Chapitre 16- Balard - Partie 2

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Mercredi 28 octobre 2015 - Base aérienne de Villacoublay (France)

    Il était dix-sept heures passées lorsque l'avion, transportant Manon Thomas, Andrew Fox et le colonel Marc Lagarde, amorça son approche finale. L'appareil s'apprêtait à se poser sur la base aérienne de Villacoublay, après plus de treize heures de vol. C'était la première fois que Manon allait atterrir ici et sûrement qu'il en était de même pour Andrew. Par le hublot, elle regardait défiler le paysage qui se rapprochait peu à peu. Puis, enfin, elle aperçut la piste juste sous les ailes de l'avion, qui vibra lorsque le train d'atterrissage principal toucha l'asphalte. Aussitôt, les spoilers se déployèrent sur les ailes, plaquant l'appareil au sol, puis les inverseurs de poussée entrèrent brièvement en action, occasionnant un bruit assourdissant des réacteurs. Fortement ralenti, l'avion poursuivit sa route jusqu'à son arrêt complet près d'un bâtiment où des véhicules semblaient les attendre.

    Manon était soulagée d'être rentrée en France. Elle avait hâte de rendre visite à son père, surtout qu'il avait dû subir une nouvelle intervention chirurgicale lundi. Mais, vue l'heure, elle se préparait mentalement à devoir patienter jusqu'au lendemain. C'était très dur pour elle, après les dernières péripéties de la semaine. Une fois descendus sur le tarmac, on les escorta vers les fourgons aux vitres teintées que Manon avait entrevus par le hublot de l'appareil. Le colonel marchait devant, d'un pas soutenu. Son téléphone sonna et il prit la communication. Pendant l'échange, le colonel ralentit la cadence, puis fit signe au groupe de s'arrêter. Il se retourna vers la jeune étudiante qui marchait juste derrière lui et s'adressa à elle :

    — Manon, ...

    Il n'eut pas besoin d'en dire davantage. À son visage grave empreint d'une certaine tristesse, Manon comprit immédiatement de quoi il retournait. Elle plaqua ses mains jointes devant sa bouche et s'écria d'une voix plaintive.

    — Oh non, pas mon père.

    — Je suis profondément désolé, Manon. Mais on vient de m'informer à l'instant de son décès. C'est arrivé en tout début d'après-midi. Je vous présente mes plus sincères condoléances. Il m'aurait beaucoup plu de connaître votre père.

    La jeune femme s'effondra en larmes. Et alors, faisant fi des convenances, le colonel la serra dans ses bras. Ils restèrent là, un moment, sans parler.

    — Il est parti tout seul, se désola Manon. Aucune de ses filles n'était présente pour l'accompagner.

    — Votre père aurait compris la situation et n'aurait surtout pas voulu que vous vous mettiez en danger pour lui. Alors, pas d'inquiétude, Manon. Je vais organiser au plus tôt une visite à l'hôpital et, ainsi, vous pourrez vous recueillir.

    — Et après, comment allons-nous faire ?

    — Surtout, ne vous encombrez pas l'esprit avec les obsèques, répondit le colonel. Compte tenu de la situation, nous nous chargerons aussi de tout cela.

    Le colonel avait réagi spontanément face à la douleur qu'exprimait Manon. Mais elle crut déceler, dans les paroles de l'officier français, un sous-entendu.

    — Les Américains ? questionna-t-elle.

    — Non Manon, leur attitude envers vous, mais aussi envers nous, n'a pas été des plus correctes ces derniers temps, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais je doute qu'ils y soient pour quelque chose, dans le décès de votre père. Néanmoins, je vérifierai, soyez en assurée.

    — Et MIA, comment vais-je lui annoncer cela.

    — Pour cela, il faudrait déjà que nous la ramenions à la vie, lui fit remarquer l'officier français. Mais nous en reparlerons demain. Dans l'immédiat, vous devez prendre un peu de repos. Nous allons nous rendre, sans plus tarder, à Balard, le quartier général des armées. C'est dans le quinzième arrondissement de Paris. Pour votre sécurité, vous y serez logée avec Andrew. J'ai fait préparer deux chambres invités à votre intention. Cela vous laissera le temps de vous retourner. Nous aviserons, ultérieurement, sur les modalités de votre séjour. Pour l'heure, essayez de déconnecter, de penser à autre chose, même si les circonstances ne s'y prêtent guère. Sachez, Manon, que vous pourrez compter sur mon soutien indéfectible dans cette épreuve, conclut-il, paternaliste.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant