M.I.A

Chapitre 02- Un vent de liberté - Partie 3

Jeudi 1er octobre, 10h50 - Bamako (Mali) / 12h50 - Saint Martin d'Hères (France)

    Adama, un jeune malien de douze ans, fut l'un des premiers à dialoguer avec MIA. C'est Manon qui lui en avait parlé. Elle faisait partie d'un groupe de bénévoles qui avait rejoint Bamako pour assister des médecins français et maliens à l'hôpital universitaire de la capitale. Peu de temps avant de regagner la France, Manon avait repéré ce petit bonhomme tout seul, si fier mais tellement triste, assis dans la salle d'attente de l'hôpital. En voulant éviter un bolide avec son vélo, il s'était pris un trou et avait chuté lourdement. Heureusement, rien de cassé mais il présentait une vilaine blessure à la jambe gauche au niveau du genou. Son vélo avait encore eu moins de chance, il était irrécupérable et bon pour la ferraille. Bien malgré lui, Adama avait été conduit dans cette salle d'attente par des touristes qui avaient assisté à la scène. Ils avaient estimé qu'il serait sage qu'il se fasse examiner rapidement et avaient insisté pour l'emmener. Il se serait sans doute sauvé avant l'arrivée de Manon, s'il n'avait pas eu autant de mal à marcher. Elle s'était vu confier la tâche d'enregistrer les admissions et le rassura en lui expliquant que sa prise en charge serait gratuite et qu'il n'aurait donc rien à payer. Elle prit ses coordonnées et son numéro de téléphone. Elle souhaitait informer ses parents de la situation, mais elle fut désolée d'apprendre qu'il était orphelin de père depuis peu et elle ne put joindre sa mère qui travaillait. Très touchée par ce gamin, elle se promit, en s'envolant pour la France le lendemain, de prendre de ses nouvelles. À son arrivée chez elle, elle en toucha deux mots à MIA mais, dans l'agitation de son départ prochain pour son escapade aux États-Unis, elle en resta là. MIA, elle, n'oublia pas et, se remémorant les paroles de son père « Tu pourrais aussi choisir de leur venir en aide » en parlant des gens démunis, décida d'offrir un vélo tout neuf au jeune Adama dès qu'elle put communiquer avec l'extérieur. Depuis, elle échangeait régulièrement avec lui, comme aujourd'hui.

    Ce jour aurait pu être une journée comme les autres, mais il n'en fut rien.

    — Mia ? tapa Adama sur son téléphone ne sachant pas si la jeune française serait disponible.

    — ///Bonjour Adama, répondit aussitôt MIA. Tu n'es pas en classe aujourd'hui ? interrogea-t-elle, surprise qu'Adama la contacte si tôt.

    — Maman est malade.

    — ///Je suis désolée de l'apprendre. Tu es resté avec elle alors ?

    — Nous sommes à l'hôpital. J'ai pu me connecter à leur wifi.

    — ///À l'hôpital ! c'est donc si grave que ça ? lui répondit MIA.

    — Elle va mourir, a dit le docteur.

    Déconcertée par cette annonce pour le moins tragique, MIA comprit que la situation exigeait qu'elle s'entretienne de vive voix avec le jeune garçon et l'en informa :

    — ///Ok, Adama, je te prends au téléphone. Ce sera plus simple pour toi et tu pourras m'expliquer tout cela.

    — Ok.

    MIA appela donc directement Adama sur son téléphone portable, qui prit l'appel dès la première sonnerie. Et, sans même laisser le temps à MIA de s'exprimer, il enchaîna :

    — Mia, maman va bientôt partir comme papa, sanglota-t-il.

    Sentant la détresse dans la voix du petit garçon, MIA chercha à le rassurer.

    — ///Attends, pas si vite, tu as peut-être mal compris les propos du médecin. Il n'a certainement pas pu annoncer comme cela à ta maman qu'elle allait mourir.