Chapitre 13- Elle est toujours vivante - Partie 1

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Samedi 24 octobre 2015, 07h15 - Bamako (Mali) / 03h15 - Washington (USA) / 16h15 - Tokyo (Japon)

    Le colonel Marc Lagarde était perplexe. Il venait tout juste d'apprendre par son adjoint, le lieutenant Carpentier, la surprenante fuite d'Andrew Fox pour la capitale nippone.

    — Ainsi donc, tu te serais envolé pour Tokyo, murmura le colonel qui aimait s'exprimer à voix basse lorsqu'il réfléchissait. Une destination peu commune pour un djihadiste. Oui, bien peu commune, je trouve. Et maintenant te débusquer, là-bas, va être très difficile, c'est certain. Pourtant, ...

    Le colonel se concentra. Il ne pouvait pas encore l'expliquer, mais c'était comme si, en écoutant le lieutenant tout à l'heure, son instinct lui avait subitement soufflé qu'il y avait encore de l'espoir. Une intuition diffuse. Oui, il en était convaincu, une information ne devait pas être négligée. Mais, laquelle ? Il lui fallait consulter au plus vite les données concernant le vol de ce jeune ressortissant américain.

    Il n'eut aucune difficulté à se procurer le plan de vol de l'appareil de la Rising Sun Business Aviation Company. Celui-ci avait effectivement décollé d'Abidjan vendredi, peu après sept heures du matin. L'escale à Calcutta était aussi confirmée.

    — Oui, forcément, une escale. Sur une telle distance, c'était inéluctable pour un Falcon 7X, présuma le colonel. Après onze heures de vol, il devait bien se poser quelque part pour ravitailler. Arrivée prévue pour vingt-trois heures trente, heure locale. Cela fait dix-huit heures chez nous. C'était hier, autant dire une éternité.

    Il poursuivit la lecture du plan de vol. Apparemment, l'avion de Fox était censé avoir redécoller sur le coup de trois heures du matin, pour une arrivée programmée vers midi et demi à Tokyo, heure locale. Le colonel fit une rapide conversion, sachant que le Japon avait neuf heures d'avance sur le Mali.

    — Son avion aurait donc dû atterrir aujourd'hui vers trois heures et demie du matin, heure de Bamako, conclut-il toujours à voix basse. Si tel a été le cas alors, oui, Carpentier a raison, Fox est arrivé à Tokyo depuis plus de quatre heures. Et dans ces conditions, pouvoir le retrouver dans une ville de plus de treize millions d'habitants ne sera pas une sinécure. Si tant est, bien sûr, que la capitale japonaise soit bien sa destination finale ? Le parcours de cet étudiant américain est tellement extravagant que rien ne me permet d'en avoir la certitude. À moins que, ... Calcutta ! Oui, c'est ça, c'est l'escale à Calcutta qui a éveillé mon intérêt. Je suis sûr que cette ville a fait parler d'elle il y a peu. Des troubles ont éclaté là-bas. N'était-ce pas à l'aéroport justement ? Si seulement ...

    Le colonel se mit immédiatement en quête de l'information qui avait titillé son esprit dès que le lieutenant avait mentionné la ville de Calcutta. Il tapa le nom de l'aéroport de la capitale indienne de l'État du Bengale-Occidental, sur le moteur de recherche interne au service du renseignement. Le premier résultat de la liste consistait en une alerte émanant du quai d'Orsay, le ministère des affaires étrangères. Elle faisait état de difficultés que pourraient rencontrer les ressortissants français voyageant dans cette région de l'Inde pour rentrer en France. Évidemment, l'Inde ne figurant pas dans son périmètre d'action, le colonel n'y avait pas plus prêté attention que cela. Mais, comme toute information, celle-ci avait trouvé sa place dans sa mémoire.

    — C'est bien cela, s'exclama-t-il triomphalement en retrouvant l'info : « Agitation du personnel au sol de l'aéroport international Netaji-Subhash-Chandra-Bose de Calcutta, fortes perturbations sur le ravitaillement en carburant, de nombreux appareils restent cloués au sol... ».

    En consultant le détail, le colonel se réjouit d'apprendre que l'avertissement, concernant le problème d'approvisionnement en carburant, était toujours d'actualité. Il se fit alors la réflexion que l'avion de l'étudiant américain avait très bien pu se retrouver coincé à Calcutta et qu'il s'y trouvait peut-être encore. Aussitôt, il sollicita l'assistance de Paris pour confirmer cette théorie et en profita pour demander que l'on se renseigne sur la personne ayant affrété le jet de la Rising Sun Business Aviation Company. Il insista fortement sur l'urgence de sa requête et fut comblé lorsque la réponse lui parvint moins d'une demi-heure plus tard.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant