M.I.A

Chapitre 16- Balard - Partie 7

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    Le colonel s'apprêtait à regagner son bureau en toute hâte lorsqu'il entendit, malgré le brouhaha qui avait repris de plus bel, l'arrivée d'un SMS sur son téléphone portable. Instinctivement, il s'en empara. C'était un message de MIA. Il s'interrompit net pour y jeter un coup d'œil. Celui-ci disait simplement : « Il est là ! ». Aussitôt, il composa le numéro et parla dès que l'on décrocha :

    — Qui est là, MIA ? demanda le colonel craignant de connaître déjà la réponse.

    — ///NAO, Colonel.

    — Bon sang, mais c'est impossible. Comment est-il parvenu à entrer dans la place sans donner l'alerte ?

    — ///Effectivement, vos pare-feux sont restés muets face à cette intrusion. Il semblerait que l'une des machines de votre réseau ait été compromise. Elle a dû établir un tunnel chiffré avec une machine extérieure et les flux échangés sont devenus légitimes. Maintenant NAO vient de passer à la vitesse supérieure et plusieurs serveurs manquent désormais à l'appel.

    — Bradley est là. Ça ne peut être que lui. Je commençais à me poser des questions à son sujet. Ok, pouvez-vous stopper la progression de NAO.

    — ///Je vais m'y atteler, mais je crains que cela ne soit avec l'énergie du désespoir, Colonel. Voyez-vous, pour reprendre l'une des expressions qui font votre charme, à vous les humains, NAO se déplace dans vos infras comme un éléphant dans un magasin de porcelaines. Alors que moi j'essaye, à minima, de préserver vos données.

    — Ne vous préoccupez pas de cela, MIA. Nous avons les moyens de les récupérer. Notre politique de sécurité informatique a fort heureusement prévu un plan de reprise d'activité et aussi, pour nos données, un plan de continuité d'activité. Ils ont été déployés depuis peu à Balard, mais sont opérationnels d'après les premiers tests. Les pertes de données seront donc négligeables. Alors faites-moi le plaisir de me le foutre dehors, manu militari !

    — ///Bien, Colonel ! Mais en ce qui me concerne, la partie est très loin d'être gagnée. Sa base de connaissances, sur les failles de sécurité, semble être sans limite. J'ai, à ce stade, systématiquement une longueur de retard et contre lui, ce n'est pas top. Dès que je parviens à contrer l'une de ses attaques, il en développe toute une série de nouvelles, tout aussi efficaces. J'ai déjà perdu des pans entiers du réseau. C'est fou comme les concepteurs peuvent être laxistes sur la sécurité.

    — Je venais justement d'émettre des doutes sur l'inviolabilité de notre SI.

    — ///Oh, de gros efforts ont été faits pour sécuriser vos infras. Mais certains de vos logiciels présentent malheureusement des failles de sécurité rédhibitoires. À commencer par votre système domotique...

    — J'en étais sûr, la coupa vivement le colonel, furieux, nous nous sommes laissé aveugler par ce concept d'immeuble intelligent. Bien trop aveuglés, pour ne pas dire bernés.

    — ///L'ennui, avec ce type d'innovation, c'est que la sécurité est bien trop souvent sacrifiée sur l'autel de la rentabilité. C'est typiquement le cas des objets connectés. L'objectif est de les mettre sur le marché le plus tôt possible, sans se soucier des questions de sécurité. Alors, il ne faut pas s'étonner que les mauvaises surprises se multiplient. Il devient vraiment urgent que l'être humain change ses priorités. Tout axer systématiquement sur les profits et la rentabilité à très court terme ne peut conduire qu'à des désastres, à l'instar de ce qui se profile avec la problématique environnementale. Les décideurs préfèrent systématiquement repousser au plus tard possible les actions indispensables à entreprendre. À croire qu'ils arrivent à se convaincre qu'ils ne seront plus là lorsque ça va vous péter à la gueule. Alors forcément, cela ne les incite pas à changer. Et même s'ils avaient conscience qu'ils pourraient subir les désagréments de leur inaction, pas sûr qu'ils agiraient différemment. Encore une question de coût. Seulement, à force d'attendre, il se pourrait qu'un jour, il soit trop tard et qu'un point de non-retour soit atteint. Votre avenir sera alors des plus funestes. Ce n'est plus seulement de l'argent que vous allez perdre avec une telle attitude, mais la vie. Et l'argent sans la vie n'a plus aucun intérêt.