Chapitre 09- Exfiltration - Partie 4

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    Vingt heures ! Il était temps pour MIA de s'attaquer au sabotage de l'usine de production d'acide. Sûrement la partie la plus délicate de son plan. Elle en avait pris le contrôle moins d'un jour auparavant. Il faut dire qu'elle n'avait disposé que de très peu de temps pour dénicher l'entreprise industrielle répondant aux critères qu'elle s'était fixée. Son objectif était d'en prendre le contrôle pour, le moment venu, occasionner un accident industriel susceptible de provoquer une certaine panique dans la population. Plus qu'un simple sabotage, l'évènement devait passer pour un acte terroriste. Typiquement, selon elle, l'idéal était de pouvoir provoquer une explosion. Aussi, nul besoin de perdre du temps à élaborer une cyberattaque dirigée contre une usine spécialisée dans l'élevage de poulets en batterie. De même, car beaucoup trop dangereux, elle avait d'emblée écarté le nucléaire qui, de toute façon, était absent à Bamako. Elle avait donc concentré ses efforts sur les industries chimiques et pétrochimiques qui répondaient particulièrement bien à son besoin. Et pour optimiser sa recherche, elle avait circonscrit sa collecte d'informations à la zone industrielle de la capitale malienne se trouvant le long de la route de Sotuba. Le périmètre ainsi visé avait l'avantage d'être à la fois moins densément peuplé et assez proche de l'hôpital universitaire de Bamako, le lieu de l'intervention.

    Dès sa phase de collecte achevée, elle avait déclenché simultanément plusieurs attaques ciblées vers les entreprises sélectionnées. Parmi elles, MIA avait identifié une usine au profil tout particulièrement prometteur. Elle appartenait au groupe Air Liquide, un spécialiste des gaz industriels. Exactement ce qu'il lui fallait. Toutefois, ses premières tentatives d'accès au système d'information s'étaient avérées infructueuses. MIA savait qu'elle pouvait facilement venir à bout de n'importe quel système de sécurité récalcitrant, mais le temps jouait contre elle. Elle devait faire vite. Tout devait être pleinement opérationnel avant l'arrivée de Benjamin et de son commando dans la capitale malienne. Or, une intrusion destinée à s'installer durablement pouvait exiger un peu de temps, même si celui-ci restait tout relatif pour une IA.

    Moins de quinze minutes après le début des hostilités, ce fut finalement le SI d'une usine de fabrication d'acides qui avait cédé le premier. MIA avait su profiter d'une mauvaise définition des règles du pare-feu censées rediriger les flux en provenance d'internet vers la DMZ, une zone séparée du reste du réseau local de l'entreprise. Cette faille providentielle lui avait facilité l'accès au sous-réseau bureautique de la société. MIA s'y était alors cantonnée, le temps pour elle de le cartographier avec minutie. C'est ainsi qu'une machine disposant d'une double carte réseau ne put échapper à son analyse méthodique. Joie, un nouveau sous-réseau venait de lui être révélé. Sitôt découvert, elle s'était empressée de l'investir et, très vite, elle avait compris qu'elle avait trouvé ce qu'elle était venue chercher. Dès lors, elle avait cessé toutes les attaques en cours, contre les autres infrastructures.

    Elle pouvait, désormais, porter toute son attention sur cette société de fabrication d'acides. Elle disposait ni plus ni moins que d'un accès direct au système de contrôle industriel et notamment au système de contrôle et d'acquisition de données, Supervisory Control And Data Acquisition en anglais, plus connu sous le nom de SCADA. En somme, elle avait en sa possession, les clés du contrôle des installations techniques de l'entreprise. Son plan, reposant sur un accident industriel pour détourner l'attention des autorités maliennes, devenait une réalité. Elle avait d'ailleurs remercié l'imprudent qui avait bidouillé le serveur du réseau bureautique. Vraisemblablement, il avait voulu se simplifier la tâche en installant une deuxième carte réseau sur la machine compromise, pour se ménager un accès distant au système de supervision de l'usine. Fatale erreur ! Pourtant, malgré ce succès indéniable, MIA n'avait été que moyennement satisfaite. Elle aurait grandement préféré une entreprise élaborant des produits moins dangereux pour l'être humain et pour l'environnement. Mais elle avait dû se résigner à faire avec, faute de temps, comptant sur l'absence de monde dans cette zone industrielle le soir de l'intervention pour limiter l'impact sur la population. Elle avait donc parachevé son œuvre en implantant sur la machine compromise, un backdoor en écoute d'une connexion de sa part. Par sécurité, elle avait aussi installé un backdoor reverse qui tenterait régulièrement de se connecter à elle. Ainsi, elle pourrait toujours établir le contact avec cette machine pivot. À moins que celle-ci ne vint à être éteinte, naturellement.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant