Chapitre 05 - L'accident - Partie 3

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    Alors qu'elle était en communication avec Georges, qui attendait sur le quai de la gare de Vitry-sur-Seine, MIA en avait profité pour s'insinuer dans les réseaux de caméra de surveillance disponibles à proximité du professeur. Elle projetait de suivre son père tout au long de son trajet par l'entremise de ces moyens techniques si vulnérables. Loin d'elle l'idée de l'espionner, elle souhaitait juste s'assurer qu'il allait bien et avoir l'impression d'être près de lui. Ainsi, depuis la station, elle l'avait aperçu assis dans la rame avant le départ. Elle put encore l'entrevoir lorsque le RER fut en approche de la station suivante. Puis des caméras disposées de part et d'autre du périphérique, sur le pont qui enjambait les voies, lui permirent d'observer la rame arriver. Désormais, elle disposait du contrôle des moyens d'observation sur la quasi-totalité du parcours que Georges et ses amis devaient emprunter. Les quelques trous qui subsistaient étaient dû à des caméras HS.

    Paradoxalement, ce fut une caméra qui lui offrait un plan large sur le périphérique, sans réelle vue sur le réseau ferroviaire, qui lui permit de détecter une anomalie. Un camion avec sa semi-remorque frigorifique venait de faire une brusque embardée sur sa gauche au-dessus des voies et se retrouva perpendiculaire à la circulation en cherchant maladroitement à redresser. Une forte accélération inopinée le propulsa au-dessus du parapet en béton, qu'il brisa. Sans donner signe de ralentir, il continua en déchiquetant le grillage, disposé derrière le muret, et arracha la barrière métallique. Il poursuivit inexorablement sa course folle dans le vide pour s'écraser quelques mètres plus bas, sur le RER roulant en direction de la Station bibliothèque François Mitterrand depuis Ivry-sur-Seine.

    Avant même qu'il ait eu lieu, MIA calcula le point d'impact exact du camion sur le train. Le fait qu'il ne se situait pas dans le wagon dans laquelle se trouvait Georges ne la rassura pas pour autant. Ce fut même un sentiment d'horreur qui s'empara d'elle au moment de la collision. Sa réaction de panique face à cet événement, provoqua une onde de choc qui se diffusa sur une large partie du réseau. Quelque part en région parisienne, un centre de contrôle de la SNCF fut plongé dans le noir. Il fallut plusieurs dizaines de minutes avant que les systèmes ne se remettent en ligne et que les images réapparaissent sur les écrans. L'ensemble du personnel du centre de contrôle resta pétrifié devant l'ampleur du carnage. Les agents de la SNCF donnèrent néanmoins l'alerte. Tous furent soulagés de constater qu'ils avaient été devancés et que les secours étaient déjà en route.

    MIA dut réinitialiser certains de ses composants et même basculer sur des éléments de secours avant de pouvoir établir une nouvelle route lui permettant d'accéder au plus près aux informations concernant l'accident. Malgré des dysfonctionnements sur de nombreux éléments électroniques du réseau, elle parvint à récupérer le contrôle des caméras disposées à proximité de la catastrophe. Et son constat fut sans appel. La probabilité de survie de Georges et de ses compagnons n'était pas très élevée. Sa première réaction fut donc d'avertir les secours sans délai, avant d'essayer de contacter Georges sur son portable. Après plusieurs tentatives infructueuses, MIA se décida à appeler Manon.

    Sa sœur avait décidé de passer à la bibliothèque universitaire et venait justement de pénétrer dans le bâtiment, quand son téléphone sonna. Surprise par cet appel imprévu de MIA, elle décrocha promptement. MIA ne lui laissa pas le temps de prononcer une seule parole. D'une voix atone, elle hurla :

    — ///Papa, mon papa, le RER...

    Devant le ton affolé de MIA, l'angoisse s'empara instantanément de Manon. Avec Georges, ils avaient énormément travaillé sur la gestion des émotions pour renforcer le sentiment d'empathie. Mais le désarroi exprimé par MIA était, pour le coup, très inhabituel et complètement déstabilisant. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle ne l'avait jamais entendu manifester un tel émoi.

M.I.AOù les histoires vivent. Découvrez maintenant