Chapitre 16- Balard - Partie 4

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Vendredi 30 octobre 2015, 06h30 - Espace Balard Paris (France) / 00h30 - Pentagone (USA)

    Le colonel Lagarde venait tout juste d'en finir avec les formalités pour accueillir un visiteur dans l'enceinte de Balard, lorsque Bradley Clark, fraîchement débarqué de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, se présenta à l'entrée du centre opérationnel des armées. Le colonel avait reçu le message de Bradley, annonçant sa visite, sur le coup des cinq heures trente du matin, soit moins d'une heure avant son arrivée. Le colonel avait longuement hésité avant de donner son accord. Il avait prévu d'accompagner Manon et Andrew, sans oublier MIA, jusqu'à la chambre funéraire où il était parvenu à faire transférer la dépouille du professeur Georges Thomas. Mais il n'eut aucune difficulté à persuader le lieutenant-colonel Léo Meyer, un ami de longue date, de le remplacer. Il informa aussi MIA de son absence, sans s'étendre sur le motif, et préféra s'abstenir pour les deux étudiants qui avaient besoin de récupérer tranquillement. Il espérait que Bradley ne lui ferait pas regretter sa décision de le recevoir.

    Bradley avait une requête urgente à lui soumettre. Et il semblait décidé à partager avec lui des informations très sensibles concernant l'affaire de l'étudiant du MIT. Naturellement, le colonel se doutait bien que le correspondant de la NSA était au courant de la présence d'Andrew à Paris et que sa venue n'était pas particulièrement fortuite.

    Bradley, accompagné d'un garde, fit son apparition dans le hall d'accueil du bâtiment, où l'attendait le colonel. Il se prêta de bonne grâce aux formalités d'entrée. Comme dans un aéroport, il dut se munir d'un bac en plastique rigide pour y déposer son manteau, sa veste de costume, sa ceinture, ses chaussures et son téléphone portable. Pour cette mission, il s'était naturellement abstenu de se munir d'une arme. Le moment aurait en effet été fort mal choisi pour provoquer un esclandre. Dès que l'agent lui fit signe, Bradley s'avança vers le portique qui sonna. Contrarié, le correspondant de la NSA recula, fouilla ses poches de pantalon et en ressortit des pièces de monnaie qu'il déposa dans un autre bac. Il recommença la manœuvre, avec succès cette fois.

    — Des euros, s'exclama le colonel un rien surpris en regardant le contenu du second panier. Comment as-tu réussi à dégoter des pièces alors que tu viens à peine d'arriver ?

    — Comme d'habitude, je pense toujours à ramener les pièces de mes précédents voyages. On ne peut pas faire de change avec, alors je les garde pour une prochaine visite qui ne manque jamais d'arriver. À chaque fois, j'arrive à les refourguer, mais tu peux être sûr que j'en récupère d'autres avant la fin de mon séjour. Bref, c'est sans fin, conclut en rigolant Bradley.

    — C'est vrai, moi aussi je suis souvent confronté à ce type de problème, soupira le colonel. Allez, garde tes pièces, tu en auras besoin pour me payer un café. La cafetière de mon bureau, matériel pourtant hautement stratégique, n'a toujours pas été livrée.

    Bradley remit les pièces dans les poches de son pantalon.

    — Récupère aussi ta veste, ta ceinture et tes chaussures, le reste attendra sagement ici ton départ.

    — Pas de problème, Marc.

    L'agent de sécurité examina attentivement la ceinture et les chaussures de Bradley avant de les lui restituer. Après avoir signé un formulaire électronique, Bradley se vit également remettre un badge visiteur qui devait être porté bien en évidence sur sa poitrine. Le correspondant de la NSA l'accrocha à une poche de sa veste qu'il venait d'enfiler.

    — Tu m'avais prévenu, Marc. On ne rentre vraiment pas ici comme dans un moulin, même de bon matin.

    — Que veux-tu, le haut commandement est très susceptible lorsqu'il s'agit de faire appliquer les règles de sécurité dans son beau quartier général tout neuf. Et ce n'est pas moi qui vais l'en blâmer. Alors ne te plains pas, car en tant qu'américain, tu es autorisé à entrer. Et même s'il est prévu d'accueillir de nombreuses délégations étrangères, tout le monde ne bénéficiera pas de ce genre de privilège.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant