Chapitre 12- Prise en main - Partie 3

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    De retour devant son laboratoire, le professeur eut une légère appréhension avant d'y pénétrer. Apparemment, la peur du vieux garde devenait contagieuse. Mais rien ne semblait avoir bougé depuis son passage matinal avec le gardien. Cette vision le tranquillisa. Il se dirigea rapidement vers son bureau et s'assit à son poste de travail. Comme souvent, son ordinateur était resté en mode veille. Il faut dire qu'il ne fermait que très rarement sa session. Le professeur la déverrouilla. Il avait parfaitement conscience de passer outre les recommandations de son ami Georges. Georges ne manquait jamais une occasion de lui rappeler, lors de leurs fréquentes conversations téléphoniques, de fermer systématiquement sa session avant de quitter son laboratoire. Il insistait pour qu'il le fasse également lorsqu'il emmenait son micro avec lui, ce qui était relativement fréquent.

    Takumi soupira tristement en repensant à son ami. Les dernières nouvelles sur son état de santé ne l'avaient pas rassuré. Il était toujours dans le coma dans un état critique. Un frisson lui parcourut le dos. Dire qu'ils étaient ensemble au moment de l'accident. À peine quelques centimètres les séparaient. Pourtant, lui n'avait eu à déplorer que quelques égratignures et un hématome sur la pommette. Pareil pour Bertrand, leur autre compagnon. Il avait juste eu un peu moins de chance. Il s'en était sorti avec un poignet foulé et de légères contusions. Mais rien d'aussi grave que Georges.

    Oh non, Takumi n'oublierait jamais cette matinée tragique. L'affolement lorsque Bertrand et lui avaient constaté la disparition de leur ami. Et le moment où ils avaient fini par le retrouver, coincé sous un amas de tôles. Son visage était si blême. Il respirait à peine. Des corps sans vie gisaient tout autour de lui. Alors, tous les deux s'étaient efforcés d'extirper leur ami de là. Mais l'opération s'était avérée très délicate, une tige métallique s'étant enfichée dans son abdomen. À chaque tentative pour extraire leur ami, Georges gémissait. Ils avaient même cru un instant l'avoir perdu. Il semblait ne plus réagir à leurs sollicitations. Alors, quel soulagement lorsqu'il avait fini par rouvrir les yeux. Puis, les secours avaient débarqué en force et ils avaient rapidement pris le relais avec du matériel adapté. Avec d'infimes précautions, les pompiers étaient enfin parvenus à le dégager. Mais leur ami avait déjà perdu tellement de sang. Tout ce sang. Il y en avait partout. Cela avait profondément marqué le professeur Takahashi. Il s'était brièvement éloigné pour contenir la nausée qui montait en lui. Reprendre de l'air. À ce moment-là, un secouriste, qui avait remarqué sa détresse, était accouru pour lui porter assistance. Il l'avait gentiment éconduit pour retourner auprès de son ami au plus vite. Les pompiers s'apprêtaient à l'emmener. C'est alors que Georges avait essayé de leur dire quelque chose. Takumi s'en souvenait très bien, il se tenait à côté du brancard et avait pris la main de son confrère. Mais seul un infâme gargouillis s'était échappé de ses lèvres pincées. Malgré tout, le professeur avait cru entendre « Mia ». Seulement était-ce bien cela ? Il n'en était plus très convaincu. Il ne comprenait pas la raison pour laquelle son ami aurait voulu prononcer le nom de sa nièce en de pareilles circonstances. Celui de sa fille, à la rigueur. Mais peut-être avait-il essayé de le faire, après tout. Maintenant qu'il y repensait, c'était vraisemblablement l'explication la plus logique. Il n'avait entendu que Mia, mais George devait avoir voulu leur signifier de les prévenir toutes les deux. De toute façon, c'était déjà son intention à ce moment-là. Takumi se rappelait que Bertrand avait perdu son téléphone dans l'accident. Lui, en revanche, avait toujours le sien. Alors, dès que l'ambulance emportant leur ami à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière s'était éloignée, il avait décidé de les appeler. Seulement, il ne savait pas comment leur annoncer la nouvelle. Aussi avait-il longuement hésité avant de leur téléphoner, cherchant la meilleure formule. Finalement, à force de tergiverser, c'était lui qui avait reçu un appel entrant de la part de Mia. Son nom s'était affiché sur son écran. Elle lui avait communiqué son numéro tout juste la veille au soir. Il l'avait intégré à son répertoire sous Mia Thomas, même si le nom de famille n'était peut-être pas le bon. Apparemment, elle avait déjà tenté de le joindre à de nombreuses reprises. Il n'avait rien entendu, mais c'était ce qu'il avait pu lire sur son téléphone. Aussi avait-il décroché sans attendre, tout en ne sachant toujours pas comment aborder le douloureux sujet de Georges.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant