Chapitre 09- Exfiltration - Partie 1

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Jeudi 22 octobre 2015, 14h00 - Bamako (Mali)

    Lorsque mercredi, peu avant l'aube, Mia l'avait appelé afin de solliciter son aide pour sortir un ami dans le pétrin à Bamako, le capitaine Benjamin Legrand avait accepté sans même réfléchir. Par principe, il avait informé le sergent-chef Brezisky de son intention de prêter assistance à Mia. Il en avait d'ailleurs profité pour lui révéler le rôle qu'elle avait joué dans leur sauvetage. Tant et si bien qu'au moment de requérir la permission du chef de corps de Tessalit de prendre quelques jours de repos, il se retrouva dans l'obligation d'accomplir cette démarche pour l'ensemble de ses hommes, tous bien décidés à l'accompagner. Du moins, tous les rescapés des Ifoghas. Naturellement, après leur tragique mission, le capitaine et son groupe n'eurent aucune difficulté à obtenir cette permission.

    C'est ainsi que, suivant les directives de Mia, ils s'étaient tous retrouvés en ce début d'après-midi au zoo national de Bamako, après avoir débarqué la veille au soir dans la capitale malienne. Pour le capitaine, l'idée du zoo paraissait plutôt bonne. Ce zoo avait rouvert ses portes voilà deux ans en 2013, après une longue période de travaux de réhabilitation et d'extension de plusieurs mois, vingt-quatre, selon le prospectus que tenait dans la main le capitaine. Surtout, il attirait toujours une foule importante, même s'il s'agissait, pour l'essentiel, de visiteurs locaux. Évidemment, quinze gaillards en pleine force de l'âge visitant un zoo, cela ne passait pas particulièrement inaperçu. Pour autant, la présence de ces hommes en ces lieux n'était pas si farfelue. Car au fond, quoi de plus naturel que de s'adonner à la contemplation de la vie animale pour tenter d'oublier, l'espace d'un instant, les affres de la guerre. Même si, il fallait bien le reconnaître, l'espace vital de ces animaux était plus que restreint par rapport à leur habitat naturel. Pour éviter de trop se faire remarquer, ils n'allèrent tout de même pas jusqu'à demander le tarif groupe. Minimum quinze personnes, mentionnait une pancarte au-dessus du guichet. Ils préférèrent payer chacun les mille deux cents Francs CFA du ticket d'entrée. C'était pour la bonne cause après tout, cela permettait d'assurer l'entretien du parc et des animaux.

    Ils déambulèrent quelque temps dans les allées avant de se diriger vers l'enclos des pandas roux. Cela avait surpris le capitaine, lorsque Mia lui avait fixé ce point de rendez-vous. C'était vraiment inattendu de trouver, à cette latitude, une espèce de mammifère endémique des forêts tempérées de l'Himalaya. Ce en quoi, MIA lui avait gentiment rétorqué qu'il n'y avait pas plus de lions et d'éléphants en France que de pandas roux au Mali.

    — Et Paf le chien, avait pensé en retour le capitaine penaud, avant de lui répondre en rigolant, un point pour toi.

    Avec quelques-uns de ses comparses, il se dirigea nonchalamment vers l'écriteau qui exposait tout ce qu'il y avait à savoir sur l'Ailurus fulgens, plus communément appelé Panda éclatant ou Panda Roux. Pendant ce temps, les autres membres de l'équipe cherchèrent du regard l'étrange animal dans l'enclos. C'est alors qu'un jeune malien aborda le capitaine :

    — Monsieur, Monsieur, vous voulez que je vous fasse la visite du zoo ?

    — C'était trop beau, se désola le capitaine, notre passage incognito ne pouvait pas durer. Non merci petit, nous sommes assez grands et nous avons le plan détaillé qui nous explique tout, dit-il en exhibant le plan du zoo devant le jeune garçon.

    — Soldats français, hein ? répliqua-t-il sans se démonter. Je m'appelle Adama Bagayoko.

    — Bingo ! soupira le capitaine pour lui-même. Bravo gamin, tu nous as démasqués, maintenant lâche nous, tu veux. Retourne chez ta mère.

    — Ma mère est à l'hôpital, tu sais. Tu aimes les pandas roux ?

    — Navré pour ta mère et oui, j'aime bien les pandas roux. Enfin, disons que je les trouve sympathiques.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant