Chapitre 07- La bataille des Ifoghas - Partie 1

119 12 0
                                    

Jeudi 15 octobre 2015, 19h30 - Tessalit (Mali) / 21h30 - Paris (France).

    Il était dix-neuf heures trente ce jeudi 15 octobre 2015 sur la base opérationnelle avancée de Tessalit au Mali, bien loin de toutes les frasques à venir de MIA. Cela faisait plus d'une heure que le soleil s'était couché, lorsque le capitaine Benjamin Legrand des forces spéciales françaises et son groupe embarquèrent à bord d'un hélicoptère EC725 HUS Caracal. La Check List d'avant vol achevée, l'hélicoptère prit son envol et mit le cap plein nord, très vite rejoint par deux hélicoptères d'attaque EC665 Tigre, arrivés la veille de la base de Gao et spécialement détachés pour cette mission. Une dizaine de kilomètres plus tard, hors de vue de Tessalit et d'éventuels yeux hostiles, les trois engins bifurquèrent brusquement pour prendre la direction de l'est. Après s'être rapproché dangereusement du sol, pour échapper à toute détection visuelle, et avoir parcouru à-peu-près cette même distance, ils obliquèrent légèrement sur la droite et pénétrèrent dans des gorges. Quelques instants plus tard, ils piquèrent au sud-ouest comme s'ils cherchaient à revenir vers leur point de départ. L'espace sur leur gauche était désormais plus dégagé, mais difficile d'observer quoi que ce soit par cette nuit quasi sans lune. Heureusement, muni de ses jumelles de vision nocturne, le pilote du Caracal pouvait s'accommoder de ces conditions difficiles. Plus encore, pour faire face en toute circonstance aux menaces potentielles, l'équipage pouvait aussi compter sur la tourelle FLIR dont était équipé l'appareil. Ce système optronique de détection infrarouge lui procurait une indéniable capacité d'intervention nocturne. Quant aux tigres, les pilotes étaient encore mieux lotis. Ils disposaient d'une vision de nuit intensifiée, directement projetée sur leur visière, le fameux viseur de casque TopOwl. Mais, malgré tous leurs équipements high-tech, les missions de nuit n'en restaient pas moins éprouvantes et périlleuses. Elles requéraient de la part des pilotes une attention sans faille. Ils avaient parfaitement conscience que la moindre erreur pouvait leur être fatale. Mais fidèles à leurs engagements, ils poursuivirent résolument leur route.

    Soudain, droit devant eux, une barrière rocheuse vint rapidement à leur rencontre, les obligeant à forcer sur la droite. Ils la longèrent un moment, la laissant sur leur gauche. Puis rapidement, les parois se resserrèrent de part et d'autre des appareils, leur confirmant qu'ils étaient sur le point d'atteindre leur destination. L'un des tigres resta alors en couverture à l'arrière, tandis que le second poussait légèrement en avant pour s'assurer de l'absence de toute présence hostile et sécuriser la zone de largage. Dès que le Caracal toucha le sol dans un tourbillon de poussière fine, le groupe d'intervention descendit prestement en se protégeant les yeux du sable tout en prenant garde aux pales toujours en rotation. Par petits groupes, ils s'éloignèrent de quelques pas de l'appareil, inspectant une portion de l'espace différente et en se protégeant mutuellement. Enfin, le capitaine Legrand fit signe au pilote que tous ses hommes étaient parés. Aussitôt, ce dernier reprit de l'altitude et les trois hélicoptères rebroussèrent chemin et disparurent dans la nuit. Ils regagnèrent Gao en faisant un large détour pour éviter Tessalit. Désormais, les hommes composant le groupe d'intervention ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Mais n'était-ce pas leur raison d'être, finalement ?

    Leur objectif était de rallier une position à six kilomètres au sud-ouest de leur emplacement actuel. Des renseignements, jugés solides, avaient fait état de la présence d'une cinquantaine de djihadistes en bordure d'une vallée située à seulement une dizaine de kilomètres à l'est de Tessalit. D'après les informations en leur possession, leurs intentions étaient de mener très prochainement des attaques contre la base des forces françaises de cette localité et contre la ville elle-même. De toute évidence, leur volonté était d'instaurer un climat d'insécurité permanent et, par la même, d'exacerber le sentiment anti-français qui commençait à se faire jour dans la population malienne. Par leurs actions, ils souhaitaient également montrer qu'ils n'étaient en rien affectés par la présence française et qu'ils pouvaient agir n'importe où et quand bon leur semblait. La décision fut donc prise à l'état-major de contrer cette attaque et d'aller au-devant d'eux en opérant un mouvement en tenaille. Une fois de plus, l'armée française allait se battre dans les Ifoghas. C'est ainsi que le groupe des forces spéciales, composé d'une vingtaine d'hommes sous le commandement du Capitaine Legrand, reçut l'ordre de se rapprocher furtivement de la position de l'ennemi pendant la nuit et de lui interdire toute possibilité de repli. Tôt le lendemain matin, une colonne de blindés légers devait, à son tour, faire mouvement du camp de Tessalit en direction des insurgés afin de les acculer et de les neutraliser.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant