Chapitre 15- Fin de cavale - Partie 1

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Lundi 26 octobre 2015, 05h30 - Campus d'Hongo, université de Tokyo (Japon) / Dimanche 25 octobre, 22h30 - Paris (France) / 20h30 - Bamako (Mali) / 18h30 - Washington (USA)

    Malgré l'heure matinale et le décalage horaire, Manon décida de se lever. Cela faisait longtemps qu'elle était réveillée et elle n'en pouvait plus. Elle avait très mal dormi sur le matelas Futon que le professeur Takumi Takahashi avait déroulé dans son laboratoire. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de matelas et elle avait mal partout. Visiblement, non loin de là, Andrew dans son canapé étroit ne s'en était pas mieux sorti. Mais pas sûr pour autant qu'il regrette tant que cela de lui avoir laissé le Futon. Il l'avait lui-même testé la nuit précédente. Le matelas était assez ancien, il s'était tassé au fil du temps et regorgeait de bosses, rendant le couchage peu confortable. Manon fit la grimace rien qu'en songeant à la nuit à venir. Il avait bien été question, un moment, qu'elle loge avec Andrew chez le professeur, mais MIA avait jugé plus sage qu'ils limitent les sorties hors de l'université. Les Américains remuaient ciel et terre pour les retrouver. Dommage.

    Pour l'heure, Manon préféra s'atteler à la corvée du petit déjeuner.

    — Hi Andrew, would you like coffee, tea, chocolate?

    — Morning, Manon, oh yes please, a chocolate, thanks...

    — MIA ?

    — ///Oh non merci, grande sœur, rien de tout cela.

    — Pffff, mais qu'est-ce que tu peux être bête, répondit Manon en pouffant de rire. Je voulais juste te demander de m'accorder une fenêtre d'invisibilité pour descendre jusqu'aux distributeurs.

    — ///C'est fait. Tu disposes d'une vingtaine de minutes. Mais ne t'inquiète pas, si la machine tarde à moudre ton café, je te donnerai une rallonge.

    — M'étonnerait beaucoup que la machine ait à moudre du café. Ils n'ont que du lyoph à proposer. Hélas. Mais bon, ça va, j'ai connu bien pire. Il a même plutôt bon goût pour du lyophilisé, je trouve. Mais ce matin, je vais plutôt tester le thé. Après tout, nous sommes au Japon, ici. Un pays où servir le thé est devenu un art dont les habitants ont poussé la perfection jusqu'au paroxysme.

    — ///Oui, alors là, grande sœur, tu risques fort d'être déçue. Le distributeur ne ressemble en rien à une maison du thé.

    — Mais tu es une briseuse de rêves, toi. Moi qui croyais qu'un charmant jeune homme en habit traditionnel allait surgir de la machine pour me verser délicatement une tasse de thé.

    — ///Je peux t'arranger ça maintenant, si tu veux.

    Et pour appuyer ses dires, MIA fit lever les deux robots encore présents dans le labo. Ils s'avancèrent vers Manon, s'inclinèrent de conserve puis firent le geste de verser du thé en manipulant une théière imaginaire. Seulement, l'un deux n'était pas totalement achevé, ce qui lui donnait un aspect repoussant. Le professeur l'avait activé la veille, mais il n'était pas parvenu à lui ajuster la face avant. Un problème de fixation. Il l'avait donc laissé de côté.

    — Pas mal, MIA, mais pour le côté glamour, ce n'est pas encore tout à fait ça. Surtout avec l'autre incomplet. Déjà que ces robots ne brillent pas par leur esthétisme, mais alors sans capot facial, c'est horrible. Avec lui, l'expression « il n'est pas fini » prend tout son sens. Bon allez j'y vais, à toute, see you later, Andrew.

    Manon sortit du laboratoire et dévala les escaliers jusqu'au local des distributeurs. Malgré la situation tragique dans laquelle ils se trouvaient, elle était radieuse et la relative insouciance de MIA y était pour beaucoup. Pour autant, Manon sentait que cette insouciance n'était que de façade et n'avait que pour seul but de leur remonter le moral. La jeune fille était persuadée que MIA, au fond d'elle-même, s'inquiétait pour eux. Les Américains étaient si proches.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant