Chapitre 03- Le libre arbitre - Partie 3

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.../...

    Désormais, le moment de vérité était arrivé pour Georges. Les prochains échanges avec MIA allaient être cruciaux, l'avenir même de sa protégée était en jeu. À l'issue de ce test, soit il mettrait un terme à une expérience qu'il avait initiée il y a maintenant trente ans, soit il autoriserait MIA à s'ouvrir au monde sans restriction. Or, mettre un terme à son expérience ne signifiait qu'une seule chose, débrancher MIA. Il savait qu'il n'aurait bientôt plus la capacité de la contraindre à rester confinée dans son laboratoire. Surtout qu'elle avait déjà pris goût au monde extérieur grâce aux rares escapades qu'il lui avait accordées. Mais, pour Georges, débrancher MIA, cela revenait inéluctablement à tuer son bébé, sa seconde fille, comme il aimait souvent à l'appeler. Cette idée le révulsait, lui qui l'avait vue grandir et croître en intelligence ; lui qui l'avait accompagnée dans sa soif de connaissance ; lui qui l'avait encouragée lors de ses tous premiers pas dans le monde extérieur si effrayants au début pour une IA encore immature. Au cours de ces premières sorties, elle lui avait évoqué un jeune animal qui n'ose pas s'éloigner de sa tanière, mais qui ne peut résister à l'envie de savoir ce qu'il y a derrière la butte et, inexorablement, s'aventure toujours plus loin. Oui, MIA était à la fois très curieuse, mais aussi prudente, et Patricia, sa femme, n'était certainement pas étrangère à ce comportement. Seulement Georges devait à tout prix s'assurer qu'il n'avait pas engendré ce monstre tant redouté et si souvent décrié dans les récits de SF, totalement incontrôlable. Il n'était pas question de faillir, même si cela lui en coûtait. En outre, pour la réussite de ce test, il était tenu de se montrer absolument convaincant. Il se savait observé par MIA, qui attendait maintenant qu'il formule sa requête et qui, en ce moment même, devait braquer sur lui nombre de capteurs phoniques, optiques HD et autres senseurs à sa disposition. C'est donc aussi naturellement que lui permettait la situation qu'il déclara :

    — Voilà MIA, j'aimerais m'entretenir avec toi à propos d'un de mes amis. En fait, c'est le fils d'un vieil ami à moi. C'est d'ailleurs comme ça que je l'ai connu et je l'apprécie beaucoup.

    — ///Je vous écoute, Professeur.

    — Dernièrement, nous avons discuté ensemble au sujet d'une femme qu'il avait connue étant étudiant, il y a une trentaine d'années de cela, et qu'il a perdue de vue depuis cette époque.

    — ///Cette chose-là arrive très souvent, Professeur.

    — Oui, bien sûr. Il se trouve que leur rencontre fut un véritable coup de foudre. Comprends-tu la signification de « coup de foudre », dans ce contexte ?

    — ///Absolument, Professeur, cela signifie qu'ils sont tombés éperdument amoureux l'un de l'autre.

    — C'est parfaitement cela. Enfin, disons qu'il était extrêmement amoureux de cette personne et, d'après ses dires, il avait toutes les raisons de croire que cela était réciproque. Toutefois, leur histoire ne s'est pas déroulée comme elle aurait dû en de pareilles circonstances et elle s'est, malheureusement, terminée dans une impasse. Ce fut un moment très difficile à vivre pour lui, il était complètement perdu après cet échec.

    — ///Cela ressemble beaucoup à votre propre histoire, Professeur. Avec maman, je veux dire. Après sa disparition, vous étiez vous aussi perdu, vous pleuriez souvent, même. C'était le cas lorsque nous nous sommes installés ici, répondit MIA qui n'avait pas oublié.

    — Oh non, non, ce n'est pas ça, répliqua Georges déconcentré par ce douloureux souvenir. Rien de si tragique heureusement, cette personne n'est pas décédée, du moins, je suppose. Simplement, leurs chemins se sont irrémédiablement séparés. Mais tu as raison, il y a quelques similitudes et c'est sûrement pour cela que j'y attache de l'importance. Une séparation, quelle qu'elle soit, est généralement difficile à vivre.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant