Cyanide

75 - Methylpyrazol cocktails

« Sira, je t'aime, je ne vais pas tourner autour du pot.

Et il se met à tourner autour du pot en argile devant lui, à soixante-cinq euros.

— Je te déteste, Thio.

Il se marre.

— Je sais que tu racontes des salades., attrape-t-il une laitue sur un étal.

— C'est exactement pour ça que je ne vais jamais faire les courses avec toi, idiot de Thio.

— Pourquoi tu fais cette tête ? Mon humour ne te donne pas la banane ?

— Non. Tu me cours sur le haricot.

Il écarquille les yeux, et je me gifle dans ma tête.
Et merde.

— Ha ha ! Tu te prends au jeu toi aussi !

— Pas du tout. C'était une erreur, Thio. Va juste acheter de la gelée royale pour les tisanes de Mimose.

— Tout pour toi, honey !

Retenez-moi de l'étriper, s'il vous plaît.

Je vais finir par l'étrangler là, juste dans les allées du supermarché. Je n'aurai pas assez de force pour le traîner dehors et aller enterrer son corps, alors je plaiderai la légitime défense.

— Voilà, Sugar ! Du miel par l'abeille ouvrière que je suis ! De quoi d'autre on a besoin ?

— Mimose a dit qu'on devait prendre du piment cabri.

— Tu trouves que je ne mets pas assez de piment dans ta vie ?

— Thio. Trouve juste le piment.

— Mais Sugaaar~ ! On n'a pas besoin de piment, ma vie avec toi n'est pas du tout du tout fade !

Les clients du supermarché commencent à le regarder mal. J'ai envie de creuser un trou et de m'enfoncer dedans. Soulever les dalles, puis les reposer sur mon corps mourant.

— Je m'en charge, alors.

— Je te suis, Sugar ! On ne sait jamais ce qu'il pourrait t'arriver !

Quand je traverse le rayon des fruits secs, Thio me cache les yeux parce que « j'ai tendance à m'enticher des mauvaises noix de pécan ». Ouais, il est vraiment bête. Binet et Simon auraient inventé une échelle du QI négatif s'ils avaient connu cet idiot.

— Je t'aime vraiment beaucoup, Sugar.

Je n'y crois pas.
Il doit être télépathe et savoir à quel point je l'insulte dans ma tête. Il veut juste me faire culpabiliser.

Il repose son menton sur le haut de mon crâne.

— On peut acheter des glaces ?

— Non, Thio.

— Mais j'ai chauuud...

— Gesticule moins. Tu aurais moins chaud.

— Sugar, je t'aiiiimeeee, offre-moi une glace~ !...

Je pousse Thio, et lui frotte le piment sous le nez. Puis je l'attrape par la main, il éternue, et je le traîne vers le rayon boucherie.

— Mimose a dit qu'elle voulait des escalopes de porc.

— Et moi j'ai dit que je voulais une glace, Sugaaar !... Je compte pour des prunes, c'est ça ?

Le boucher a presque pitié de moi lorsqu'il me tend le sachet.

Je sais, monsieur, je sais...
Il me fait honte à moi aussi...

— Pas de glace, Thio. C'est l'argent de Mimose.