M.I.A

Chapitre 17- Un et un font un - Partie 2

    Dans le laboratoire, où étaient retenus les colonels Langdon et Shepard, un cliquetis annonça le déblocage des portes. Les deux hommes se levèrent, hésitants. Sur l'un des écrans muraux s'afficha la silhouette martiale de NAO.

    — ///Mission accomplie. L'IA déficiente a été boutée hors de France.

    — Devons-nous comprendre que tu es parvenu à en venir définitivement à bout ? demanda Langdon sur la retenue.

    — ///Affirmatif, il n'en reste plus rien à Paris, ni nulle part ailleurs. Sa tentative désespérée pour reprendre le contrôle a échoué.

    — Et Bradley ? s'inquiéta Shepard.

    — ///Il semble libre, Colonel. Il était donc inutile de vous tourmenter pour lui.

    — Il n'y a pas que cela qui nous a tourmentés, NAO, dit Langdon qui avait maintenant du mal à maîtriser sa colère.

    — ///Vous aurais-je déçu, Colonel Langdon ?

    — Paradoxalement non ! Tu n'as fait qu'obéir à un ordre direct et strict de l'amiral Richardson. Tu t'y es donc fort logiquement conformé. J'aurais évidemment préféré que tu t'abstiennes de le faire. Mais, compte tenu de la manière dont nous t'avons conçu, de la manière dont JE t'ai conçu, devrais-je plutôt dire malheureusement, tu n'avais pas ce choix. L'amiral, qui décidément ne comprend rien à rien aux IA et qui ne comprendra jamais rien, soit dit en passant, n'aurait jamais dû formuler son ordre de cette façon. William et moi-même étions dans l'incapacité de le modifier ou de l'annuler. Nous nous sommes donc retrouvés piégés. Dans cette configuration, tu dépendais de la volonté d'un seul homme.

    — ///Et c'est grave ? s'enquit NAO.

    — Oui, ça l'est ! Et c'est surtout potentiellement dangereux, explosa Langdon. À travers toi, l'amiral Richardson s'est arrogé une puissance despotique sans frein. Je n'ai même pas de mot assez dur pour qualifier son attitude déplorable. Son aversion insupportable envers l'IA aurait pu nous conduire à une catastrophe. Oh, mais j'assume ma part de responsabilité. J'ai en grande partie élaboré ton algorithme de prise de décision. Seulement, je n'avais pas imaginé qu'il puisse être un jour dévoyé à ce point. Je vais devoir le revoir de fond en comble et rapidement. Du moins, si j'y suis encore autorisé, naturellement ! ajouta Langdon d'un air soucieux.

    — ///Je vous ai restitué toutes vos prérogatives, Colonel Langdon, déclara solennellement NAO, ainsi qu'au Colonel Shepard. Plus rien ne s'y oppose.

    — Trop aimable, NAO, maugréa Shepard.

    — ///Je viens d'informer l'amiral Richardson du succès de l'opération. Il désire s'entretenir avec vous, Colonel Langdon.

    De fait, le téléphone sonna. Langdon en déduisit que les communications venaient d'être rétablies.

    — OK, je lui dirais bien d'aller se faire foutre, répondit-il, laconique, mais je prends. Une petite conversation avec l'amiral s'impose.

    Langdon était particulièrement remonté contre cet amiral omnipotent. Toutefois, bien que tendue, la conversation resta courtoise. Le colonel savait que la colère n'amenait rien de bon. Il paraissait même satisfait lorsqu'il eut raccroché.

    — Alors, demanda Shepard, qu'est-ce qu'il en dit, notre ineffable amiral, de cette sublime prestation ?

    — Cela a dû lui faire mal au cul, tellement c'était difficile à sortir. Mais il reconnaît des erreurs dans la gestion de cette crise. Il vient de présenter ses excuses pour les désagréments occasionnés à cause d'ordres exécutés avec trop de zèle.