je m'étire. Ma posture dorsale est catastrophique, et après je m'étonne d'avoir constamment mal au dos...

— Tu as faim, petit prince ?

— Un peu...

— Très bien. Relis ton cours, prends ton temps, et moi je vais te faire à manger, d'accord ? Tu as faim de quoi ?

Je cogne mes index l'un contre l'autre, puis tourne mes poignets et éloigne mes mains fermées. « Pâtes ».

— Je vais te faire les meilleures pâtes du monde, entendu ? Tu vas voir, petit prince. Tu vas les adorer.

Je ris en posant un « OK » sur mon nez puis en le dégageant très vite de mon visage.

« Poison ».

— Quoi~ ?..., sourit mon copain. Moi ?... Non... Non, jamais de la vie... Mon petit cœur... Tu n'as pas à te méfier de moi...

Alors je pouffe avant de reposer mes yeux sur mes fiches. Tant de fluo, tant de définitions, tant de chiffres... Ça me déprime. Mais au moins... Amande est là.

Amande est là, il est avec moi, et...
Ça compte pour moi.
Qu'il soit là.

J'ai quand même raté mes partiels, j'ai quand même beaucoup de problèmes, mais...
Amande est là.

Il revient peu après avec deux assiettes de pâtes à la carbonara, enroulées en un petit nid doré et juste saupoudrées de parmesan, de fines herbes et d'éclats de noisette, et je crois que je pleure.

Sa main trouve la mienne, qu'il embrasse, juste au dessus du morceau de fer qui me sert de promesse, et je l'entends chuchoter. J'ignore ce qu'il dit, mais sa voix est douce, l'odeur des lardons juste grillés m'apaise, et la vue de son visage calme suffit à me murmurer que tout ira bien.

Si même Amande, Amande qui part en crise de nerfs sans raison valable, arrive à me dire que je vais y arriver, alors j'y arriverai.

Et... S'il m'aime même lorsque je suis misérable...
Je peux bien me laisser m'estimer.

— Hé, Sira...

J'enroule ma fourchette dans un bout du tas de pâtes, hésitant.
J'ai dit que j'avais « un peu faim ». Tout un plat de pâtes, c'est...
Beaucoup.

— J'ai réfléchi, Sira, et...

Mon cœur s'arrête.

Quoi ?

Réfléchi à propos de quoi ?

De moi ?

Quoi ?

— Tu sais que je t'aime, Sira, hein ?

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant