65| La pitié

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⚠️ TW: violence sur mineur ⚠️

Nami : 17 ans

Eraser avait demandé à Keigo de ne pas prendre place en tant que tireur puisqu'il avait déjà appris à manier cela. Il avait ensuite poursuivi ses consignes qui disaient que pour passer à une distance plus conséquente il fallait réussir à toucher le mannequin soit deux fois au torse soit une fois à la tête. Lorsqu'Osaki reprit sa place, je remarquai le regard méprisant que lui lancer Keigo. Je réprimai un sourire face à cette scène. A son retour, mon ami n'avait demandé aucune explication mais je savais qu'il était au courant de ce qui s'était passé.

Cette fois ci, je pense que Kaïto avait compris que stresser ne servait à rien, il avait donc tenté de se calmer avant de tirer et d'atteindre sa cible à la jambe. Il se retourna vers moi et me sourit. Je levai les yeux au ciel et vérifiai le chargeur de l'arme. Il ne devait pas être rempli en entier puisqu'il n'y avait plus de balles. Je me tournait vers mes professeurs pour leur signaler, mais M.Aizawa me regardait avec un doigt sur sa bouche en signe de me taire.

J'imaginais que toutes les armes étaient comme la mienne. Cela devait être un test pour voir qui avait le réflexe de regarder à cet endroit de l'arme. Tout le monde se plaça et, le signe que m'adressa mon professeur principal m'invitait à en faire de même. Je me mis en position mais, au top, je ne tirais pas. Lorsque tous mes autres camarades tentèrent de le faire, ils furent tous surpris de ne voir aucune balle partir. J'entendis un rictus de la part de Keigo. Tous les fautifs se regardaient incrédules et on voyait très bien sur les traits de Kawasaki qu'elle était agacée.

Snipe et Eraser s'avancèrent et le professeur spécialisé s'exclama : « Contrairement aux autres années, tout le monde n'est pas tombé dans le piège ! »

Ils se tournèrent tous vers moi sans aucune surprise.
Hawks me donna un coup au hanche pour me pousser à le regarder. Je ne remarquais que lorsqu'il posa une des ses mains sur mes épaules que je tremblais. Je détestais le bruit des coups de feu et encore plus celui d'un tir avec un pistolet pas chargé. Beaucoup de souvenirs et très peu de filtre pour les gérer. Beaucoup de mauvais souvenirs... Beaucoup trop de mauvais souvenirs...

Nami : 10 ans

Je me réveillai à même le sol, ayant mal à plusieurs parties de mon corps. Des cries se faisaient entendre dans tout le taudis. Je me levai tant bien que mal et commençais à me diriger vers leur source en boitant.

Arrivée au cadre de la porte de la salle où, habituellement, papa exerçait sur ses victimes. Ce que j'y vis ne me tortura pas plus que ça; trois corps dont celui d'un homme que j'avais déjà croisé gisaient au sol. Tous inertes.

Je relevais mon regard et croisai celui d'une jeune adolescente pas plus vieille que 17 ans. Elle avait l'arcade sourcilière ouverte et mon père se tenait face à elle, un revolver en main. Celui-ci suivit le regard de la femme et me dévisagea. Il souffla avant de baisser son arme et de s'adresser à moi : « Yu-Na-Mi... je te l'ai deja dit... ARRÊTE D'ÉCOUTER AUX PORTES !!! »

Il était ivre... À ces mots, il redirigea le pistolet en plein milieu de mon front. Sous la peur naissante, mes jambes se dérobèrent sous moi. J'étais à terre, un homme cherchant à me tuer en face.

Belle situation. La vie et la mort n'étant rien pour moi, je fixais la fille encore vivante sans aucunes arrière-pensées. Ni un appel à l'aide, ni un conseil de fuir. J'attendais simplement le coup de feu décisif. Lorsque mon père hurla des mots incompréhensibles, je compris enfin qu'il n'allait pas hésiter. Je repensais à la vie miséreuse que j'avais eu, et c'est à ce moment là que je pensais à lui... Toya.

Celui qui m'avait aidé quelques mois auparavant. Celui qui me recueillait dans sa famille alors que je ne lui fournissais aucunes informations quant aux blessures recouvrant mon corps. Je ne voulais pas mourir avant de lui avoir dit au revoir... Lorsque mon père actionna la gâchette, un petit clic indiquant que l'appareil était vide se fit entendre. Il cria de plus belle et, en un dernier regard vers son autre victime qui inspirait la peur et la pitié, je me relevais et sortis au plus vite. Je savais où j'allais : chez Toya.

Lorsque j'étais arrivée, sa mère m'avait ouvert et dans la panique, je lui sortais l'excuse de l'homme qui me suivais alors que j'étais en plein centre ville... Elle ne posa pas plus de questions et me fit entrer.

Fin du souvenir.

Keigo m'avait pris la main et la pressait de sorte à me calmer. Je regardais nos deux mains enlacées et je me concentrais sur les explications de mon professeur.

Le reste du cours se déroula sans encombres. Hawks avait insisté pour passer à l'infirmerie puisque, selon lui, ma tension artérielle était remontée. Ça me désole de le dire, mais il avait raison. On m'avait donc congédié chez moi pour le reste de la journée.

Une fois à la maison, Keigo me questionna :
« Tu pensais à quoi tout à l'heure après la supercherie de tes professeurs ?
- Oh... a rien...
- Yunami....
- À rien ne t'inquiète pas.
- À ton père n'est ce pas ?... je le sais. Quand tu penses à lui, l'éclat de ton regard change... comme si tu étais encore dans une profonde dépression...
- Pfff...
- Yuyu... je veux t'aider. Mais je ne le peux pas si tu ne te confies pas...
- Je... Je pensai à un incident qui a eu lieu il y a à peu près 7 ans avec lui...
- Avait-il un rapport avec les armes à feu ?
J'hochai la tête en signe d'approbation.
- Ok. »
Il n'en dit pas plus et m'attira vers lui pour m'enlacer. Je déteste que mon ami me donne de sa pitié. Mais, en ce moment, j'en avais besoin... j'avais besoin de me sentir aimé...

Merci de votre lecture !!!

La vague du tsunamiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant