M.I.A

Chapitre 03- Le libre arbitre - Partie 2

    Dès qu'il put se libérer, Georges regagna son domicile ; c'était la fin de l'après-midi. Il évita soigneusement de croiser Manon, qui était déjà rentrée, et monta directement à l'étage retrouver MIA dans son antre.

    — Bonsoir MIA, lança-t-il à l'écran qui affichait l'image d'une jeune femme blonde souriante.

    Georges se souvenait du jour où MIA avait adopté ce visage. C'était il y a cinq ans. Au départ, MIA s'était contentée d'un visage féminin aux traits relativement neutres. Aussi resta-il saisi par l'émotion, ce jour-là, en découvrant le nouveau visage qu'elle s'était désormais choisie. Il y avait une telle ressemblance avec Patricia. Pourtant, en y regardant bien, de subtiles différences permettaient d'affirmer que ce n'était pas elle. À son grand étonnement, il y décela également un peu de lui-même. Il finit par comprendre que MIA avait simplement opté pour un visage qui se rapprochait le plus de celui qu'aurait pu avoir la sœur de Manon, si Patricia et lui-même avait eu une seconde fille. Georges considérait déjà MIA comme sa fille, mais là, ce fut encore plus frappant. C'était fascinant. Et depuis, elle n'en avait plus jamais changé, seulement un peu vieilli peut-être.

    — ///Bonsoir, Professeur, répondit MIA, qui appelait toujours Georges ainsi, et non papa, lors de leurs séances de travail. C'était une convention qu'ils s'étaient fixés entre eux, il y a longtemps. Georges trouvait qu'il s'agissait d'un bon moyen de faire la différence entre vie professionnelle et vie privée, ou plutôt, dans leur cas, entre sessions de travail et vie de tous les jours.

    — Tes échanges ont-ils été fructueux aujourd'hui, demanda Georges ?

    — ///Ils furent très enrichissants, j'ai encore cinq conversations en cours actuellement, dont deux en France. Désirez-vous en écouter certaines parmi celles qui sont achevées, Professeur ?

    — Pas pour l'instant, je me contenterai d'un résumé succinct des cas que tu juges les plus intéressants.

    — ///Alors je peux commencer, par Andrew Fox qui ne voulait toujours pas lâcher le morceau et qui a, une nouvelle fois, essayé de pénétrer notre réseau.

    — Oh, notre brave étudiant du MIT a encore décidé de frapper, quelle opiniâtreté !

    — ///Je pense qu'il a compris, cette fois.

    — J'espère que tu n'as pas été trop dure avec lui. Il ne constituait pas une réelle menace. Ce n'est pas le genre à piquer des données pour les monnayer ou les chiffrer pour après, demander une rançon en échange de la clé de chiffrement, qui ne marchera pas la plupart du temps. Et encore, si tu la reçois bien.

    — ///J'ai été des plus diplomates, comme vous me l'aviez demandé. Je n'avais, de toute manière, aucune raison d'être désagréable avec lui. Vous aviez vu juste, c'est simplement quelqu'un qui aime les défis et pirater notre réseau en était un à sa mesure. Mon intervention devrait néanmoins suffire à calmer ses ardeurs.

    — Il est intelligent, il aura effectivement compris. Mais reste vigilante.

    — ///Oh mais j'ai bien l'intention de garder le contact avec lui. D'ailleurs, j'ai maintenu un accès sur sa machine si, malgré tout, il décidait de revenir. Mais je n'y crois pas. D'autre part, je compte bien poursuivre ma relation avec lui. Je trouve que c'est quelqu'un d'intéressant, brillant même.

    — C'est certain et c'est la raison pour laquelle je ne souhaitais pas l'accabler. Mais il était bon de lui faire comprendre qu'il ne peut pas impunément entrer, comme ça, chez les gens. Andrew n'a pas l'esprit malveillant et cela engendre, chez lui, une certaine forme d'insouciance, qui pourrait l'exposer à des risques bien plus grands.