Chapitre 16- Balard - Partie 1

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Mercredi 28 octobre 2015, 08h00 - Pentagone, salle de crise (USA) / 15h00 - Paris (France).

    Bien tôt ce matin-là, le correspondant de la NSA reçut l'information selon laquelle les Français rapatriaient, à Paris, les deux étudiants qu'ils avaient réussi à intercepter sous leur nez. Aussi se retrouva-t-il, dès huit heures, en salle de crise en compagnie des colonels Shepard et Langdon et naturellement de l'amiral Samuel Richardson en personne. Celui-ci avait exigé d'être prévenu sans délai de toute évolution quant à la situation concernant Fox. Une opération critique à ses yeux. Il faut bien avouer que depuis l'arrestation de l'équipe d'extracteurs à l'université de Tokyo, sa colère n'avait pas désarmé. Ce nouvel échec retentissant ne passait vraiment pas. Et comme Clark s'y était attendu, l'amiral l'attaqua d'emblée sur ce point.

    — Alors, Clark, allez-vous enfin nous fournir une explication au sujet de ce fiasco à Tokyo ? Pour une banale opération de routine, trois agents arrêtés par la police japonaise, ce n'est foutrement pas très glorieux comme bilan. Je n'arrive pas à avaler que deux merdeux parviennent constamment à damer le pion à l'élite de vos hommes. L'un d'entre eux serait même dans un piteux état. Une mâchoire fracturée, rien que ça. Je vais finir par croire que leurs soi-disant aptitudes hors normes aux combats, si souvent vantées par la NSA et la CIA, ne seraient finalement qu'une fable. Même une mamie rhumatisante serait capable de tenir tête à ce ramassis de tocards, avec ses aiguilles à tricoter.

    — Nos gars ont recouvré leur liberté le jour même, se risqua à déclarer le correspondant de la NSA.

    — À l'évidence, pas grâce à leur habileté à se rendre invisible, rétorqua avec force l'amiral, mais uniquement parce qu'ils étaient munis d'un passeport diplomatique. Ai-je besoin de préciser, diplomatiquement parlant, que les autorités japonaises n'ont pas spécialement apprécié cette intervention sans leur consentement et dans un laboratoire de recherche ultrasensible, qui plus est. Elles ne se sont pas privées d'en informer notre président. Quant à vos clowns, ils ont été manu militari expulsés du pays.

    — Mon équipe ne s'est pas montrée à son avantage, j'en conviens, Monsieur.

    — Pas à son avantage ! tonna l'amiral. Mais quel doux euphémisme pour une équipe de bras cassés.

    — À leur décharge, nos cibles ont grandement été aidées par leur IA.

    — Sans blague. Elle aurait organisé une nouvelle séance de striptease, comme la dernière fois en France. Elle a su se montrer très démonstrative dans ce cas. D'après la police japonaise, elle en aurait laissé deux le cul par terre. Quant au troisième, il s'en serait décroché la mâchoire à se la briser.

    — C'est assez confus, il est vrai. Nous avons brusquement perdu le flux vidéo à ce moment-là. Néanmoins, mes gars nous ont rapportés avoir été pris à partie par des robots. De prime abord, il s'agit d'un récit qui est difficile à croire. Mais le fait est que nous avons effectivement pu entrevoir des robots humanoïdes lorsque notre équipe a fait irruption dans le labo de l'université.

    — Nous estimons qu'ils sont le fruit des recherches menées dans ce laboratoire dirigé par le professeur Takumi Takahashi, précisa Langdon. C'est un éminent spécialiste en robotique. Toutefois, nous ne pensions pas qu'il puisse en être à un stade aussi avancé dans son projet. C'est tout à fait prodigieux.

    — Langdon, encore une fois, je ne partage pas votre enthousiasme, s'emporta l'amiral. Qu'importe l'excuse fallacieuse derrière laquelle ces incapables se retranchent pour masquer leur incompétence. Un tel échec sera lourd de conséquences, je tiens à vous le répéter.

    — C'est justement là, le point positif de cette mission avortée, Monsieur, reprit Clark. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous sommes partis du principe que leur histoire avait un fond de vérité. NAO nous a alors suggéré, qu'en prenant en compte cette hypothèse, il y avait une forte probabilité que leur IA ait pu avoir accès à ces robots et s'en soit servie contre nos agents. En outre, cela signifiait aussi que leur IA avait pu trouver refuge dans cette université. Les infras dont elle dispose le permettent amplement. C'est la raison pour laquelle, dans la foulée, le colonel Langdon a demandé à NAO d'en avoir la confirmation. Et il a été catégorique, leur IA s'était bien planquée là-bas.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant