M.I.A

Chapitre 05 - L'accident - Partie 2

    Alors que MIA furetait dans les méandres du réseau du Pentagone et n'avait pas encore déclenché la stupeur dans le centre de contrôle, le TGV de Georges entrait en gare de Lyon. Il était dix-huit heures passées ce vendredi 16 octobre 2015 à Paris. Sur le quai, son ami le professeur Bertrand Balanger le salua chaleureusement. Ensemble, ils prirent le métro 14 jusqu'à la bibliothèque François Mitterrand, puis le RER C pour descendre à la station de Vitry sur Seine, proche du domicile de Bertrand, qu'ils rejoignirent tranquillement à pied. Là, Georges retrouva son ami le professeur Takumi Takahashi, grand spécialiste japonais en robotique, exerçant à l'université de Tokyo. Celui-ci était déjà arrivé chez les Balanger, son avion ayant atterri plus tôt dans l'après-midi. Florence, la femme de Bertrand, accueillit Georges avec joie, ravie de le retrouver en aussi bonne forme. Elle se désola de ne pouvoir être des leurs ce soir, son métier de chirurgien l'obligeait à assurer sa garde cette nuit. Elle travaillait au CHU du Kremlin-Bicêtre.

    — Je vous laisserai donc entre hommes, déclara-t-elle amusée.

    — Tu pars maintenant, s'inquiéta Georges ?

    — Non, je vous abandonnerai vers vingt heures, pourquoi ?

    — Bertrand et moi avions prévu de faire un Skype avec Manon, déclara Georges, et je voulais aussi en profiter pour vous présenter ma nièce MIA. Elle a vingt-deux ans et, tout comme Manon, elle se passionne pour l'IA et la robotique.

    — Mia, ce n'est pas la fille de ta sœur Nathalie interrogea Florence ? C'est l'aînée, je crois ?

    — Tout juste, ils ont trois enfants et MIA est effectivement l'aînée, mentit Georges.

    Il leur avait déjà parlé de MIA. Mais il pouvait difficilement la faire passer pour sa fille. Cela n'aurait pas été très crédible car tous, y compris Takumi, connaissaient trop bien Patricia. Mais tout cela n'aurait bientôt plus d'importance. Puisqu'il était fermement décidé à leur révéler la vérité sur MIA. D'ailleurs, elle avait insisté pour qu'il en soit ainsi et il avait compris que c'était très important pour elle. Ce week-end était le moment opportun pour le faire. Elle fut radieuse quand il lui exposa son plan, mais un peu déçue lorsqu'il lui expliqua qu'il voulait d'abord voir leur réaction en sa présence, avant qu'ils ne sachent. MIA était tellement impatiente. Ah, attendre... encore attendre... toujours attendre. Mais après tout ce temps, elle se dit qu'elle pouvait bien encore patienter quelques heures de plus.

    Bertrand avait disposé son ordinateur portable sur la table du salon et avait déjà appelé Manon, qui apparaissait maintenant à l'écran. À son tour, elle invita MIA à se joindre à la conversation et l'écran se divisa en deux, laissant apparaître son visage.

    — C'est dingue comme elle ressemble à Patricia, réagit aussitôt Florence à la suite de cette apparition.

    Georges réalisa, à la réaction étonnée de son amie, qu'il avait commis une erreur. En voulant leur présenter MIA, il avait oublié comme un léger petit détail. MIA avait elle-même décidé de ressembler à sa mère défunte. Georges ne lui avait rien imposé, ni même suggéré. C'était un peu comme un hommage que MIA rendait à Patricia, qui aurait sûrement apprécié. Mais aujourd'hui, cette similitude était troublante. Georges sentit qu'il devait donner le change.

    — Euh, ... En fait je pense qu'elle ressemble surtout à Manon qui me ressemble beaucoup. Et en guise de diversion, il lâcha un bonsoir les filles, un peu trop forcé.

    — Bonsoir Manon, lança Florence à son tour. Bonsoir Mia, poursuivit-elle, enchantée de faire ta connaissance.

    — ///Bonsoir, madame Balanger. Bonsoir à tous.