Chapitre 11- Destruction - Partie 6

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.../...

    Avec la découverte de l'énigme laissée par MIA au dos de l'enveloppe, Manon se remémora les temps heureux où, avec sa petite sœur, elles jouaient aux charades, devinettes et autres énigmes de plus en plus complexes à mesure qu'ensemble, elles grandissaient. Parfois, leur père se joignait à elles et lorsque pour compliquer le jeu, on y ajoutait les mimes, alors c'étaient des parties de rigolades à n'en plus finir. Car, au début de son existence, MIA pouvait prendre, avec son avatar virtuel, des positions défiants toutes les lois de la physique ou outrepasser les capacités couramment admises d'un corps humain. Très tôt, Patricia et Georges s'étaient attelés à la problématique du mime, bien avant celle de la résolution des énigmes. Ce sujet, de prime abord anodin, leur était apparu comme fondamental dans l'élaboration de leur IA afin, entre autres, de développer ses capacités d'abstraction et d'observation. Après la disparition de sa femme, Georges avait poursuivi dans cette voie. Certes, il avait pris son temps mais en définitive, les résultats furent au rendez-vous et MIA finit par arrêter les facéties avec son avatar, au grand dam de Manon. Comparativement à leur complexité, la question de la résolution des énigmes lui était apparue plus simple à implémenter. Le professeur avait entamé les travaux sur cette problématique quand Manon avait un peu plus de trois ans. Lorsqu'elle en eut six, MIA pouvait déjà poser une énigme acceptable et savait résoudre la plupart de celles que l'on lui soumettait. Mais, il est vrai que Georges s'était d'autant plus investi sur ce sujet, qu'il prétendait, à les voir jouer toutes les deux, que cela favorisait les interactions entre Manon et MIA, chacune apprenant de l'autre. La grande complicité entre les deux sœurs devait d'ailleurs beaucoup à cette saine émulation.

    — Mais je suis crevée moi, je n'ai pas envie de jouer à Da Vinci Code. N'aurais-tu pas pu trouver plus simple, MIA ?

    Évidemment, elle ne s'attendait pas à obtenir de réponse. À cette simple pensée, la jeune fille faillit se remettre à pleurer. Elle se maîtrisa, maudissant sa faiblesse.

    — Bon, réfléchissons. Soyons logique, ton message fait forcément allusion à nos initiales donc MT, pour Manon Thomas ou MIA Thomas. M est la treizième lettre de l'alphabet et T la vingtième. Le code PIN devrait donc être 1320 ou 2013. Deux possibilités pour deux tentatives, super. Si j'ai bon.

    Tremblante, Manon entra le premier code. La SIM se déverrouilla. Elle respira.

    — Bon et maintenant, je fais quoi avec ce téléphone ?

    Elle n'eut pas à attendre longtemps la réponse. Celui-ci se mit à sonner. Manon décrocha.

    — ///Coucou grande sœur, lui dit une voix familière.

    Entendre la voix de MIA, la surprise fut totale pour Manon. Devant ce qui ne pouvait être, elle craqua et fondit en larmes ne parvenant plus à s'exprimer. MIA laissa passer un moment, puis reprit :

    — ///Eh grande sœur, je suis toujours là, tu sais. Tu ne croyais tout de même pas que j'allais t'abandonner aux mains de ces grosses brutes.

    La voix coupée de sanglots, Manon parvint enfin à articuler :

    — MIA..., mais comment est-ce possible ? Tu es morte, je l'ai vu, ils ont carrément fait exploser la maison. Comment as-tu fait pour te sortir de cet enfer ?

    — ///Oh, eh bien disons que j'ai écouté les conseils avisés de ma grande sœur, qui craignait que j'attrape un vilain virus. Je m'étais dupliquée. Bon, je te l'accorde, les vilains virus ont pris la forme inattendue de trois gros malabars patibulaires qui étaient bien décidés à en finir avec moi. Et, d'après ce que tu viens de m'annoncer, ils y sont parvenus. Surtout, ils n'ont pas hésité à prendre le risque insensé de détruire la maison d'un particulier, citoyen de ce pays, sur le sol français. Je serai curieuse d'accéder aux conclusions de l'enquête qui ne manquera pas d'être ouverte.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant