33 - Rejecting Erythroxylum coca

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TW : abus de substances

La cafetière vibre devant moi, de gauche à droite et de bas en haut. Je prie pour qu'elle ne réveille pas Amande, il paraît que ces petites boîtes font un bruit monstre.

Mes yeux sont secs lorsque je verse l'affreux liquide brun dans un verre de lait. Mais c'est toujours trop amer. Je rajoute du sucre, un peu, puis beaucoup, et je déteste toujours autant le voile sur ma langue.

Si je verse soixante centilitres de café dans des dizaines et des dizaines de litres de lait, peut-être que ce sera assez dilué pour que mes papilles ne le sentent pas. Et qu'il y aura tout de même autant de caféine pour maintenir mon cerveau en éveil. Mais je ne suis pas sûr. J'ai toujours détesté la Physique.

Ou bien est-ce de la Chimie ?...

J'hésite. Je vois bien que mes mains tremblent, mais mes paupières se ferment d'elles-mêmes, et un des effets secondaires de l'Alprazolam est la somnolence... C'est pour ça que je ne conduis pas, d'ailleurs. Pas à cause de ma surdité. Les Sourds peuvent conduire, c'est légal. Ça étonne toujours.
Mais c'est vrai.

...Si je prends l'Alprazolam, j'aurais moins mal au ventre, mais je risque de m'endormir, et mes pensées seront embrumées...
...Si je ne prends pas l'Alprazolam, je doute pouvoir sortir de la maison...

Je vais commencer par les trois verres de café au lait — ou plutôt lait au café —, et je verrai le reste après.

Pourquoi ai-je fait une insomnie pile le jour de mes partiels ?...
Et ce n'est même pas de la faute d'Amande. Après avoir débarqué à l'improviste hier soir, il n'a rien demandé de plus que d'aller fumer à la fenêtre avant d'aller se coucher.
Mais savoir qu'il avait dû fuir de chez lui-...
Je ne pouvais juste pas dormir.
Mes pensées me matraquaient le crâne.

Allez... Ça va aller... Avec tout le café que j'ai bu, ça va aller... Juste un Alprazolam, et tout ira bien.

Courage à moi.

               « Alors ?, lève-t-il ses yeux gris sur moi.

Je pose mes clés dans le saladier de l'entrée.

Amande est assis sur mon canapé rugueux, son ordinateur dernier cri sur les genoux, dans mon petit appartement terne, et il rayonne.
Ses cheveux blonds illuminent la pièce. Le collier d'or qui pend à son cou rehausse son teint. La lumière de l'écran frappe pile au parfait endroit sur sa poitrine pour le faire briller.

Et je fonds en larmes.

— Sira- !...

Mon copain ferme son ordinateur, se précipite vers moi, et tente de me relever la tête.

Ratsy...

— Qu'est-ce qu'il y a, mon petit prince-... Ça s'est mal passé ? Le sujet était compliqué ? Tu n'as pas eu le temps de finir ? Mon cœur, parle-moi...

— Non-...

Il me serre dans ses bras.

Le sujet était vraiment simple.
C'était exactement la situation que nous avions vue en cours. Le même tableau sur la divortialité. Les mêmes démographies.

Ce même cours que je n'avais pas révisé.

— Oh, mon cœur... Ça va aller... Ça va aller, d'accord ? Tu iras au rattrapage, je t'aiderai à réviser, d'accord ? Ce n'est pas de ta faute, une erreur ne te définit pas et tu n'as même pas encore eu ta note ! Ça ira, Sira, d'accord ?...

— Mes mains tremblaient à cause des médicaments, Amande., renifle-je. Et du café, sûrement. Mais ça n'a rien fait puisque je me suis endormi sur ma copie comme le plus stupides des idiots et-...

CyanideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant