66 - My Tannic acid-curing nauseas

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J'emprisonne les tas de sable entre mes orteils, assis sur la plage. Je dessine des ronds entre les grains, distrait, et l'océan en face de moi fait assez voyager mon esprit pour que je me permette de rêver.

Thio construit un château de sable à côté de moi, en tailleur dans son short de bain jaune et blanc.

J'ai attendu toute la journée de trouver un moment opportun. Un moment où Thio ne me touche pas.

Je me creuse la tête depuis des jours pour trouver la phrase qui fait passer le message de façon suffisamment claire, tout en me laissant la retirer si ça se passe mal.

Et je l'ai enfin trouvée.

J'ignore si Thio sait à quel point il est merveilleux.
J'ai vraiment peur de ruiner notre amitié, mais je sais aussi que si je prétends m'être trompé, il me croira sur parole et pardonnera mon erreur.
J'espère qu'il sait à quel point ma vie aujourd'hui, avec lui, est vivable. À quel point, oui, même si je n'ai toujours quasiment aucun ami, que j'ai peur de sortir de chez moi sans lui, et que je ne peux pas supporter de me regarder dans un miroir, je n'ai plus envie de mourir aujourd'hui.
J'espère qu'il sait que c'est entièrement grâce à lui.

« Thio., je l'interpelle.

Il lève ses yeux d'or vers moi, insouciant.

Un pic de stress me gagne.

Masoso-tay, vais-je vraiment faire ça ?...

— Oui, Sugar ?

Ses mains sont recouvertes de sable. Son torse luit de sueur. Ses cheveux sont plaqués en arrière par l'eau de mer. Les vergetures de ses bras et de son bas-ventre sillonnent sa peau parsemée. Et des coquillages qu'il a récolté trônent sur sa cuisse.

Je pense que je commence à comprendre pourquoi les filles insistent tant pour sortir avec lui même après s'être aperçu qu'il était stupide.

Les filles...

Non, n'y pense pas...

— Sugar ?

Je déglutis, et je signe un simple « je t'aime ».

— Oh !, rigole-t-il. Je t'aime aussi, Sugar ! Encore plus, même !

Thio rigole, et quand il rigole ses joues rosissent et ses dents brillent. Quand il rigole mon bracelet danse à son poignet, il ferme les yeux, et mon temps s'arrête.

J'adore voir Thio rire.

J'adore quand Thio est Thio.

— Thio ?

— Oui, Sugar ?, répète-t-il.

En signe, c'est vraiment plus facile.

Alors je signe.

Je signe les maudits mots qui me fracassent le crâne depuis déjà quelques semaines.

« Je suis amoureux de toi ».

Je ne les articule pas de ma bouche comme je le fais d'habitude. Mon expression est neutre, et je maintiens son regard jusqu'à ce qu'il ne réponde.

Hélas, il se contente de faire la tête la plus surprise du monde, ses grands yeux tout écarquillés et sa bouche en un petit O étonné.

Puis il fronce les sourcils, pour essayer de réfléchir, — et l'on sait que c'est difficile pour lui —, puis il place un coquillage sur son château et s'époussette les mains.

Je mets un peu de temps à comprendre qu'il m'a rejeté. Parce que je me dis qu'il est juste en train d'y penser. Mais au bout de plusieurs minutes à le regarder construire son stupide édifice, il me propose :

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant