Chapitre 13- Elle est toujours vivante - Partie 3

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    Le colonel Lagarde ne fut pas mécontent d'avoir pris la décision de poster des agents à proximité de la gare d'Hamamatsuchō pour guetter la venue probable de Fox. Il ne manqua pas d'être surpris à la lecture du rapport de situation qu'on lui communiqua moins d'une heure après son entretien avec Bradley. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le correspondant de la NSA avait suivi son conseil : se hâter pour appréhender l'étudiant du MIT. En sortant de la gare, Fox avait sauté dans une voiture et apparemment les Américains ne reculaient devant rien pour s'emparer de lui. Ils l'avaient aussitôt pris en chasse au mépris de toute considération pour les passants et autres automobilistes de cette ville surpeuplée. Ils avaient d'ailleurs causé nombre accidents dans les rues de la capitale japonaise avant, finalement, d'être mis hors-course par une sortie de route. Leur voiture s'était encastrée sous la pile d'un pont ferroviaire. L'équipe du colonel était arrivée quelques minutes seulement après la collision. Elle n'avait pas voulu suivre la cadence infernale imposée par les Américains, trop risqué, trop voyant. Les Français avaient furtivement assisté à la fuite de leurs homologues d'outre-Atlantique, qui avaient abandonné leur véhicule hors d'usage. Ils avaient donc poursuivi discrètement leur chemin. Mais plus aucune trace de Fox nulle part. Visiblement, il avait profité de la situation pour décamper.

    — Il se débrouille plutôt pas mal, pour un étudiant, estima le colonel. Soit il est particulièrement chanceux, soit il bénéficie d'un soutien vraiment très efficace.

    Pour lui, la piste djihadiste avancée par Bradley lui paraissait de moins en moins crédible. Certes, il n'avait pas en sa possession tous les éléments dont disposait son ami américain, mais le parcours singulier suivi jusqu'ici par Fox ne plaidait pas pour cette hypothèse. Et pour en avoir le cœur net, il fallait absolument retrouver cet étudiant. Il appela donc, pour la seconde fois de la journée, le capitaine Yann Lemercier.

    — Mon Colonel, répondit rapidement celui-ci, avez-vous bien reçu le rapport de situation émanant de nos hommes sur le terrain ?

    — Je viens d'en prendre connaissance à l'instant. Et laisse tomber le Colonel, Yann. La mission que je t'ai confiée n'a rien de vraiment officiel. J'essaie juste d'y voir plus clair dans cette histoire qui me semble passablement embrouillée.

    — Comme tu voudras, Marc. Que puis-je pour toi, cette fois ? Car j'ai bien peur que nous ayons perdu la trace de ton étudiant. Disparaître dans une telle ville est relativement simple, même pour lui qui n'est pas japonais.

    — Il faudrait pourtant que tu m'aides à le retrouver, Yann. Mon instinct me dit qu'il y un énorme loup derrière toute cette histoire et en quarante ans de carrière, il ne m'a jamais trompé.

    — J'espère que tu n'attends pas de moi que je poste des hommes dans tous les restos, bars, gares ou stations de Tokyo ? Mes effectifs ne me le permettraient pas. Sans compter qu'il serait difficile de camoufler cette opération aux yeux de la hiérarchie, tu ne crois pas ?

    — Non, je ne te demanderais rien de tel, rassure-toi. Mais éliminons un instant la piste djihadiste évoquée par les Américains et mets-toi trente secondes dans la peau d'un étudiant du MIT. Où irais-tu pour chercher refuge ?

    — Eh bien, compte tenu de son profil, je dirais, sans hésiter, le campus d'Hongo de l'université de Tokyo. Il constituerait un très bon sanctuaire pour ton gars. Il pourrait facilement se fondre parmi la population des étudiants étrangers, je pense.

    — Alors c'est là que tu dois poster tes hommes. Si dans soixante-douze heures Fox n'est pas réapparu sur nos écrans radars, alors tu pourras laisser tomber. Ce serait évidemment pour moi une grande frustration, mais il ne serait pas raisonnable de t'en demander davantage.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant